Bienvenue à bord ... Veuillez attacher vos ceintures, nous allons planer dans le monde cinématographique favori du réalisateur Tareq Al-Erian : suspense, bandits, pistolets, trafics avec bien sûr des marginaux et de beaux gosses costauds.
On a entendu beaucoup parler de ce nouveau thriller signé Al-Erian ; que c’est « le film de trop », que cela « fait chuter le cinéaste », que son éloignement du cinéma d’action n’a « pas bien marché », etc.
Welad Rizq (les fils de Rizq) est tout d’abord une nouvelle série d’escroqueries de haut niveau, à multiples facettes, qu’il est agréable de suivre comme toujours dans les films du cinéaste. Toutefois, c’est dans un bidonville, tout à fait le contraire des appartements opulents qu’il préférait dans ses précédents films, que le réalisateur a choisi de faire plonger ses personnages.
Il s’agit là d’une famille modeste vivant dans un quartier populaire, la famille Rizq, composée de quatre frères. L’aîné Réda, joué par Ahmad Ezz, devient du jour au lendemain responsable de ses trois frangins à la suite du décès de ses parents. Il n’a trouvé que la malignité comme refuge pour pouvoir vivre, collecter de l’argent et en faire profiter ses trois frères : Rabie, campé par Amr Youssef, Ragab, interprété par Ahmad Daoud, et enfin le frère cadet, Ramadan, joué par Karim Qassem.
Chef de ce gang familial, Réda, encore adolescent, a reçu le serment d’allégeance et d’obéissance de ses petits frères, afin de devenir le planificateur de leurs petits crimes et celui qui a le droit de décider la fin de leurs aventures. Durant l’un de leurs cambriolages, le petit frère, Ramadan, perd son oeil. Un accident assez choquant pour que Réda décide de mettre terme aux activités diaboliques du gang. Ses frères refusent de le suivre sur la bonne voie et décident de continuer, eux seuls, leur malfaisance. Un choix qu’ils payeront assez cher.
C’est donc avec beaucoup de ferveur, que les fils de Rizq reprennent du service sous la houlette de Réda, renonçant involontairement à sa retraite, avec une seule chose en tête : faire tomber le kidnappeur Saqr, joué par Sayed Ragab.
Le spectateur retrouve tout ce qu’il a aimé dans les anciens films d’action de Tareq Al-Erian : poursuites, agressions, victimes, un peu d’humour et de dérision, avec des péripéties de haut vol. Toutefois, on reste presque tout au long du film à la recherche de quelque chose de nouveau sur le plan scénario.
Un scénario plat et sans nouveauté
Tout en renfermant les ingrédients nécessaires pour un bon repas de suspense, l’histoire de Salah Al-Johaïni, qui en est à sa seconde expérience scénaristique, reste néanmoins assez plate et sans nouveauté.
Vide intersidéral du fond, absence de noeuds dramatiques et de continuité, avec quelques hectares d’aventures et de malfaisance parfois sans logique ni vivacité. Une bonne demi-heure de moins n’aurait pas été du luxe. D’ailleurs, l’amaigrissement considérable du casting féminin est témoin de cette absence de nouveauté.
Tareq Al-Erian ne gagne rien certes en mettant son cachet sur ce film, qui n’est qu’une compilation de procédés de ses précédents opus. Mais il n’est pas moins important de souligner les mérites d’un film dynamique et prenant, où le recours au flash-back accentue le côté artistique et les confections caractéristiques du réalisateur, étant donné que le film n’est que presque un long flash-back.
Mis en scène simplement, mais efficacement, avec une esthétique toujours soignée, quoiqu’en étant en dessous des précédentes oeuvres du réalisateur, le film tient ses promesses, et pour peu qu’on se laisse aller, on embarque facilement dans cette nouvelle aventure, avec le sourire de temps en temps aux lèvres.
L’image signée Mazen Al-Motaggawel s’avère bien confectionnée sans beaucoup d’artifices. Le montage d’Ahmad Hamdi vient adéquat à ce genre de film, tout en paraissant trop haletant et disloqué dans certaines scènes. Et la bande musicale de Hicham Nazih vient, malheureusement, en dessous de presque toutes ses précédentes expériences, même si elle excelle à offrir le sentiment du goût occidental, imprégnant bizarrement le décor et le dialecte du bas-fond de la société.
Reste à souligner la chanson du générique final, Tasahil (issues vers le bonheur), qui est chantée par Assala, l’épouse du réalisateur et l’une des co-producteurs du métrage, avec le groupe musical Basata. Se voulant explicative et au goût commentateur sur les événements, la chanson reste intéressante, tout en planant dans la même sphère vide du hors-style général.
On ne peut pas dire que Welad Rizq a raté sa mission, celle de distraire. Mais, élaborée à des fins commerciales et rentables, la formule semble usée. Dénué d’âme, ce thriller-bulle de savon s’avère au final plus répétitif que vif.
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