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Edito : Une décision peu réfléchie

Mardi, 30 octobre 2012

La décision du gouvernement de fixer à 22h la fermeture des magasins suscite depuis quelques semaines un tollé parmi les commerçants. La décision devrait entrer en vigueur d’ici quelques jours. L’objectif est clair : rationaliser la consommation d’électricité et faire des économies sur les dépenses d’énergie. L’idée n’est pas nouvelle. Déjà dans les années 1970, sous Sadate, la décision de fermer les magasins et les cafés à 20h, sauf les jeudis et les vendredis où ils pouvaient travailler jusqu’à minuit, avait été appliquée. Mais ce système n’a pas duré longtemps, et les magasins ont repris leurs activités jusqu’aux heures habituelles. L’idée réapparaît en 2010, mais est suspendue pendant la révolution.

Bonne ou mauvaise ? Le gouvernement avance des points positifs. D’abord des économies d’énergie, et donc d’argent. Selon une étude de l’Organisme général du pétrole, la fermeture des commerces à 21h, si elle venait à être appliquée, permettrait à l’Etat de faire 17 % d’économies sur l’énergie. Il y a ensuite d’autres arguments. La fermeture des magasins à 22h permettrait d’améliorer la sécurité dans les rues, et donnerait aux services de propreté l’opportunité de mieux faire leur travail. Mais il faut voir l’autre face de la monnaie. Obliger les propriétaires des magasins à fermer à 22h va les amener à réduire le nombre d’employés, surtout que beaucoup d’entre eux ont des charges importantes. Ils ne parviennent plus à couvrir les dépenses mensuelles de leurs commerces comme les salaires des ouvriers, les factures d’électricité et les impôts, surtout que l’activité commerciale connaît une certaine stagnation. Dans de telles conditions, le résultat sera une hausse inévitable du chômage. La décision pourrait également avoir des répercussions sur le tourisme, car les restaurants, les cafés, les théâtres, les centres commerciaux et les salles de cinéma fermeront, eux aussi, plus tôt qu’habituellement.

Mais au-delà du débat sur la rentabilité de cette initiative, c’est surtout la manière hâtive de l’adopter qui est sujette à des critiques. L’initiative ne semble pas avoir été suffisamment étudiée. Elle aurait due, avant d’être adoptée, faire l’objet d’un débat de société. Cette manière de faire n’est pas sans rappeler les méthodes peu démocratiques de l’ancien régime. Le gouvernement de Hicham Qandil, confronté au problème du déficit budgétaire et de la dette publique, veut des solutions rapides. L’initiative de fermer les magasins à 22h va permettre d’économiser 5 milliards de L.E. sur l’année qui vient, une bonne bouffée d’oxygène. Cependant, toute décision hâtive et peu réfléchie pourrait avoir des conséquences néfastes. Et ce que le gouvernement pourrait gagner d’un côté, il pourrait le perdre de l’autre. Toute mesure impopulaire pourrait se répercuter de manière négative sur les prochaines élections législatives, prévues à la fin de l’année. Ce que le gouvernement ne peut pas non plus risquer. Dans une tentative de trouver un compromis, celui-ci a laissé entendre qu’il était disposé à assouplir sa position proposant une fermeture des magasins à 23h au lieu de 22h.

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