Après plusieurs mois de tension, Washington et Téhéran semblent s’acheminer vers un apaisement. Présent au sommet du G7 à Biarritz en France, le président américain, Donald Trump, a laissé entendre qu’une rencontre avec le président iranien, Hassan Rohani, était possible « si les circonstances sont réunies ». Ceci à l’issue d’un appel lancé par le président français, Emmanuel Macron, en faveur d’un règlement du conflit entre les Etats-Unis et l’Iran. « Si le président iranien, Hassan Rohani, acceptait une rencontre avec le président américain, ma conviction c’est qu’un accord peut être trouvé », a déclaré Macron, qui a invité à Biarritz le ministre iranien des Affaires étrangères, Jawad Zarif. « J’aimerais que dans les prochaines semaines sur la base de ces échanges, nous puissions réussir à avoir un entretien au sommet entre les présidents Rohani et Trump auquel la France et ses partenaires européens pourraient être pleinement associés. Nous avons créé les conditions d’une telle rencontre et d’un accord », a ajouté Macron. Quelques jours auparavant, Donald Trump avait adopté un ton conciliant à l’égard de l’Iran. « Je pense que les Iraniens vont changer. Je le pense vraiment. Je pense qu’il y a une occasion qui se présente à eux », a déclaré le chef de l’exécutif américain.
Les Etats-Unis et l’Iran se livraient depuis plusieurs mois à un véritable bras de fer autour de l’accord nucléaire iranien. Donald Trump a quitté en mai 2018 cet accord conclu entre Téhéran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne) pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée progressive des sanctions contre la République islamique. Trump, qui a rétabli les sanctions contre l’Iran, exige une renégociation de l’accord de manière à interdire à l’Iran tout développement de son arsenal balistique, et à l’amener à renoncer à son influence dans la région.
Depuis quelques semaines cependant, les signes de détente se multiplient entre les deux pays. Ainsi, le 11 juin dernier, le régime iranien libérait Nizar Zakka, un Libanais détenteur d’une green card aux Etats-Unis et détenu depuis 2015 pour espionnage au profit des Etats-Unis. Une libération qui a sonné comme un gage de bonne volonté de la part des Iraniens. Toujours en juin, Washington avait fait preuve de retenue après qu’un drone américain eut été abattu par les Iraniens dans la région côtière d’Hormozgan au sud de l’Iran. Donald Trump avait alors tempéré en évoquant « une erreur humaine du côté iranien ».
La récente détente a été favorisée par une multitude de facteurs. La stratégie de « pression maximale » adoptée par les Américains semble avoir porté ses fruits. L’économie iranienne croule sous le poids des sanctions. Le riyal iranien a perdu près de la moitié de sa valeur en quelques mois entraînant une inflation galopante et un recul des investissements. Or, le régime iranien veut sortir de son isolement économique. Pour sa part, Donald Trump espère renégocier l’accord avant l'élection présidentielle de 2020 et s’en servir à des fins électorales.
Verra-t-on prochainement une rencontre Trump-Rohani? Tout dépend de la volonté des deux parties. Mais une chose est sûre : toute renégociation de l’accord nucléaire sera difficile et compliquée à cause de l’intransigeance des faucons de l’Administration américaine et du désir de l’Iran de ne pas perdre la face. Emmanuel Macron a proposé au G7 une levée partielle des sanctions américaines sur le pétrole iranien et la mise en place d’un mécanisme de compensation « pour permettre au peuple iranien de vivre mieux ». Et c’est de cela qu’il fut question à Biarritz avec le chef de la diplomatie iranienne. La balle est à présent dans le camp des Iraniens.
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