
Le président égyptien, Abdel-Fattah Al-Sissi, lors de l'inauguration du projet.
« La nouvelle capitale utilisera les technologies durables d’aujourd’hui et sera adaptable aux technologies futures tout en favorisant un mode de vie sain. L’infrastructure de la nouvelle ville sera en mesure de fabriquer, de réutiliser et de conserver l’eau, ce qui la rendra responsable et résiliente au changement », note le site du projet thecapitalcairo.com. Et d’ajouter que la ville est conçue pour être bien connectée localement, régionalement et internationalement. « L’accent sera mis sur la promotion de choix favorables aux piétons dans toute la ville », peut-on aussi lire.
Le gouvernement compte déplacer plus de 6 millions de personnes dans la nouvelle capitale afin de réduire la circulation dans Le Caire où vivent actuellement 18 millions d’habitants. « Il s’agit d’une nouvelle ville moderne, respectueuse de l’environnement, futuriste et adaptée aux nouvelles exigences écologiques, économiques et sociales », révèle à l’Hebdo Ahmad Zaki Abdine, PDG du projet.
La nouvelle capitale, dont le nom n’a pas encore été choisi, sera construite sur un périmètre de 700 km2, soit 175 000 feddans. Elle se situe à 50 km du Caire et à 60 km des villes de Suez et de Aïn-Sokhna. Elle comptera des quartiers administratifs et diplomatiques, des palais parlementaire et présidentiel, ainsi que 21 quartiers résidentiels, des hôtels gratte-ciel et plusieurs universités internationales. Elle sera aussi dotée d’un aéroport international, du plus grand parc du monde et d’un gratte-ciel de 345 mètres, qui sera le plus haut en Afrique. Un chemin de fer, long de 68 km, desservira la future capitale administrative en la reliant à la ville d’Al-Salam, dans la banlieue du Caire. Il est prévu que certains bâtiments seront dotés de panneaux solaires ; cependant, l’énergie solaire ne sera pas la principale source d’énergie à cause de son coût élevé. Les premiers habitants devraient arriver dans la nouvelle capitale administrative à la mi-2018.
L’historique du projet
C’est en juillet 2014 que le projet de nouvelle capitale administrative a été évoqué pour la première fois par l’ancien premier ministre, Ibrahim Mahlab. Le projet a été présenté avec plus de détails lors de la conférence économique qui s’est déroulée à Charm Al-Cheikh du 13 au 15 mars 2015. Lors d’une cérémonie qui a eu lieu le 11 octobre dernier, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a officiellement donné le coup d’envoi de la première phase de réalisation de la nouvelle capitale. Initialement, le gouvernement avait prévu de développer le projet en coopération avec l’homme d’affaires émirati Mohamad Al-Abbar. Un mémorandum d’entente a été signé par les deux partenaires présumés, mais n’a pas évolué en accord final à cause des différends sur les termes de ce partenariat. Le gouvernement réclamait que l’investisseur émirati fournisse un financement de l’étranger comme le stipule le mémorandum d’entente.
L’objectif était de promouvoir l’investissement étranger sans alourdir le secteur bancaire égyptien qui souffre d’un manque de liquidité en devises étrangères par le financement du projet. Or, cet investisseur a demandé qu’une partie du financement nécessaire pour la première phase de la nouvelle capitale, qui s’élève à 45 milliards dollars, soit fourni par les banques égyptiennes. Cependant, fin juillet, la ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, Sahar Nasr, a rencontré l’homme d’affaires émirati et les deux ont entamé des négociations autour de la construction d’un projet résidentiel dans la nouvelle capitale.
Les sources de financement
Le gouvernement a décidé ensuite de former une société actionnaire qui soit un partenariat entre les forces armées et l’Autorité des communautés urbaines. Le capital payé de la capitale administrative est de 20 milliards de L.E., son capital autorisé est de 204 milliards de L.E. La participation des forces armées égyptiennes s’élève à 51 % et celle de l’Autorité des communautés urbaines est de 49 %.
Après avoir abandonné un accord similaire en début d’année, la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) a signé en octobre un contrat de 3 milliards de dollars pour construire le quartier central des affaires de la nouvelle capitale administrative. Ce quartier des affaires sera construit sur une superficie de 14 000 feddans. Il comprendra 12 complexes d’affaires, cinq immeubles résidentiels, deux hôtels et le gratte-ciel de 345 mètres de haut en plus d’usines non polluantes. L’accord a été signé par le vice-président de la CSCEC, Zheng Xuexuan, et le ministre égyptien du Logement, Moustapha Madbouli, lors de la cérémonie de lancement officiel de la nouvelle capitale égyptienne. Le district d’affaires parrainé par la Chine devrait être achevé dans les trois ans et demi à venir. L’administration du projet, qui bénéficie d’une autonomie totale vis-à-vis des administrations publiques, a déjà proposé 1 600 feddans aux investisseurs égyptiens et étrangers. Le projet a également reçu l’offre d’une entreprise coréenne pour la gestion des déchets de la ville et la collecte des ordures au recyclage.
Ce qui a été réalisé
L’exécution du quartier gouvernemental ainsi que du quartier résidentiel a déjà commencé. Le ministre du Logement a indiqué, dans un communiqué de presse, que la construction de logements pour les employés du gouvernement avait déjà commencé dans le projet afin qu’ils puissent emménager dans la nouvelle capitale une fois que tous les ministères y seront réinstallés. L’Autorité des communautés urbaines a déjà mis sur la table plus que 6 milliards de L.E. durant l’année financière en cours pour la construction des logements et des utilités dans la capitale. Les entreprises de construction devront, à la mi-2018, finaliser la construction des utilités de 3 130 feddans de la première phase du projet. Le cabinet des ministres a donné l’ordre à quatre entreprises de construction de développer les utilités sur les 40 000 feddans, qui constituent la toute première phase. Le gouvernement a en fait accru la surface consacrée à la première phase, de 10 000 feddans initialement à 40 000 feddans.
Un nouvel hôtel chic construit par l’Autorité des ingénieurs des forces armées a été inauguré le 6 octobre lors du 44e anniversaire de la victoire de 1973. L’hôtel nommé Massa Capital est le premier à être construit dans la nouvelle capitale administrative. La cité sera dotée d’un fleuve artificiel, nommé le fleuve vert, de 35 km de longueur. Il s’agit du plus long axe vert du monde selon le ministre du Logement, des Utilités et des Communautés urbaines, Moustapha Madbouli. Tous les quartiers de la ville seront liés à ce fleuve, dont la première phase de 14 km a déjà été finalisée .
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