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Pompeo en Israël

Dimanche, 17 mai 2020

Pourquoi le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a-t-il fait le déplacement cette semaine en Israël ? La visite de Pompeo est intervenue un jour avant la prestation de serment du gouvernement Netanyahu-Gantz devant la Knesset. N’arrivant pas à se départager au terme de trois élections successives, les deux hommes avaient conclu un accord de partage du pouvoir. Celui-ci prévoit notamment la mise en place d’une stratégie pour appliquer le plan de paix améri­cain, annoncé récemment par l’Administration Trump. Le plan en question fait de Jérusalem la capitale indivisible d’Israël et donne à l’Etat hébreu le feu vert pour annexer la vallée du Jourdain, qui représente envi­ron 30% de la Cisjordanie. C’est précisément de ce plan dont il fut question entre Pompeo et ses interlocuteurs israéliens parmi d’autres sujets de discussion.

Benyamin Netanyahu avait déclaré qu’il appliquerait le plan d’annexion de la Cisjordanie dès juillet prochain. Or, la visite de Pompeo avait pour objectif de mettre en garde les diri­geants israéliens contre une application trop rapide du plan d’annexion de la Cisjordanie, que les Palestiniens considè­rent comme une partie inté­grante de leur futur Etat. En effet, l’Administration Trump est soumise à d’intenses pres­sions de la part des pays de la région pour donner un coup de frein aux plans israéliens. Pompeo a clairement évité d’évoquer publiquement cette question. Il a toutefois fait allu­sion à la possibilité de ralentir l’annexion.

Après avoir annoncé son plan de paix en janvier dernier, l’Ad­ministration américaine se rend compte de la dangerosité de ce plan, et atténue quelque peu sa position, sans pour autant faire marche arrière. Le plan, entiè­rement aligné sur Israël, vise entre autres à séduire l’électo­rat juif de droite de Donald Trump dans la perspective des élections américaines en novembre prochain.

L’annexion de la vallée du Jourdain amènerait l’annulation simultanée de tous les accords sécuritaires signés entre Israël et l’Autorité palestinienne. Elle provoquerait un exode de Palestiniens vers la Jordanie voisine avec des risques de déstabilisation de la région. Les résultats d’une telle action par Israël sont totalement imprévi­sibles. Elle provoquerait assuré­ment la colère de l’opinion publique dans le monde arabe et saperait à jamais la solution des deux Etats. Une fois de plus, l’Administration améri­caine semble tiraillée entre son alignement total et incondition­nel à Israël et sa volonté de ne pas trop fâcher ses alliés arabes dans la région. Mais Washington n’a-t-il pas déjà perdu toute crédibilité en tant que parrain du processus de paix ?.

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