Après des années d’attente, le plan américain pour un règlement au Proche-Orient, le fameux « deal du siècle », devrait enfin être rendu public cette semaine par le président américain Donald Trump. Quelle que soit la teneur de ce plan (dont les détails n’étaient pas encore connus au moment de l’impression de notre journal), il est peu probable qu’il apporte un quelconque règlement sérieux à la cause palestinienne. Etant donné sa date de publication (avant les élections israéliennes), le plan apparaît plus comme un cadeau électoral à la droite israélienne que comme un accord de paix juste et équitable. En effet, les législatives israéliennes (les 3es en l’espace de 10 mois) sont prévues le 2 mars prochain. Et le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, un ami personnel de M. Trump, est engagé dans une course électorale face à son rival du parti Bleu et Blanc, le centriste Benny Gantz. Or, tout le monde connaît la sympathie qu’éprouve M. Trump envers la droite israélienne et ses positions alignées sur celle-ci. En avril dernier, quelques jours avant les premières législatives israéliennes, Donald Trump avait donné un coup de pouce à Netanyahu, alors en mauvaise posture en raison des accusations de corruption portées contre lui. Il avait envoyé en Israël son compagnon de route du parti républicain, Lindsey Graham. Celui-ci était apparu en compagnie de Netanyahu sur les hauteurs du plateau syrien du Golan, occupé par Israël depuis 1967, laissant ainsi entendre que les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté israélienne sur le Golan. Quelques mois après, en novembre 2018, les Etats-Unis votaient pour la première fois contre une résolution de l’Onu considérant l’annexion israélienne du Golan comme « nulle etnon avenue». Les Etats-Unis étaient alors le seul pays, avec Israël, à avoir voté contre cette résolution.
Le deal du siècle ne donnera rien de concret. D’abord parce qu’il sera virtuellement impossible à l’Administration américaine de convaincre les pays arabes de la viabilité de ce plan. Ensuite, Trump n’a jamais donné la preuve qu’il détenait des idées intéressantes sur le conflit israélo-palestinien. Et la complaisance américaine à l’égard d’Israël ne fait l’objet d’aucun doute. Pour preuve, en l’espace de quelques mois, le président américain a pris une série de décisions qui ont plus nui à la question palestinienne que toutes les violations israéliennes réunies. Il y a eu d’abord le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en mai 2018. Une décision qu’aucun président américain n’avait osé prendre depuis le lancement du processus de paix. Il s’est ensuivi la décision de l’Administration Trump de couper le financement américain à l’Unrwa, l’agence des Nations-Unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens. Une décision qui, semble-t-il, visait à enterrer définitivement la question des réfugiés. En septembre 2018, l’Administration Trump annonçait la fermeture des bureaux de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Washington. Tout ceci sans compter le feu vert donné par le gouvernement américain à Israël sur la question des colonies.
A présent, Trump veut convaincre les Palestiniens de se contenter d’un petit Etat démilitarisé en échange de 50 milliards de dollars, fournis en majeure partie par les pays du Golfe. Ce plan risque de compliquer davantage la situation au lieu de fournir une solution. Les Palestiniens rejetteront naturellement le plan américain. Et les Israéliens en profiteront pour annexer la Cisjordanie et la vallée du Jourdain. Une promesse électorale qu’avait faite Benyamin Netanyahu en 2019 quelques jours avant les élections législatives de septembre.
Les contours d’une paix juste et globale entre Israéliens et Palestiniens existent déjà dans les résolutions de l’Onu et dans les accords conclus entre les deux parties. Accords qui n’ont jamais été appliqués par Israël
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