J’ai récemment écrit un article sur la dégradation qui s’est emparée de la Société du son et lumière. Et j’ai dit qu’il s’agissait d’un exemple de détérioration qui frappe nos institutions et d’un modèle de mentalité bureaucratique des responsables, alors que le pays traverse des moments difficiles. Ces institutions sont vétustes, incapables de créer et d’adopter de nouvelles politiques susceptibles de les faire renaître de leurs cendres.
J’avais dit que la Société du son et lumière faisait partie des meilleures sociétés ayant été fondées par le vétéran des ministres de la Culture, Tharwat Okacha, et dont les travaux se sont étendus des pyramides de Guiza aux temples de Karnak, de Philae, d’Abou-Simbel, et de Horus à Edfu. Cette compagnie a supervisé également l’éclairage de la rue Al-Moez après sa restauration. Mais cette compagnie est devenue aujourd’hui incapable de trouver des solutions pour sortir de sa stagnation financière après le recul du tourisme, à tel point qu’elle mendie les salaires des fonctionnaires.
En réaction à cet article, j’ai reçu un nombre de plaintes. L’ingénieur Ahmad Al-Charqawi m’a raconté qu’à Assouan, il est allé avec ses deux amis pour assister à un son et lumière, mais a été étonné de son annulation faute de public. Le responsable leur a expliqué que le spectacle ne peut pas avoir lieu pour trois personnes seulement et que le quota minimum est de dix. Ils ont alors décidé d’acheter dix billets. Le responsable a persisté dans son refus : le spectacle est en anglais. Ils doivent payer un tarif pour étrangers, soit 100 L.E. au lieu de 20. Il a ajouté que s’ils voulaient le spectacle en langue arabe ils n’avaient qu’à attendre quelques heures. Ils ont dit au responsable : aucun étranger n’est là pour assister au spectacle. Autant projeter le spectacle en arabe au lieu de l’annuler carrément. Il leur a rétorqué que les horaires des spectacles en anglais sont connus au niveau international et ne peuvent en aucun cas être changés. Ils ont répondu : « Mais personne n’est là. Pourquoi donc s’engager à diffuser un tel spectacle puisque le public ciblé n’est pas présent ? Et pourquoi doit-on payer le tarif des étrangers ? ».
L’un des plaignants m’a dit qu’au cours de ces discussions stériles sur la mentalité bureaucratique qui contrôle le site de projection de ce spectacle, une famille égyptienne est venue assister au spectacle. Ainsi, Ahmad Al-Charqawi a compris que le nombre de personnes présentes pouvait atteindre le quota nécessaire et au tarif égyptien. Mais il n’a pas voulu rentrer dans une polémique avec les mentalités de bureaucrates de ceux qui ne veulent pas faire d’efforts. C’est cet esprit qui, malheureusement, s’empare avec force de nos institutions et entrave notre progrès vers les horizons pour lesquels s’est déclenchée la révolution. Ils ont alors quitté ces lieux obscurs. Est-ce cette mentalité qui bâtira la nouvelle Egypte ?.
Lien court: