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Le « zéro Covid », une stratégie à bout de souffle

Howaïda Salah, Mercredi, 13 avril 2022

Largement préconisée et pratiquée au début de la pandémie, la stratégie « zéro Covid », qui vise à éviter toute circulation de la maladie, apparaît désormais anachronique. Pourtant, la Chine y tient toujours.

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Alors que la plupart des pays ont fini par abandonner  cette stratégie après s’y être longtemps astreints, le zéro Covid persiste plus que jamais en Chine qui a imposé un confinement dur ces derniers jours à Shanghai, séparant même les enfants infectés de leurs parents. Si la Chine apparaît désormais comme une exception mondiale, cela n’a pas toujours été le cas. En début de pandémie, au printemps 2020, de nombreux pays ont imposé de stricts confinements, même s’ils n’ont pas été qualifiés à l’époque de « zéro Covid ». Mais la donne a changé. Les vaccins sont arrivés début 2021 et ont considérablement limité le risque de formes graves. Puis le variant Omicron, a priori moins dangereux, a aussi réduit les risques tout en mettant à l’épreuve la stratégie zéro Covid en raison de sa forte contagiosité. Dans ce contexte, « il faut en faire tellement pour réduire la transmission que l’on se retrouve avec une très faible valeur ajoutée sur le plan sanitaire », juge l’immunologue australienne Sharon Lewin.

Mais la persistance chinoise s’explique peut-être par une situation particulière. Contrairement à l’Australie et la Nouvelle-Zélande, initialement à la traîne mais finalement bien vaccinées, la Chine n’a pas assez vacciné sa population. C’est notamment le cas chez les personnes âgées, les plus menacées de mourir du Covid. Seule la moitié des Chinois de plus de 80 ans sont vaccinés. Qui plus est, ce sont les vaccins Sinovac et Sinopharm, pas les plus efficaces, qui sont utilisés. Et, avec une vaccination insuffisante, « on risque de se retrouver avec beaucoup de morts en allégeant les mesures zéro Covid », redoute Andrew Lee, spécialiste en santé publique.

Or, tout est lié. Une population confinée ne peut pas compter sur une immunité post-infectieuse: en empêchant quasiment toute contamination au virus, on n’aura pas laissé celle-ci se développer. Par ailleurs, certaines études montrent que la politique du zéro Covid n’incite pas à se faire vacciner : comment ressentir l’urgence de le faire quand le virus ne circule pas autour de soi, explique l’épidémiologiste britannique Ben Cowling, qui a récemment publié un travail sur le sujet dans The Lancet. En tout état de cause, les derniers pratiquants du zéro Covid risquent aussi de se voir confrontés à une adhésion de plus en plus fragile de leur population, parfois amère et lasse après deux ans de restrictions radicales.

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