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La citoyenneté et le 30 Juin

Abdel-M guid Aboul-Ela, Jeudi, 28 octobre 2021

La valeur de la citoyenneté était fortement présente dans les évé­nements du 30 Juin 2013. Elle était l’un des catalyseurs des protestations vu les craintes de la discrimination sur la base de la confession ou du sexe. Les manifestations du 30 Juin, comme dans toutes les révolutions égyptiennes, comprenaient toutes les composantes de la société sans dis­crimination aucune. Les Egyptiens réclamaient l’instauration d’un Etat national qui assimile tous les citoyens et leur octroie leurs droits sans distinction aucune. La notion était aussi présente de manière sym­bolique dans le communiqué du 3 juillet 2013. En effet, le cheikh d’Al- Azhar, Dr Ahmad Al-Tayeb, le pape d’Alexandrie et patriarche de la pré­dication de Saint-Marc, le pape Tawadros II, ainsi que l’écrivaine Sékina Fouad qui a, par la suite, occupé le poste de conseillère du président Adli Mansour pour les questions de la femme, ont assisté à la lecture du communiqué qui a tracé la feuille de route de la période sui­vante.

Au cours des années suivantes, la citoyenneté s’est ancrée dans les fondements de l’Etat égyptien. Les législations qui ont régi l’Egypte ces dernières années ont accordé un grand intérêt à la citoyenneté. L’article 4 de la Constitution de 2014 stipule que l’unité nationale repose sur les principes de l’égalité, de la justice et de l’équité entre les citoyens. L’article 9 oblige l’Etat à garantir l’équité des chances entre les citoyens sans aucune discrimina­tion et l’article 53 stipule que « les citoyens sont égaux face à la loi. Ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, sans discrimination basée sur la religion, le sexe, la race, la couleur, la langue, le niveau social et l’appartenance politique ou géogra­phique ou toute autre raison. La discrimination ou l’incitation à la haine est un crime puni par la loi. L’Etat s’engage à prendre les mesures nécessaires pour éliminer la discrimination quelle que soit sa forme ». L’article 64 stipule que la liberté de croyance est absolue et que la construction des lieux de culte pour les religions célestes est un droit régi par la loi. Quant aux articles 180 et 244, ils stipulent que la représentation des chrétiens au sein des conseils municipaux et du Conseil des députés doit être appro­priée. Par ailleurs, la loi n°80/2016 sur la construction et la restauration des églises a été promulguée.

La commission des 50 qui a rédigé la Constitution de 2014, ayant posé les fondements de l’après-30 Juin, regroupait des représentants des 3 églises égyptiennes, ainsi que 3 représentants d’Al-Azhar. De plus, en janvier 2017, le comité chargé de régulariser la situation des églises a été formé, et jusqu’en avril 2021, le comité a régularisé la situation de 1 077 églises et 805 bâtiments. De plus, l’Etat égyptien a déployé des efforts remarquables en ce qui concerne la construction et la restauration des églises ces dernières années. Sans oublier la promulgation de la loi n°190/2020 sur la créa­tion d’organismes char­gés de gérer les actifs et les fonds de l’Eglise catholique et de la secte évangélique.

De plus, le Haut Conseil des orga­nismes juridiques a décidé, lors de sa réunion du 2 juin 2021, de permettre l’accession des femmes au Conseil d’Etat et au Parquet général à partir du 1er octobre 2021 pour réaliser l’équité des sexes dans la nomination aux postes juridiques.

La notion de citoyenneté a de mul­tiples dimensions qu’il faut assurer de manière intégrale, comme la dimension politique qui a trait aux droits politiques, à la participation électorale sans discrimination aucune. Il y a aussi la dimension économique et sociale qui se rap­porte à l’équité des chances, à la lutte contre la discrimination sur fond social ou économique et à l’ob­tention de chances égales au travail et dans l’enseignement. Mentionnons aussi la dimension culturelle qui se rap­porte aux identités, aux minorités, à la religion et à la liberté de croyance. Bref, la citoyenneté signifie que chaque citoyen a accès à ses droits sans discrimination aucune. Les efforts de renforce­ment de la citoyenneté doivent englober l’équité des chances dans le domaine pro­fessionnel et le renforcement de l’in­térêt accordé aux régions lointaines, rurales et frontalières. La citoyenne­té exige également de présenter un enseignement de qualité à toutes les classes de la société sans aucune discrimination sur des bases écono­miques, sociales ou géographiques.

L’initiative Hayah Karima (vie décente) prend en considération la dimension de la citoyenneté dans sa tentative d’améliorer les conditions de vie du citoyen égyptien. Il en est de même pour le projet de dévelop­pement des villages égyptiens qui vise à améliorer la qualité de vie des habitants de la campagne, ainsi que les projets de développement des zones sauvages et les politiques du logement.

La notion de citoyenneté est l’une des dimensions les plus importantes de la Révolution du 30 Juin. Un fait qui s’est reflété sur les politiques publiques ces dernières années sur les plans législatif et exécutif, notam­ment en ce qui concerne le dossier des coptes et celui de la femme. Cependant, malgré les efforts déployés pour renforcer la citoyen­neté depuis le 30 juin 2013, la réalité de la société égyptienne exige que l’on remédie à certaines déficiences relatives à l’équité des chances, notamment dans les secteurs de l’en­seignement, du travail, du logement et des soins médicaux. Il faut en outre intensifier les efforts afin de faire face à la violence contre la femme. Il est aussi important de renforcer le principe de l’équité entre les sexes et d’interdire toutes formes de discrimi­nation contre la femme. Il est primor­dial de mettre à profit les activités culturelles et éducatives pour renfor­cer la culture de la citoyenneté et lutter contre la discrimination basée sur la religion, le sexe, l’emplace­ment géographique ou le niveau social et économique.

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