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Coronavirus : Deux nouveaux médicaments « made in Egypte »

May Atta, Mercredi, 01 juillet 2020

Deux firmes pharmaceutiques égyptiennes ont entamé la production locale de médicaments contre le coronavirus, de quoi enrichir les protocoles de traitement adoptés dans les hôpitaux et permettre des approches thérapeutiques plus adaptées.

Coronavirus : Deux nouveaux médicaments « made in Egypte »

Le ministère de la Santé a commencé à intégrer de nouveaux médicaments dans les protocoles de traitement des malades atteints du coronavirus. Certains hôpitaux de quarantaine ont reçu, vendredi, des doses de Remdesivir, un médicament initialement développé pour traiter l’Ebola, qui semble raccourcir la période de récupération des patients. Le président du comité scientifique de lutte contre le coronavirus, Dr Hossam Hosni, a affirmé que le Remdesivir faisait désormais partie du nouveau protocole de traitement adopté par le ministère de la Santé, ajoutant que ce médicament, indiqué pour les cas sévères de Covid-19, est administré par perfusion intraveineuse, et ne sera disponible que dans les hôpitaux. « Nous avons fait don de 1 100 flacons du médicament aux hôpitaux du ministère de la Santé pour participer aux efforts de lutte contre la pandémie en Egypte », affirme Amgad Talaat, directeur général du laboratoire égyptien Eva Pharma, qui produit le Remdesivir.

Dans un entretien accordé à l’Hebdo, Dr Talaat a affirmé que son laboratoire avait importé la substance active et les matières premières nécessaires à la fabrication du médicament en quantités suffisantes pour la production de 10 000 à 15 000 doses par jour. « Eva Pharma essaye de fabriquer localement la substance active du médicament pour décupler la production », ajoute-t-il. « Le prix d’un flacon a été fixé à 2 000 livres, et le patient aura besoin en moyenne d’une cure de 6 à 10 flacons », explique encore Dr Talaat.

Le médicament expérimental a récemment été autorisé pour le traitement de certains patients hospitalisés dans un nombre de pays, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon. « Pour le Remdesivir, qui agit contre la réplication du virus à l’intérieur de l’organisme humain, il existe un groupe de symptômes sur la base desquels ce médicament est administré, notamment aux patients en soins intensifs ou nécessitant un respirateur artificiel », explique Amgad Talaat. « Selon le cas, d’autres médicaments sont utilisés en complément, comme les antipyrétiques dans les cas de fièvre persistante, les anticoagulants pour les patients qui développent une embolie pulmonaire ou les antibiotiques, etc. », poursuit le médecin tout en soulignant que les informations préliminaires montrent que le Remdesivir a pu réduire la période d’hospitalisation des patients de 15 à 11 jours.

Le laboratoire Eva Pharma a déclaré avoir également reçu l’autorisation pour produire un autre médicament indiqué pour les cas légers et modérés, le Favipiravir. Un antiviral mis au point au Japon en 2014 et qui a prouvé une certaine efficacité dans le traitement du coronavirus, dans le cadre des essais cliniques effectués notamment en Russie.

La société coordonne avec les autorités égyptiennes compétentes pour rendre le médicament disponible. « Le Favipiravir devrait être intégré aux protocoles de traitement approuvés par le ministère de la Santé d’ici deux semaines », a déclaré Dr Talaat, précisant que ce médicament, dont le prix n’a pas encore été fixé, serait disponible en comprimés et pourrait être utilisé à domicile sous surveillance médicale.

Un autre laboratoire égyptien, Rameda Pharmaceutical, a également déclaré ce mois-ci avoir commencé la production du Favipiravir sous la marque Anviziram et avait à son tour reçu l’autorisation de fabriquer du Remdesivir.

Le ministère de la Santé dispose ainsi de protocoles de traitement mieux adaptés après une phase où il comptait notamment sur l’hydroxychloroquine, un médicament très controversé.

Le docteur Mohieddine Suleiman, de l’hôpital de quarantaine à Abbassiya, dit qu’il préfère les antiviraux, tels le Remdesivir et le Favipiravir à l’hydroxychloroquine. « Mais nous ne serons pas sûrs de l’efficacité de ces médicaments avant de les avoir utilisés assez longtemps pour observer leurs résultats », s’empresse-t-il d’ajouter.

En effet, les spécialistes continuent d’insister qu’à ce jour, il n’existe pas de traitement spécifique pour le virus Covid-19. « Les scientifiques ne savent pas encore pourquoi le virus a des conséquences dévastatrices chez certains patients alors qu’il ne provoque que des symptômes légers chez d’autres, et ce, indépendamment de l’âge ou des comorbidités », souligne Dr Maha Fathi, professeure de microbiologie et d’immunologie à la faculté de médecine de l’Université de Aïn-Chams. « Il devient donc important d’adopter un traitement ciblé adapté à chaque cas, en particulier pour les personnes à faible immunité, dont la santé peut se détériorer considérablement », ajoute-t-elle.

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