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L’Afrique dans toute sa splendeur

Houda El-Hassan, Lundi, 13 avril 2015

L’exposition collective Encre d’Afrique est issue d’une résidence d’artistes subsahariens au Maroc. Histoire de rendre hommage à ce sang commun qui coule dans les veines de tous les panafricanistes du monde.

L’Afrique dans toute sa splendeur
L’Attrape couleurs, de Leslie Amine.

Organisée par la Fondation ONA (Omnium North Africa), une résidence africaine, dont les artistes sont issus de plusieurs nationalités, sillonne le Maroc, et ce, dans le but de célébrer l’année de l’Afrique dans le pays du soleil couchant.

Originaires du Bénin, Mali, Togo, Sénégal et du Maroc, des peintres, dessinateurs, scrapeurs, sculpteurs et photographes pleins de créativité ont donné naissance à un travail artistique digne de ce nom, à en croire la satisfaction des quelques centaines de visiteurs qui se sont, récemment, déplacés de tous bords jusqu’à Tanger pour n’avoir d'yeux que pour leurs tableaux et sculptures qui évoquent l’africanisme.

« Nous sommes venus au Maroc, parce que nous, artistes africains du sud du Sahara, avons décidé, depuis quelques années, de collaborer à tous les travaux artistiques nord-africains qui nous interpellent, c’est-à-dire ceux qui font appel à l’union panafricaine », lance d’emblée Leslie Amine, artiste béninoise, avant de poursuivre : « Il existe des rumeurs, venues de nulle part et fondées sur aucune logique qui prétendent que nous, Subsahariens, sommes exclus du paysage culturel marocain. Ce qui est complètement faux. J’invite les personnes qui répandent des rumeurs pareilles à dire qu’elles ne nous connaissent pas, et c’est leur droit, qu’elles ne fréquentent pas les instituts culturels, et c’est leur affaire, mais qu’elles ne disent pas que nous n’existons pas ».

Vivant à Lyon, Leslie est une mordue de photographie, de dessin et de peinture. En dehors de ces trois activités, elle se déplace un peu partout dans le monde, pour faire connaître son art et son amour pour le panafricanisme.

Son tableau, L’Attrape couleurs, exprime clairement la palette africaine multicolore dont regorge le continent noir. Idem pour sa collection Distractions, riche en couleurs, vies, visages et paysages. Le figuratif, lui, demeure son modus operandi.

Hymne à Mama Africa
A l’instar de Leslie, Fola Lawson, originaire du Togo, est un artiste peintre qui puise son art dans sa culture. Et quelle culture ! « Je suis né dans une famille d’artistes peintres. Nous avons tous la même stratégie. C’est de peindre notre amour pour Mama Africa afin de faire taire les mauvaises langues qui disent que l’Union africaine n’existe que dans les (faux) discours des politiciens. Elle existe sur nos tableaux également et nous en faisons un message pour la paix dans le continent. Personnellement, je n’arrive plus à dissocier mes tableaux de ma vie ordinaire. Je vis pour peindre. Un point c’est tout », avoue-t-il, non sans fierté.

Son tableau Planète bleue en dit long sur son imagination débridée. En effet, lorsque nous pensons aux couleurs de l’Afrique, nous pensons davantage aux degrés d’orange, de vert, de marron, renvoyant à ses mille et un reliefs. Fola, quant à lui, a un grand amour pour la couleur bleue, qui symbolise fièrement la couleur des océans et mers qui réunissent les enfants de Mama Africa.

Effectivement, l’exposition de ce collectif à part entière exprime avec exactitude la créativité africaine dans plusieurs domaines, et ce, en passant en revue plusieurs techniques afin de produire des oeuvres qui s’expriment sans que l’on parle d’elles.

« Il est magnifique de voir tous ces artistes réunis à Tighdouine, au pied de l’Atlas. Il est encore plus resplendissant de voir une Afrique peinte, sculptée, dessinée et photographiée dans toute sa splendeur », témoigne la dessinatrice, théoricienne, plasticienne et sculptrice marocaine Rim Laabi.

L’exposition rend hommage à cette artiste pluridisciplinaire qui a donné vie, en moins d’une décennie, à près de 300 oeuvres d’art, dont des tableaux, des corps sculptés et des dessins symbolisant l’esthétique dans tout son éclat. Ses sculptures représentant dignement le corps de la femme en sont l’exemple. Le marbre et le bronze restent ses matériaux fétiches.

D’après des témoignages récoltés auprès des premiers visiteurs de l’exposition, il est impressionnant de voir que l’art africain contemporain se développe, évolue et se modernise, tout en gardant son timbre séculaire. Plus concrètement, cela signifie que les décors dessinés, peints, photographiés et sculptés (voire gravés) ressemblent à la vie africaine qui devient de plus en plus moderne, mais qui garde ce lien ombilical et incessant avec le cordon de la Mère Africa.

Cet événement voit également la participation de Mohamed Benyaich, Malika Agueznay, Itaf Benjelloun, Mounat Charrat, Farah Chaoui, Noureddine Znati, Youssef Kahfai et Abdelhamid Andrews Benmejdoub du Maroc, Anta Germaine Gaye et Amadou Kan Sy du Sénégal et Habib Ballo du Mali.

Autant dire que la galerie Drissi de Tanger est, tout d’un coup, devenue le théâtre d’un défilé de modes de vie, de couleurs et de décors hors du commun.

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