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Alger-Le Caire : une alliance pragmatique

Monday 5 nov. 2012

Deux grands événements ont marqué les relations égypto-algériennes ces derniers jours : la présence égyptienne au Salon international du livre d’Alger et la visite du premier ministre, Hicham Qandil, à Alger.
Le Salon international du livre d’Alger était marqué dans sa dernière édition par un retour des éditeurs et des intellectuels égyptiens après une période de quasi-boycottage qui, heureusement, n’a pas duré longtemps, suite à un match de football qui avait opposé les équipes nationales des deux pays, et dont on sait aujourd’hui que le régime de Moubarak avait jeté de l’huile sur le feu, dans le but du scénario de la succession au pouvoir de son fils, qu’heureusement, la révolution de janvier 2011 est venue balayer.
Placé sous le signe de la liberté, ce Salon a pris à contre-courant la politique officielle du pays qui consiste à fermer les yeux sur la vague du Printemps arabe, en organisant une multitude de tables rondes et de conférences, dont le thème principal était le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, mais qui n’a à aucun moment interdit les discussions sur le vent des libertés qui souffle sur le monde arabe ou sur l’avenir politique de l’Algérie au bout de 50 ans d’indépendance nationale.
Plus intéressant encore, les rencontres officieuses où les écrivains algériens montraient bien leur soif de liberté, mais le refus de toute liberté qui pourrait mener le pays à un régime fasciste ou théologique, et encore moins à un soi-disant appel à se révolter sous la protection des chars de l’Otan.
L’écrivain Rachid Boudjedra, célèbre spéléologue de l’âme algérienne, a brillé dans ses interventions et ses analyses de la situation en Algérie. L’auteur de La Vie à l’endroit reste optimiste tant que l’on n’a touché ni à la liberté d’expression, ni à l’instauration d’une justice sociale qui constitue pour lui le point de départ pour sauver le pays de tout soubresaut, dont les conséquences pourraient être incalculables.
Quant à la visite du premier ministre à Alger, on peut dire que, malgré le caractère purement économique de sa visite (signature de contrat de gaz algérien, augmentation des investissements égyptiens ), elle revêt une importance politique sans précédent, car les autorités des deux pays ont voulu faire passer le message qui consiste à ce qu’une page nouvelle s’ouvre dans les relations entre les deux pays et à ce qu’une volonté politique soit beaucoup plus franche aujourd’hui pour aller vers une alliance ou un pacte entre les deux pays, dans le but de changer la donne économique dans la région d’un côté, et de peser efficacement sur la politique aussi bien dans le Machreq que dans le Maghreb, de l’autre. Sur le dossier syrien par exemple, s’il y a quelques divergences, les deux pays s’accordent sur l’importance d’éviter toute intervention étrangère dans le pays.
Dans les années 1960, l’écrivain et journaliste Paul Balta avait prôné un axe Paris-Alger-Le Caire. L’indépendance de l’Algérie est acquise, mais les relations de partenariat avec le monde arabe sont aujourd’hui orphelines de l’éphémère Union pour la Méditerranée. L’axe Alger-Le Caire redémarre avec un souffle nouveau et attend une certaine lumière qui viendrait un jour du côté de Paris … .
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