Jeudi, 25 avril 2024
Opinion > Opinion >

Washington et l’échec en Afghanistan

Al-Ahram Hebdo , Dimanche, 25 juillet 2021

En septembre prochain, 20 ans presque jour pour jour après leur entrée en Afghanistan, les Américains achèveront leur retrait de ce pays. Ils partent avec un terrible constat d’échec. Car, si Ossama Bin Laden, a bel et bien été liquidé lors d’une opération commando le 2 mai 2011 à Abbotabad au Pakistan, le terrorisme n’a jamais été endigué, les Talibans sont de retour et le pays se morcèle. Quant à la démocratie, elle n’a jamais été vraiment rétablie. Le 8 mai dernier, une explosion devant une école pour filles à Kaboul a fait au moins 85 morts et des centaines de blessés.

Les Américains, hantés par leur guerre au Vietnam, ont opté pour une guerre « à distance » en Afghanistan pour limiter les pertes. Or, cette stratégie s’est avérée être totalement inadaptée. Comment en effet peut-on mener une guerre en comptant uniquement sur la technologie? La guerre à distance a donné lieu à des pertes importantes dans la population civile et alimenté les sentiments anti-américains.

L’autre erreur stratégique commise par les Etats-Unis était l’alliance avec l’Inde. Craignant la montée en puissance de la Chine, Washington a signé avec l’Inde en 2005 un accord de défense de 10 ans. Or, ce partenariat stratégique a alimenté les craintes du Pakistan, ennemi de longue date de New Delhi, poussant Islamabad à revoir à la baisse son engagement aux côtés des Américains dans la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. Le Pakistan est resté ainsi une base arrière pour les combattants talibans.

Sur un autre plan, les Américains ont tenté de bâtir une démocratie en Afghanistan. Mais en l’absence d’institutions viables, celle-ci est restée fragile et incapable de régir le pays. L’élection présidentielle organisée dans le pays dès 2004 n’a jamais conforté la démocratie; elle a, au contraire, donné lieu à des crises politiques. Les élections sont ainsi devenues une scène de disputes récurrentes entre les différents candidats. Quant au parlement, sans pouvoirs, il est discrédité aux yeux de la population.

En négligeant les institutions, les Américains ont contribué sur le long terme à créer des crises politiques. Résultat: une insécurité croissante et une corruption endémique .

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique