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Edito: Les libéraux reviennent à la charge

Al-Ahram Hebdo, Mardi, 23 octobre 2012

Ils étaient plusieurs milliers à manifester vendredi sur la place Tahrir au Caire contre les Frères musulmans. Dans la foule formée, on entendait : « A bas la confrérie !». Les manifestants ont également crié des slogans hostiles à Mohamad Badie, le guide suprême des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamad Morsi. La manifestation était organisée par des mouvements laïques (gauche et libéraux) qui ont participé au soulèvement populaire contre Hosni Moubarak début 2011, et qui dénoncent aujourd’hui la prédominance des islamistes dans la vie politique.

A quelques semaines des élections législatives prévues à la fin de l’année, la tension monte entre les islamistes et les laïcs. Engagés aux premiers rangs de la révolte contre le pouvoir de Hosni Moubarak en janvier 2011, ces derniers ont aujourd’hui le sentiment de « s’être fait couper l’herbe sous les pieds » par leurs rivaux islamistes. Contrariés par leur défaite électorale aux législatives de janvier 2012 mais encouragés par une bonne performance à la présidentielle, ils sont aujourd’hui prêts pour la bataille des législatives avec un objectif clair : bousculer les islamistes. C’est d’abord sur le terrain de la révolution (la place Tahrir) que la bataille a lieu. En l’espace de deux semaines, deux manifestations organisées par divers mouvements laïques, libéraux et de gauche ont eu lieu sur la place emblématique du Caire. Objectif : dénoncer la mainmise des islamistes sur l’assemblée constituante, instance chargée d’élaborer la nouvelle Constitution et dominée par les islamistes, et dénoncer la mauvaise gestion des Frères musulmans. La première manifestation a donné lieu à des affrontements avec les militants des Frères musulmans. Mais parallèlement à cette présence sur le terrain, les libéraux tentent de s’organiser en coulisses pour former des alliances capables de faire face à la confrérie. Deux grandes alliances semblent émerger. La première autour de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Amr Moussa, et la seconde autour du parti d’Al-Dostour et incluant l’ancien candidat à la présidentielle, Hamdine Sabbahi. La première alliance attire des partisans de l’ancien régime, ceux-là même qui avaient permis à Ahmad Chafiq d’obtenir 48 % des voix au second tour de la présidentielle. La seconde attirerait plutôt des jeunes de la révolution, ceux qui avaient donné leurs voix à Hamdine Sabbahi à la présidentielle. Ces deux blocs peuvent-ils inquiéter les islamistes aux prochaines législatives ? Le problème des mouvements libéraux et laïques en Egypte est, outre les divisions, le manque de moyens. Contrairement aux Frères, ils n’ont jamais été présents sur le terrain. S’ils parviennent à s’organiser, ils peuvent peut-être faire un résultat, même si les islamistes restent dominants l

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