A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Européens ont découvert qu’ils avaient connu une grande catastrophe qui a anéanti les armées et les économies. Ainsi, ils ont perdu plusieurs dizaines de millions de citoyens à cause de l’extrémisme et du nazisme. Tout le monde s’est mis à se poser des questions sur les raisons qui ont poussé au déclenchement de cette guerre atroce. Ce qui est affreux est que cette guerre a éclaté entre des pays voisins et des peuples ayant la même culture !
Les analystes se demandaient : Comment le peuple allemand était-il devenu extrémiste et raciste ? Ne croyait-il pas aux valeurs de la démocratie ? Ne reconnaissait-il pas l’autre et n’admettait-il pas le dialogue ? Les Allemands se considéraient comme une race supérieure aux autres. Ils pensaient qu’ils devaient dominer tous les peuples et les assujettir !

(Photo:Ahmad Abdel-Razeq)
Les batailles de la Seconde Guerre mondiale, les camps d’extermination nazis et les goulags (camps de travail forcé en ex-URSS) ont ébranlé la conscience humaine et les valeurs philosophiques idéalistes des allemands Kant (XVIIIe siècle) et Hegel (XIXe siècle).
D’ailleurs, le mouvement littéraire de l’absurde a concrétisé la situation de l’après-guerre en incarnant la crise des valeurs et en montrant les horreurs du nazisme et du Goulag. Les spectateurs de la pièce La Cantatrice Chauve d’Eugène Ionesco — maître du théâtre du rien — ne voient ni cantatrice, ni chauve ! De même, dans une autre pièce intitulée La Leçon, le professeur n’apprend rien à sa jeune élève. De surcroît, à la fin de la pièce, celui-ci la viole et la tue !
L’absurde enlève au langage tous ses pouvoirs. Les mots viennent de nulle part et se perdent dans le vide. Exactement comme les guerres qui ont éclaté pour rien, en produisant des dégâts immenses. La folie est l’une des caractéristiques principales de l’absurde, mais aussi de l’extrémisme et du racisme. On l’a vue dans les comportements de Hitler, de Saddam et de Kadhafi. Au niveau de la pensée, on l’a vue dans la théorie de la suprématie de la loi divine ou al-hakimiyya de Sayed Qotb et de ses partisans qui accusent les sociétés musulmanes de revenir au paganisme ou à la jahiliyya (période préislamique), car ils croient que ces sociétés n’appliquent plus la charia. Les Européens se sont demandé « pourquoi » et « comment » les descendants de Kant et de Hegel étaient devenus extrémistes, agressifs et violents. Réponse : c’est à cause du despotisme et de l’autoritarisme dont Hitler s’est servi pour régner. Mais comment Hitler a-t-il pu avoir autant d’influence sur son peuple ? A travers trois moyens utilisés par tous les dictateurs : l’armée, les médias et l’éducation. Hitler était le commandant, et Goebbels, le leader de la désinformation. Les méthodes d’enseignement étaient inductives.
Deux méthodes éducatives
En matière d’éducation, il n’existe que deux méthodes, à savoir la méthode inductive et la méthode déductive. Ce sont deux systèmes contradictoires. Le premier est basé sur la soumission totale à la volonté du maître et par conséquent l’absence d’indépendance et de créativité. Il est basé sur le bourrage qui mène à l’étroitesse d’esprit. Il fait de la personne un ordinateur. C’est d’ailleurs le grand défaut qui caractérise le système éducatif en Egypte. Les leçons particulières sont l’un des produits de ce système.
En revanche, la méthode déductive est basée sur le raisonnement, la conclusion et la conséquence. On passe du général vers le particulier. Dans cette méthode, le maître ou le chef est donc au service du peuple. Cette méthode est souvent présentée comme la méthode scientifique qui amène la personne à réfléchir et à déduire. Cette méthode donne lieu à une formation intellectuelle « ouverte » sur l’individu même et par conséquent sur la société tout entière. Elle repose sur le raisonnement et non pas sur la mémorisation. De plus, elle contribue à former un citoyen d’esprit ouvert qui accepte l’autre et qui admet la diversité des opinions.
L’induction est appliquée dans les pays qui adoptent une seule voie politique comme ce fut le cas avec le socialisme en Egypte incarné dans l’Union socialiste. Le résultat est des élections gagnées avec 99,99 % des voix et l’émergence du leader éternel. Le résultat de tout cela a été la défaite honteuse de 1967.
La méthode inductive aide donc à former une personne dépendante, soumise à la volonté de ses maîtres, bornée et bourrée d’informations comme l’ordinateur, alors que la déduction contribue à former une personne qui invente l’ordinateur, une personne indépendante, productive, créative et tolérante avec les autres. La différence est vraiment énorme !
Dernièrement, deux grandes révolutions ont éclaté en Egypte, celles de janvier 2011 et de juin 2013. Ces deux révolutions contre l’intégrisme, l’extrémisme, le despotisme politique et le fascisme religieux ne donneraient des fruits que si elles sont accompagnées d’une révolution dans le domaine de l’éducation. Seule l’éducation permettra de changer catégoriquement la mentalité des Egyptiens, afin d’en faire des personnes ouvertes d’esprit, tolérantes et pacifiques qui acceptent la diversité et la pluralité. Cela permettra d’instaurer une vraie démocratie et dirigera la patrie vers un avenir rayonnant .
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