La tunisie traverse actuellement un moment décisif de son histoire politique. Depuis 2011, la Tunisie tente de présenter son expérience politique en tant qu’exemple démocratique pluraliste qui reflète les choix des citoyens libres. Cet exemple affronte de grands défis qui se concrétisent dans la capacité de protéger les cadres civils et modernistes caractérisant la Tunisie depuis 6 décennies. Et ce, malgré tous les aspects des années de dictature et de corruption de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Le pays fait face à un autre défi important concernant la sauvegarde de la ligne que la politique étrangère tunisienne a toujours suivie, et qui consiste à être en contact avec tout le monde sans s’impliquer dans des coalitions régionales ou s’aligner à une partie au détriment de l’autre. Car la politique étrangère tunisienne s’est toujours basée sur une « impartialité positive », axée sur la recherche de solutions politiques à toute crise.
Or, ce principe est aujourd’hui exposé à une attaque féroce de la part du courant des Frères musulmans représenté par le parti Ennahda dirigé par Rached Al-Ghannouchi, et qui a tiré profit de la révolution du peuple tunisien en 2011. Ghannouchi est revenu au pays armé de son idéologie confrériste, espérant dominer l’Etat pour l’impliquer dans l’axe « Turquie-Qatar ». Un axe qui s’oppose au principe de l’Etat national et qui tente de ressusciter l’hégémonie ottomane en Afrique du Nord sous la direction du président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Dans le camp islamiste, il y a aussi la coalition Al-Karama (coalition de la dignité) formée d’un nombre de députés qui appartiennent intellectuellement aux Frères musulmans et aux salafistes. Certains de ces députés ont participé en 2013 à l’incitation à l’assassinat de 2 symboles politiques tunisiens et n’ont été soumis à aucune mesure juridique puisque des éléments de la confrérie dominaient la justice tunisienne et le gouvernement en entier après les élections de 2014.
La Tunisie se trouve face à 2 axes: ou bien l’islam politique avec toutes ses appartenances, ses alignements, son échec et ses alliances avec les forces de terrorisme et de violence. Ou bien un régime basé sur les valeurs civiles et modernistes en liaison étroite avec les libertés démocratiques, sans tomber dans le piège des tentatives d’un courant islamiste de dominer le pouvoir et d’usurper les droits d’autrui.
Les forces civiles tunisiennes comprennent parfaitement que tant que les symboles, partis et mouvements du courant qui se dit « islamiste » profitent d’une liberté d’infiltration graduelle dans les articulations de l’Etat tunisien, le pays avance vers le précipice du sous-développement continu. C’est-à-dire priver la société de toutes ses caractéristiques civilisationnelles, sans qu’il y ait aucune solution réaliste et objective des problèmes du développement économique, politique et sociétal. La participation d’Ennahda au pouvoir pendant les 10 dernières années n’a réalisé à la Tunisie aucun progrès palpable dans le domaine du développement économique, ni de solutions pour les problèmes de pauvreté et de discrimination fondée sur la caste. En plus de l’absence d’un plan de développement équilibré pour au moins une décennie. L’objectif d’Ennahda n’était que de s’infiltrer dans l’infrastructure de l’Etat et son islamisation par le biais du terrorisme et de la violence contre les forces civiles.
Par conséquent, le parti a perdu les deux tiers de ses partisans qui l’avaient soutenu aux élections parlementaires précédentes. Et en 2019, le nombre de ses partisans a baissé à moins d’un demi-million de voix d’un total de 5 millions. Ceci signifie qu’un éveil s’est réalisé dans la société envers le danger du projet politique d’Ennahda et ses alliés.
En contrepartie, les forces civiles représentées par des partis, des académiciens, des figures médiatiques, des activistes politiques et des syndicats adoptent des pas importants vers la protection des acquis civils en Tunisie. Et ce, à travers des coalitions politiques qui incitent la société tunisienne à s’épauler contre le projet des Frères musulmans d’islamiser le pays comme le Front du salut qui soutient le mouvement appelé « le sit-in du départ », formé d’un nombre de députés qui refusent les dépassements politiques du chef du parlement et appellent à sa destitution de la présidence du parlement. Les proclamations populaires appellent également à dévoiler les sources des fonds que le parti Ennahda obtient et à prouver leur légitimité, en plus d’appels à juger Ghannouchi pour ses positions appuyant l’ingérence turque grossière en Libye.
De nombreuses voix appellent à la formation d’un front élargi comprenant de grandes organisations tunisiennes pour défendre les droits de l’homme et avorter le projet confrériste de Ghannouchi avec toutes ses dimensions intérieures et extérieures.
Face à ses mouvements populaires basés sur l’action politique pacifique protégée par la loi tunisienne, les actions d’Ennahda et ses alliés se dirigent vers des axes de violence et de menace de liquider des symboles civils. En plus de la propagation de rumeurs selon lesquelles le pays connaîtra des affrontements sociaux et une guerre civile. Ce qui prouve combien la pensée des Frères musulmans est vide et incapable de dépasser les politiques terroristes qui caractérisent les groupes de l’islam politique .
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