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Amgad El Hadad : La vaccination ne signifie pas la fin du port du masque

Nada Al-Hagrassy, Mardi, 26 janvier 2021

L’Egypte a entamé dimanche sa campagne de vaccination, en commençant par le personnel médical. Amgad El Hadad, directeur du Centre d’allergie et d’immunologie à l’institut de vaccination Vacsera, revient à cette occasion sur la stratégie vaccinale et les differences entre la première et la seconde vagues en Egypte.

Amgad El Hadad

Al-Ahram Hebdo : L’Egypte s’apprête à lancer sa champagne de vaccination contre le Covid-19. Quels sont les vaccins autorisés ? Et qui en sont les premiers bénéficiaires ?

Amgad El Hadad : Afin d’assurer une quantité de vaccins anti-Covid suffisante pour la population, la stratégie de vaccination de l’Egypte se repose sur l’usage de deux vaccins : le chinois Sinopharm et l’Anglais AstraZeneca d’Oxford. L’Egypte devra importer 40 millions de doses du vaccin Sinopharm, 20 millions de celui d’Oxford et enfin 40 millions de doses du vaccin Gaphi. Ces doses suffisent la moitié de la population, soit presque 50 millions d’individus. L’arrivée des vaccins est sans doute une lueur d’espoir dans la lutte contre la pandémie du coronavirus. Pourtant, la vaccination ne signifie pas la fin du port du masque. Le respect de la distanciation sociale et le port du masque sont la meilleure arme pour contrôler la propagation du coronavirus à l’heure actuelle. Par ailleurs, la campagne de vaccination mise en place par le gouvernement devrait donner la priorité au personnel de santé, particulièrement à ceux s’occupant de malades du Covid-19, ainsi que les cas critiques et chroniques, les cas infectés et les personnes âgées.

— Quelles différences existent entre ces deux vaccins ?

— Les deux vaccins, celui développé par AstraZeneca et celui de Sinopharm, ont démontré une grande efficacité. Ils sont fabriqués selon deux procédés différents mais présentent le même avantage au niveau du stockage. La technique de Sinopharm est utilisée partout dans le monde. Il s’agit en fait d’injecter des virus non actifs, ce qui stimule le système immunitaire de la personne pour lutter contre le coronavirus. Quant à la méthode de fabrication du vaccin AstraZeneca, elle est basée sur une autre technologie, « le vecteur viral ». On prend un virus qui est inactivé et on change son code génétique pour insérer le code génétique qui va permettre de produire la protéine du coronavirus. En produisant cette protéine, le patient va pouvoir développer une réponse immunitaire contre la protéine caractéristique du coronavirus. Les deux vaccins n’ont pas enregistré des effets secondaires. Ils sont des plus sûrs à utiliser, à stocker et ils sont même les moins chers.

L’Egypte est le premier pays en Afrique à recevoir le vaccin chinois Sinopharm et le deuxième au niveau du monde arabe. Pourquoi l’Egypte préfère-telle le vaccin chinois ?

— L’Egypte penche vers l’usage du vaccin de Sinopharm pour plusieurs raisons. Premièrement, elle a participé aux essais cliniques de ce vaccin à travers la participation de 3 000 volontaires dans une initiative mondiale nommée « Pour l’Humanité ». Cette expérience a eu lieu en collaboration avec le gouvernement chinois et la société émiratie G42. Les essais cliniques ont enregistré un taux de succès de 86 %. Et aucun des participants aux essais cliniques n’a manifesté des effets secondaires. Sauf quelques effets qui résultent de n’importe quel vaccin ou d’un simple médicament, tels le mal de tête, la fatigue et les vomissements. Vu qu’il est composé des cellules mortes du virus, le vaccin chinois n’exige pas de technologie de refroidissement avancée pour le préserver, contrairement au vaccin Pfizer qui doit être stocké dans une température inférieure à -70°.

— Comment voyez-vous la fluctuation du nombre de contaminations ?

— Cette fluctuation s’explique en fait par la conduite des citoyens, s’ils respectent ou pas les mesures préventives. Ce qui a poussé l’Etat à fermer les écoles et imposer des amendes immédiates pour le non-port du masque. Ces deux décisions ont pu réduire une propagation galopante de la pandémie.

— Quelles sont les différences entre la première et la seconde vagues ?

Les symptômes de la deuxième vague sont les mêmes que ceux de la première, mais il devient plus susceptible cette fois-ci que le virus affecte en même temps un grand nombre dans une même famille. Cela est dû principalement au fait que les gens confondent facilement les symptômes de la grippe ordinaire et ceux du coronavirus. Ainsi, la plupart des gens se soignent à la maison en croyant que c’est une simple grippe. Et ce n’est souvent pas le cas. Ainsi, ils n’appliquent pas rigoureusement les mesures d’isolement à domicile. Ils sont en contact direct avec leurs proches et amis. D’où un risque de contamination élevé. Il faut aussi tenir en compte que Le Caire enregistre le taux le plus élevé de contaminations à cause de l’entassement des gens dans les moyens de transport public. Tout cela aide à la propagation rapide du Covid-19, contrairement aux zones rurales où il y a beaucoup d’espaces verts et où l’air est pur.

— Les contaminations augmentent aussi chez les enfants. Qu’en pensez-vous ?

— Là aussi, il y a confusion entre la grippe et le Covid-19. Mais la fermeture des écoles va sans doute limiter la propagation du virus. De même, les enfants doivent à leur tour porter un masque ou un Face Shield (visière de protection) s’ils ne supportent pas les masques ordinaires.

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