Le soir du 6 mars dernier, le porte-parole de l’armée d’occupation israélienne, Avichay Adraee, a annoncé que des avions de guerre israéliens de type F-35 avaient intercepté 2 drones iraniens qui étaient sur le point de frapper des objectifs israéliens. Ces déclarations ont été faites une semaine avant l’attaque de missiles lancés par les Gardiens de la Révolution islamique en Iran contre ce qu’ils considèrent être une base stratégique du Mossad israélien à Erbil, capitale du Kurdistan iraqien, à l’aube du dimanche 13 mars. Ces surprises iraniennes ont coïncidé avec des cyber-attaques intenses contre Israël, dont la dernière, datant du 14 mars dernier, aurait causé, selon le journal israélien Israel Hayom, la panne du site électronique du gouvernement israélien. Moins de 48 heures après l’annonce de cette attaque, dont la responsabilité a été attribuée à l’Iran, les médias israéliens ont dévoilé que l’ordinateur personnel du président du Mossad, David Barnea, a été piraté.
Le message que l’Iran a voulu transmettre au monde entier, à travers ces attaques sans précédent, est qu’il ne tient plus à la stratégie du silence face à Israël, optant plutôt pour une stratégie de représailles. Israël l’a très bien compris et a décidé de relever le niveau d’alerte de ses forces aux frontières avec la Syrie et le Liban et de se préparer à affronter les attaques des drones iraniens sophistiqués.
La revendication iranienne de l’attaque aux missiles est un message pour dire à Israël que toutes les cartes sont désormais sur la table et que l’Iran n’hésitera plus à riposter à toute attaque israélienne. Par ailleurs, Israël a annoncé avoir démoli une usine iranienne de drones causant la destruction de 600 engins. Cette attaque aurait été suivie par une autre contre des sites proches de Damas causant des victimes iraniennes. Ceci signifie qu’Israël ne se contente plus de frapper des objectifs pro-iraniens dans la région, mais tient aussi à transférer la bataille sur le sol iranien. Mais ce qui est important c’est qu’Israël a compris que Washington, qui a reconnu l’attaque iranienne contre Erbil, ne veut pas y riposter. Une étude israélienne de l’Institut des études politiques et stratégiques sous la présidence du général de réserve, Amos Gilad, a conclu que l’attaque iranienne a déstabilisé l’image des Etats-Unis dans la région. De plus, l’absence d’une réponse américaine aux attaques iraniennes contre les alliés de Washington dans la région peut être considérée comme une faiblesse selon l’institut israélien. Cette situation vient s’ajouter à une série d’événements qui ont causé des fissures dans les relations stratégiques entre les pays du Golfe et l’Administration du président Joe Biden.
Le journaliste spécialisé dans les questions militaires au journal Israel Hayom, Yoav Limor, a écrit que « Téhéran ne va pas seulement répondre (aux attaques) mais aussi prendre l’initiative, ne manquant ni d’audace ni de fonds, car ses revenus pétroliers seront multipliés par 16 grâce à la guerre en Ukraine », signalant que les « Américains ont renoncé à tout » et que les Israéliens ont été déçus par l’attitude des Américains aux négociations de Vienne. Ces remarques ont pour objectif d’encourager les Etats-Unis à cesser toute concession à l’Iran et à les inciter à refuser les demandes iraniennes de retirer les Gardiens de la Révolution iranienne de la liste américaine des organisations terroristes. Israël veut, d’un côté, que Washington fasse preuve de rigorisme en ce qui a trait à l’accord qui sera conclu avec l’Iran. Et d’un autre côté, il veut terroriser les pays arabes et la Turquie en ce qui a trait aux conséquences des négociations de Vienne, afin de les pousser à s’aligner sur Israël face à ce que Tel-Aviv considère comme le « danger iranien » nécessitant une réponse collective de la part de toutes les forces régionales.
Les mises en garde du chef du gouvernement israélien, Naftali Bennett, ayant trait à la possibilité de retirer les Gardiens de la Révolution islamique de la liste des organisations terroristes, visent à réaliser cet objectif. Bennett considère que ce retrait est « un prix très élevé » à l’accord nucléaire avec l’Iran. Il a annoncé, au cours de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres israélien le 20 mars, que « malheureusement, il y a une tendance à signer un accord nucléaire avec l’Iran à n’importe quel prix, même en disant que la plus grande organisation terroriste au monde n’est pas une organisation terroriste ».
Il a expliqué que la Garde révolutionnaire iranienne est l’organisation terroriste « la plus importante et la plus dangereuse au monde ».
Israël tente donc de créer un front ou une coalition au niveau de la région capable de compenser l’éventuelle absence américaine face à l’Iran, en espérant que ce front sera la pierre angulaire d’un nouvel ordre sécuritaire au Proche-Orient. Comment se comportera alors l’Iran ?
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