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Les défis du roi Salman

Al-Ahram Hebdo, Lundi, 26 janvier 2015

La mort du roi Abdallah d’Arabie saoudite intervient à un moment déli­cat pour le royaume wahhabite. Son successeur Salman devra, en effet, gérer plusieurs dossiers d’une grande importance, tant sur le plan interne qu’externe. Sur le plan interne tout d’abord, il y a la chute des cours du pétrole. Ceux-ci sont descendus sous la barre des 50 dollars frappant dure­ment le gouvernement saoudien, qui dépend presque exclusivement des revenus pétroliers. Ainsi et pour la première fois depuis des années, l’Ara­bie saoudite s’attend à un déficit de l’ordre de 39 milliards de dollars dans son budget 2015.

Le principal défi pour le roi Salman sera de maintenir le sys­tème social extrêmement avantageux du royaume, qui offre à ses citoyens de multiples avantages, dont une éduca­tion et des soins gratuits, et par la même, préserver la cohésion sociale du royaume. L’autre dossier interne que le roi Salman devra gérer est le processus de réforme engagé par son prédécesseur. Le roi Abdallah avait, en effet, procédé à une légère ouverture, notamment en faveur des femmes, en leur accordant notamment le droit de voter et de siéger aux élections muni­cipales dans le cadre des principes de l’islam, même si cette décision a été critiquée par les religieux ultra-conser­vateurs du royaume. Abdallah s’était notamment élevé contre la marginali­sation des femmes et avait prôné une modernisation équilibrée de la société saoudienne. Le principal défi pour le nouveau roi sera de trouver un équi­libre entre les besoins de modernité du royaume et ses racines culturelles.

Sur le plan externe, il s’agira pour le nouveau roi de gérer une situation régionale extrêmement tendue. Au Yémen, tout d’abord, au sud du royaume, l’effondrement du gouverne­ment en place et l’avènement des rebelles Houthis qui tentent de prendre le pouvoir alimentent l’inquié­tude de Riyad, qui craint une déstabili­sation de ses frontières sud. Riyad craint, en effet, l’avènement d’un Etat chiite à ses frontières sud, d’autant plus que le Yémen abrite les éléments les plus dangereux d’Al-Qaëda dans la région.

Au nord, c’est le spectre de l’Etat islamique, mais aussi de l’Iran, qui inquiètent l’Arabie saoudite. Riyad voit d’un mauvais oeil l’influence iranienne dans la région du Golfe. Le soutien politique et financier de Téhéran aux rebelles chiites au Yémen et dans la région du Golfe n’est un secret pour personne. Riyad et Téhéran sont en conflit sur la Syrie. Tandis que le régime iranien soutient Bachar Al-Assad, l’Ara­bie saoudite a donné son appui aux rebelles, même si récemment il y a eu des signes de désescalade, afin de faire face à la menace de l’Etat islamique. Le chef de l’EI, Abou-Bakr Al-Baghdadi, se présente en effet comme le leader spirituel des musulmans dans le monde, ce qui représente un défi au royaume saoudien qui se considère comme responsable des musulmans et le protecteur des lieux saints.

Enfin, le nouveau roi devra gérer des relations pas toujours au beau fixe avec son allié américain. En effet, Riyad voit d’un mauvais oeil la détente dans les relations entre Washington et Téhéran et accuse les Américains de laxisme sur ce dossier.

Autant dire que les défis auxquels fait face le royaume saoudien sont énormes.

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