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Le roman de Moustapha Al-Fiqi

Mohamed Salmawy , Mardi, 21 décembre 2021

Dr moustapha al-fiqi est incontestablement l’un des plus importants contributeurs à la réalité intellectuelle et politique aux niveaux égyptien et arabe. Au cours des cinq dernières décennies, il a été un acteur influent dans la vie publique. Il a commencé sa carrière en tant que diplomate actif qui n’appartient pas à l’école traditionnelle du XIXe siècle où « la diplomatie du bout des doigts », qui oblige le diplomate à travailler dans le calme derrière les rideaux pour réaliser les intérêts de son pays sans jamais faire de tracas.

Salmawy

Une approche radicalement opposée à la personnalité d’Al-Fiqi, qui a une opinion libre et qui dit franchement ce qu’il croit bien, qu’il adapte son discours politique à la circonstance, comme tout politicien chevronné qui sait comment affronter la réalité en perpétuelle mutation.

Il était donc tout à fait naturel qu’Al-Fiqi libère les cadres diplomatiques conservateurs pour qu’il se lance dans les étendues de la politique. D’un seul bond, il est passé à la plus haute institution politique, la présidence. Bien que le travail à la présidence exige une plus grande confidentialité que le travail diplomatique, Al-Fiqi est resté fidèle à ses convictions et à sa spontanéité chaleureuse. Son travail à la présidence s’est caractérisé par un degré inhabituel d’émancipation. Lorsque nous comparons Moustapha Al-Fiqi à ceux qui ont travaillé au cabinet du président de la République, qu’il s’agisse d’ambassadeurs ou non, nous constatons que son nom a toujours brillé, alors que les autres étaient de parfaits inconnus du grand public.

Le style particulier d’Al-Fiqi lui a permis de s’ouvrir sur les cercles de la société. Un fait qui aurait pu procurer à la présidence des gains dont elle avait besoin, mais dont elle n’a malheureusement pas réalisé l’importance. A l’époque, le président Moubarak a décrit Al-Fiqi comme étant « l’homme qui joue les équilibristes entre le gouvernement et l’opposition ». Il était donc naturel qu’Al-Fiqi se lance au-delà des barrières du cabinet présidentiel vers la sphère publique, sa place naturelle. Al-Fiqi est un grand observateur qui suit de près tout ce qui se passe sur la scène politique locale, arabe et internationale, et il est entré dans la vie publique avec, en plus de ses capacités personnelles exceptionnelles, un énorme lot d’expériences acquises grâce à son travail diplomatique qui lui a dévoilé les secrets de la politique mondiale, et grâce à son travail à la présidence qui lui a révélé les réalités de la société dans laquelle nous vivons.

C’est ainsi qu’il a enrichi la vie intellectuelle égyptienne avec des livres précieux comme Le Renouveau de la pensée nationale, L’Islam dans un monde en mutation et d’autres, en plus d’un flot de recherches sérieuses et d’articles de presse. Puis, il a étendu son champ de travail politique et il est devenu député au cours de sa précédente session.

Moustapha Al-Fiqi est un excellent conteur qui sait comment relater les événements d’une manière plaisante, de quoi rendre envieux les cinéastes et les romanciers. Lorsqu’il s’est mis à écrire son roman dans lequel il nous raconte les détails de son long parcours, qui s’étend sur plusieurs décennies, le résultat a été ce livre précieux et attrayant publié par La Maison égypto-libanaise sous le titre Le Roman : Le voyage du temps et de l’espace. Un livre que l’on ne laisse pas avant d’avoir terminé ses 500 pages. L’éditeur avait parfaitement raison lorsqu’il a écrit sur la couverture: « Le parcours de l’écrivain confirme que la vie n’est pas seulement une réalité mais aussi une manière ».

Al-Fiqi nous présente dans ce livre la manière qui le distinguait et avec laquelle il agissait face à la réalité en dépit de ses nombreux déplacements, depuis ses années d’enfance au village de Kom Al-Nasr dans la circonscription de Mahmoudiya au gouvernorat de Béheira et jusqu’à ses années d’études universitaires à la faculté d’économie et de sciences politiques, Université du Caire, où il a manifesté un intérêt pour les questions publiques et où il a rejoint Tanzime Al-Talia (Mouvement des jeunes avant-gardistes) grâce au Dr Hussein Kamel Bahaeddine et après une rencontre avec Ali Sabri, puis il y a eu son travail diplomatique en Angleterre, en Inde et en Autriche et ses études postuniversitaires jusqu’à l’obtention du doctorat.

Dans le livre se trouve un chapitre intitulé Au seuil de la Ligue arabe dans lequel l’auteur raconte comment les circonstances l’ont empêché d’atteindre le poste de secrétaire général de la Ligue arabe, pour lequel il était candidat. J’aurais vraiment souhaité que ce chapitre soit différent et que Moustapha Al-Fiqi écrive son expérience au poste de secrétaire général. Mais malheureusement, l’action arabe a perdu une figure active qui aurait pu réparer une grande partie de la faille qui a déchiré cette prestigieuse institution qui siège sur les rives du Nil au Caire et qui aurait pu mener l’action arabe aux horizons auxquels aspirent encore les peuples arabes.

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