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Amgad Al-Haddad : Une fois les composantes disponibles, on commencera la production locale du vaccin

May Atta, Mardi, 06 avril 2021

Comment l’Egypte parviendra-t-elle à couvrir ses besoins en vaccin ? Le Dr Amgad Al-Haddad, chef du service d’allergie et d’immunologie du laboratoire égyptien Vacsera, explore quelques pistes.

Amgad Al-Haddad

Al-Ahram Hebdo : Quels sont les vaccins adminis­trés en Egypte aujourd’hui ?

Amgad Al-Haddad : Actuellement, l’Egypte utilise les vaccins Sinopharm et AstraZeneca. Le ministère de la Santé envisage de commander des doses du vaccin russe Sputnik V, qui vient d’être accrédité par l’Autorité égyptienne des médicaments.

— Les quantités disponibles de vaccins suffisent-elles à assurer une deuxième dose à tous ceux qui ont reçu la première dose ?

— Bien sûr, si l’on a par exemple 200 000 doses disponibles, on n’ira pas au-delà de 100 000 personnes pour être sûr que celles-ci auront leur deuxième dose à temps. Et chaque nouveau lot qui arrive nous permet d’inclure d’autres candidats à la vaccination, toujours dans la mesure de leur assurer à chacun ses deux doses.

— Le ministère de la Santé avait annoncé des négociations avec le gouvernement chinois pour com­mencer à fabriquer du vaccin Sinovac en Egypte. Où en sont ces négociations ?

— Nous attendons une visite de nos partenaires chinois, celle-ci devra avoir lieu dans les semaines à venir. A l’is­sue de cette visite, on décidera la quantité des matières premières dont nous aurons besoin et les possibilités d’importer les matériaux néces­saires. Une fois les matériaux et les composantes disponibles, on com­mencera la production du vaccin.

Amgad Al-Haddad
L’Egypte a entamé dès janvier la vaccination du personnel médical contre le coronavirus avec le vaccin Sinopharm.

— L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a envoyé des experts pour évaluer les capacités de production du laboratoire Vacsera. Quelle a été leur évalua­tion ?

— Les experts de l’OMS jugent que nos lignes de production sont capables de produire des quantités de vaccins suffisantes pour les can­didats éligibles à la vaccination à l’échelle nationale, mais aussi pour en exporter vers d’autres pays afri­cains.

— Cela dit, l’OMS n’a pas encore homologué le vaccin chinois en question ...

— L’évaluation faite par l’OMS de notre capacité de production vacci­nale n’est pas liée à un vaccin spéci­fique. Quant au vaccin chinois, il avait été validé par l’Autorité des médicaments et par le ministère de la Santé à l’issue d’essais cliniques entrepris en coopération avec la Chine et qui ont prouvé sa sûreté.

— Y a-t-il des négociations en cours pour la production locale de vaccins autres que Sinovac ?

— Non, nous compterons princi­palement sur le vaccin chinois dans la période à venir, car comme je l’ai déjà mentionné, notre coopération avec la Chine a commencé depuis la phase des essais cliniques.

— Le secteur privé égyptien sera-t-il impliqué dans la produc­tion locale du vaccin ?

— Il n’en a pas été question jusqu’ici. Dans cette situation pandé­mique, la production du vaccin relève du ministère de la Santé et des agences gouvernementales compétentes. Mais si une vaccination saisonnière s’avère nécessaire, le secteur privé pourrait alors être mis à contribution.

— Combien de doses devraient-elles être disponibles pour briser la chaîne de contamination du corona­virus en Egypte ? Le laboratoire Vacsera a-t-il la capacité de répondre à la demande locale ?

— D’après les recherches scienti­fiques, 70 % des personnes de plus de 18 ans devraient être vaccinées pour atteindre l’immunité collective. A ce jour, l’Egypte dispose d’environ un million de doses. Mais pour atteindre ce seuil, nous avons besoin d’une cen­taine de millions de doses. Vacsera a le potentiel de produire cette quantité avant la fin de l’année 2021 si les matières premières nécessaires nous sont fournies dans un délai raison­nable.

— La vaccination sera-t-elle gra­tuite ?

— Aucune décision n’a encore été prise à cet égard. A ce jour, les catégo­ries qui ont droit à une vaccination gratuite se limitent aux médecins, aux personnes âgées et à celles souffrant de maladies chroniques.

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