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DERNIER MOT : Un nouveau jour

Wednesday 6 juil. 2022

Le dimanche 30 juin 2013, j’étais au volant de ma voiture en compagnie de mon épouse pour nous rendre à la place Tahrir qui témoignait d’un flux interminable de personnes, venues revendiquer la chute du régime des Frères musulmans. Mais nous avons trouvé la corniche de Maadi, où nous résidons, encombrée des milliers qui sont sortis dès les premières heures du jour en provenance des quartiers du sud du Caire pour se diriger au nord, à la place Tahrir. Nous avons alors fait marche arrière et nous sommes revenus à la maison pour prendre le métro, qui était lui aussi bien encombré, mais qui nous a permis d’arriver en 25 minutes. Nous sommes sortis de la station de métro et nous nous imaginions que nous pourrions nous balader sur la grande place comme nous le faisions en janvier 2011. Nous avions cru que nous pourrions être témoins des manifestations de révolution contre le régime des frères qui a été rejeté par les foules juste dans l’espace d’un an. Mais malheureusement, nous sommes restés cloués à la sortie de la station sans pouvoir bouger d’un pouce. Comme si nous étions dans un autobus entassé et que nous étions incapables de descendre une fois que nous avions accédé à notre destination. Nous nous sommes mis à observer cette foule dense qui rend l’individu, qu’il veuille ou non, soumis à ses vagues qui le remettent çà et là. Je ne me rappelle pas combien de temps est passé avant de voir le flot de manifestants qui se dirigeaient vers la rue Talaat Harb, scandant « A bas le régime des Frères musulmans », « Espèces de frères, la révolution continue ». Mais le slogan qui reprenait avec force était celui qui s’était lancé la première fois de la place Tahrir : « Le peuple veut renverser le régime ». Les foules nous ont entraînés dans la rue, et avant d’atteindre la place de Talaat Harb, nous nous sommes retrouvés devant café Riche. Mon épouse était fatiguée et nous nous sommes détachés avec difficulté de la foule et sommes rentrés au café pour trouver celui qui nous fit signe de la main. Ce fut feu Dr Gaber Asfour, qui était entouré d’un nombre d’amis écrivains et intellectuels. Lorsque nous étions arrivés à la table, un poète a cédé sa place à mon épouse. Et au Dr Gaber Asfour de me demander, alors qu’un large sourire étirait ses lèvres : « Qu’en penses-tu ? ». Je répondis: « C’est la fin… Demain ce serait un nouveau jour dans l’histoire de l’Egypte ».

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