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Lettre au futur président

Lundi, 28 avril 2014

Alors que l’Egypte se trouve à la croisée des chemins et que les Egyptiens se préparent à élire un nouveau président, nos institutions sont quasiment paralysées et en état d’attente. Nous attendons de récolter les fruits de la révolution, de voir la lumière de la liberté et bien évidement l’égalité. Après soixante ans d’hésitation entre le socialisme de Nasser, le capitalisme de Sadate, le pouvoir personnel de Moubarak et la chute des Frères musulmans, le peuple égyptien cherche encore un régime en phase avec son histoire, sa civilisation et son identité. Il cherche un régime qui pourra répondre à ses besoins vitaux.

Tous les dossiers sont ouverts et attendent le futur président ! La sécurité nationale, l’économie, l’enseignement secondaire et universitaire, le système administratif, judiciaire, de santé, politique, etc. Tous ces secteurs sont malades et devront être la priorité du nouveau président.

La sécurité nationale est menacée de l’intérieur comme de l’extérieur. Le peuple attend une nouvelle politique sécuritaire. En même temps, les institutions responsables de la sécurité nationale devront protéger à la fois le pays et les droits de l’homme.

Le dossier économique est aussi important que celui de la sécurité nationale. La corruption dans son sens le plus large reste le défi de l’évolution économique d’un pays comme l’Egypte qui possède des ressources humaines et naturelles importantes mais mal utilisées.

Le système scolaire et universitaire est également en crise. L’absence d’équilibre entre le nombre d’écoles et d’élèves est notable. Les programmes universitaires restent insuffisants malgré les efforts déployés par les professeurs qui tentent de faire de leur mieux. Le budget de la recherche scientifique est trop faible par rapport au nombre des universités et des chercheurs égyptiens.

Dans toutes les institutions, le système existant a besoin d’être revu. Les compétences des fonctionnaires doivent être réexaminées. Les critères de recrutement aux postes importants doivent être clarifiés pour éviter de nommer des personnes non qualifiées. Ces mauvaises pratiques conduisent à une hémorragie économique, donc au chômage.

Quant au système judiciaire égyptien, il faut reconnaître qu’il jouit d’une grande notoriété : il est très ancien et repose sur des bases solides. Beaucoup de juristes égyptiens ont une très bonne réputation dans le monde entier. Mais ces dernières années, les critères du choix des juges ne sont plus satisfaisants en raison des pratiques de favoritisme et de piston mises en place à l’ère Moubarak.

Enfin, le système de santé est très mal géré. Or, l’évolution de notre système de santé s’avère l’un des enjeux les plus déterminants pour l’avenir du pays. Le budget des hôpitaux publics doit être revu, car il est trop faible par rapport au nombre des malades et aux revenus des citoyens. En ce moment, l’absence de partis politiques crédibles n’est pas un avantage pour le futur président. Bien au contraire. Il lui faudra reconstruire tout un système politique digne de ce nom.

De grands défis se présentent. Pour les surmonter, il faudra à la fois une stratégie bien pensée et de sages décisions.

Monsieur le futur président, les enjeux sont énormes. Le fardeau est très lourd. Une fois élu, réunissez le peuple égyptien autour de vous ! Invitez-le à accomplir son devoir vis-à-vis de la patrie ! Comme l’avait fait Charles de Gaulle avec les Français, dites aux Egyptiens : « La gloire ne se donne qu’à ceux qui ont rêvé d’elle ».

Monsieur le futur président, le peuple égyptien est votre canne magique. Il est capable de faire des miracles. Mais il attendra de vous le premier pas.

Monsieur le futur président, nous voulons élire un homme qui n’appartiendra à personne en particulier et qui appartiendra à tout le monde en général. Un homme qui incarnera le bien commun. Un homme qui redonnera espoir à la nation car, comme le disait encore le général de Gaulle : « Rien n’est meilleur que d’alléger le fardeau des hommes. Rien n’est plus noble et plus grand que de lui offrir de l’espoir ».

L’espoir que nous attendons réside dans le retour de notre unité nationale, de la protection de notre identité basée sur la diversité culturelle qui assure la richesse de notre civilisation, de la raison et de la sagesse. Car nos vrais ennemis sont la division, la discorde et la manipulation de nos jeunes par des imposteurs .

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