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Une comédie à l’américaine

Yasser Moheb, Lundi, 12 octobre 2015

Pour son premier long métrage, Ahwak (je t’aime), le réalisateur Mohamad Sami a opté pour la comédie romantique, avec Tamer Hosni, Ghada Adel et Mahmoud Hémeida. Un travail assez fidèle aux codes en vigueur, mais trop rudimentaire pour dépoussiérer le genre.

Une comédie à l’américaine
Une comédie musicale à la sauce américaine.

D’après son titre, ses pre­mières images et son casting, le film Ahwak (je t’aime) a tous les ingrédients de la comédie roman­tique bien classique à l’américaine, naviguant entre drôlerie et roman­tisme. L’on se trouve agréablement surpris et séduit par cette première rencontre Tamer Hosni et Ghada Adel sur l'écran. Produit par la société Al-Sobki, à l’origine de plu­sieurs films purement commer­ciaux, Ahwak laissait présager une oeuvre dans la même veine. Mais heureusement, on est plus ou moins loin du compte.

Le pitch ? Chérif, un jeune chirur­gien esthétique — interprété par Tamer Hosni — tombe amoureux d’une mère divorcée, orgueilleuse et obstinée, Rana — campée par Ghada Adel — dès leur première rencontre. Pourtant, il lui rendait visite au départ pour demander la main de sa fille en mariage. C’est un peu le jeu du chat et de la souris, entre les deux, jusqu’à ce que Rana finisse par céder et se libérer de la férule de son premier époux (inter­prété par Mahmoud Hémeida).

Petite comédie donc, typique­ment à l’américaine : rien de bien nouveau sauf quelques situations qui prêtent à se divertir. Le scéna­rio, coécrit par Walid Youssef et Mohamad Sami, reste le point faible du film. Le tout est prévisible avec quelques passages qui font néanmoins sourire. La trame manque d’un petit complément d’âme pour rendre l’oeuvre et l’évo­lution du couple davantage émou­vantes. L’erreur principale est, en fait, de vouloir copier le style amé­ricain, avec des personnages par­fois trop caricaturaux. Et Ahwak s’avère comme une énième comé­die à l’eau de rose américaine où le seul argument est son casting exceptionnel.

Pétillant visuellement, le film semble néanmoins prêt à attirer l’attention et à s’adresser aux jeunes coeurs ; l’histoire se déguste avec un certain bonheur.

Un casting sauveteur

Mais pour sauver une comédie romantique de la mièvrerie scéna­ristique, il faut un sens du dialogue, du rythme et des situations dont le pitch de cette fiction s’avère — dans sa majorité — dépourvu. Dès lors, seuls de bons comédiens pourraient sauver le film, ou au moins le rendre « potable ». Tamer Hosni réussit en fait à réaliser son but qu’il n’hésite pas à déclarer : jouer le comédien sans chanter dans le film. Sur ce plan, il a bien marqué son but. Et Ghada Adel, aussi lou­foque que dans ses derniers films, ne s’en sort pas trop mal, malgré une inexpressivité, dont on ne par­vient pas très bien à déterminer si elle est due à une absence d’émo­tion ou au changement du look !

Le jeune comédien Ahmad Malek (interprétant le neveu adolescent du héros) se déclare parmi les grands profits d’un tel film. Car il excelle à jouer son rôle, berçant entre la prestation mesurée et la bouffonne­rie avancée. Intissar, quant à elle, campe un personnage beaucoup plus léger, presque évaporable, mais quand même chaleureux, celui de l’amie de la principale protago­niste. Un second rôle qui lui est devenu presque une marque. Tout avec une Amal Rizq, assez comique dans le rôle de la soeur du chirur­gien esthétique.

Il faut aussi saluer la présence de Mahmoud Hémeida dans un rôle relativement court, celui de l’ex-mari de l’héroïne, même si le per­sonnage est cousu malheureuse­ment de manière très caricaturale.

Côté réalisation, Mohamad Sami signe ici une mise en scène assez correcte, tout comme le travail effec­tué sur l’image par Galal Al-Zaki, les costumes conçus par Abir Al-Ansari et les décors créés par Islam Al-Banna. Les maisons des deux familles, qui sont un élément central de l’histoire, ont été particulièrement soignées, au sein d’un tout, assez agréables à regarder.

Le montage d’Ayman Al-Tounsi a réussi également à garder le rythme des scènes selon le cheminement des événements, alors que la bande musicale signée Adel Haqqi est bien choisie. Composée en partie d’air occidental, elle permet aussi de doubler l’esprit de l’américani­sation caractérisant l’oeuvre.

Bref, Ahwak s’avère un film esti­val assez gai. Une comédie roman­tique légère qui permet de passer un bon moment. Rien de nouveau, rien d’exceptionnel, mais la comédie n’en reste pas moins bien drôle et énergique.

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