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Au début ce fut l’image …

May Sélim, Lundi, 11 mai 2015

Dix spectacles en provenance de 8 pays étaient au programme du Festival international d'Alexandrie pour le théâtre contemporain. La Tunisie était le seul pays arabe présent, avec l’Egypte, à cette première édition encore hésitante. Bilan.

Au début ce fut l’image …
Attente.

La première édition du Festival international d’Alexandrie pour le théâtre contemporain, organisé par le Centre des arts de la Bibliothèque d’Alexandrie, vient de prendre fin. Durant toute une semaine, les deux salles de théâtre du centre ont accueilli dix spectacles d’Egypte, de Belgique, de Serbie, de Tunisie, d’Angleterre, de France, de Macédoine et du Portugal.

Sans cérémonie d’ouverture ni de clôture, cette première édition s’est contentée de présenter des performances théâtrales, sans aucune activité en marge du festival. Les spectacles donnés n’étaient pas en compétition, mais visaient simplement à offrir au public alexandrin du théâtre venu des quatre coins du monde. Un début peu ambitieux ?

Le coordinateur du festival, Saïd Qabil, déclare qu’un problème de visas a empêché la participation de la plupart des pays arabes. Du coup, seule la Tunisie était présente. Une pièce iraqienne figurait sur le programme, mais son équipe n’a pas pu venir, faute d’autorisation. Le spectacle fut donc annulé à la dernière minute. Il en est de même pour le spectacle In The Sea (une coproduction de Bahreïn et du Yémen) qui devait donner le coup d’envoi du festival.

Plusieurs spectacles ont tenu à être donnés dans la langue de leurs pays, en tant que reconnaissance identitaire. De quoi, toutefois, constituer une barrière linguistique énorme, en l’absence de traduction simultanée et de sous-titrage.

Le spectacle français Mayday, une dramatisation de plusieurs textes littéraires et politiques, a pris la forme de sketchs séparés. Les comédiens changeaient de peau d’un sketch à l’autre et leur jeu habile a su maintenir l’intérêt du public jusqu’au bout, malgré la longueur de certaines scènes.

La Serbie a présenté Le Rêve des Balkans, mettant en avant l’amour et la séduction, le bien et le mal. Malgré la naïveté du texte, les chansons et la musique traditionnelle ont offert au public de vrais moments de divertissement.

Le spectacle portugais Teatro Twitter a opté plutôt pour un dialogue d’apartés, via une projection cinématographique. Sur scène, l’intervention des comédiens se faisait rare et les dialogues des apartés sur écran servait à diviser les cadres et les séquences sous-titrées en anglais. Celles-ci évoquant des sentiments et des idées épars nous plongeant dans la confusion et la monotonie.

Jeu de projection

L’image et la projection vidéo ont constitué l’atout de la troupe belge de Mokhaled Rasem (metteur en scène d’origine iraqienne qui n’a pas pu assister au spectacle). Pourtant, la compagnie a donné deux spectacles consécutifs : La Révolte du corps et Attente.

Ces créations comportaient un jeu d’images original, bien maîtrisé et touchant. Dans le premier spectacle, les images projetées faisaient miroiter les maisons en ruine d’un pays dévasté par la guerre. De ces toiles de fond émergeaient trois danseurs en blanc. Sur leurs vêtements se reflétait l’ombre des dégâts de la guerre. La disposition et le mouvement des danseurs ont permis de créer une image concrète en 3D, celle des ruines. Mais la danse était par la suite répétitive et machinale, racontant le cercle vicieux de la guerre. Le deuxième spectacle s’est contenté de jongler avec l’image de manière plus simple. Il s’agissait plutôt d’un reportage sur le thème de l’attente. Les images des interlocuteurs étaient dédoublées sur des toiles que les danseurs manipulaient sur scène. De quoi accentuer les détails des visages angoissés.

Le spectacle de la troupe égyptienne Teatro, No Exit, est une adaptation de Huis clos de Jean-Paul Sartre, montée par Omar Al-Moataz Bellah. Ce dernier surprend le public par une scénographie riche et une réflexion imagée grâce à une toile divisée en cadres rectangulaires. Il suggère la présence de trois personnages disparus déjà en enfer. Le metteur en scène avait placé sur scène une cage énorme, avec dedans les trois morts parlant en arabe, en français et en anglais, se comprenant parfaitement entre eux. Puis sont venus les joindre des monstres errants et un gardien de l’enfer. L’aspect spectaculaire était ici exacerbé .

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