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La bataille électorale de Netanyahu

Lundi, 02 septembre 2019

A l’instar des films américains de Rocky où le héros reçoit des coups de toutes parts, mais dont la détermination lui confère la force pour se redresser et affronter son adversaire, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, s’engage dans la bataille électorale des législatives prévues le 17 septembre. Netanyahu s’engage dans cette bataille comme si c’était sa dernière bataille ou une question de vie ou de mort. Il frappe à droite et à gauche alliant le per­sonnel au politique, le subjectif à l’objectif, sa personne au Likoud qu’il préside ainsi que son destin et le destin du parti qu’il représente dans les élections. Dans tous ces cas, Netanyahu tente de sauver sa tête même s’il risque de se brûler les doigts. Et Netanyahu n’est pas le seul à penser qu’il mène sa dernière bataille. Un large cercle d’observateurs, de chercheurs et de per­sonnes concernées par les affaires israé­liennes le pensent aussi.

Il est possible que Netanyahu réussisse à gagner ces élections, il pourrait ainsi essayer une autre fois de légiférer une loi qui lui confère l’immunité au cours de son mandat, afin de limiter les conséquences de ses déboires avec la justice. Mais il se peut qu’il sorte perdant, qu’il comparaisse devant la justice, qu’il soit jugé coupable et qu’il doive passer quelques années derrière les barreaux pour que se termine sa légende.

En effet, les paris de la dernière bataille de Netanyahu ne semblent pas garantis. Tous les indices indiquent qu’il s’engage dans cette 22e bataille électorale avec un crédit plus faible que lors des dernières élections législatives. Et ce, après avoir échoué à former le gouvernement. Sans oublier l’insistance du président du parti Israel Beytenou (Israël notre maison) à faire passer la loi du service militaire obli­gatoire des ultraorthodoxes et à rester en dehors des coalitions avec le Likoud.

Par ailleurs, les sondages indiquent que le clan de Netanyahu pourrait obtenir 55 sièges et Israël Beytenou le double de ses sièges actuels, soit 10. Si ce dernier demeure loin des coalitions du Likoud, se multiplient alors les éventualités de la créa­tion d’un gouvernement d’union nationale entre le Likoud et l’Alliance centriste Bleu et Blanc comme le réclame le parti de Libermann, bien que cette éventualité semble trébucher à cause du refus de l’Al­liance Bleu et Blanc. Les prochaines élec­tions semblent similaires aux précédentes du fait qu’elles s’axent autour de la tenta­tive d’écarter Netanyahu de la scène, ou du moins d’obliger le Likoud de lui trouver un remplaçant.

La bataille électorale de Netanyahu semble de plus en plus difficile à cause de nombreux facteurs, à savoir la persistance du racisme contre les juifs éthiopiens et l’incapacité des institutions israéliennes de remédier à cette discrimination, l’adoption de la loi de l’Etat-nation du peuple juif qui se contredit avec la déclaration de l’indé­pendance, l’augmentation de la polarisation au sein de la société israélienne, le besoin croissant de réformer le régime politique israélien pour le débarrasser de l’oppres­sion des petits partis religieux et extré­mistes. Sans parler du discours sur la néces­sité de la présence de deux grands partis à l’instar du Parti démocrate et du Parti répu­blicain aux Etats-Unis pour ne pas avoir besoin des petits partis pour former les coa­litions gouvernementales quand les grands partis n’obtiennent pas le nombre de sièges nécessaires pour former le gouvernement, de la résistance de la Haute Cour face aux tentatives de Netanyahu de réduire ses pré­rogatives en plus de la persistance de l’état d’urgence qui confère à l’autorité exécutive des prérogatives exceptionnelles.

La scène israélienne est extrêmement compliquée. Les ethnies se mêlent aux nationalités. Il n’est donc pas étrange que Netanyahu frappe dans toutes les directions et se batte sur tous les fronts. Il soutient la colonisation, applaudit les violations contre la mosquée d’Al-Aqsa. Il n’hésite pas à frapper Gaza et à lui imposer un embargo pour faire preuve de sa force au même moment où il ne veut pas de guerre ouverte avec le Hamas à Gaza pour que ses résultats ne portent pas atteinte aux résultats des élections. Netanyahu tente d’ajouter la récolte de tous ces affrontements à son cré­dit politique et ses relations avec les Etats-Unis et la Russie, ainsi que ses aspirations à encercler l’Iran et à participer à la protec­tion de la navigation internationale.

Cependant, Netanyahu possède certaines cartes gagnantes comme la confiance de l’institution militaire, ses relations avec l’étranger et sa capacité de tergiverser et d’ignorer tous les engagements des négo­ciations et de la solution des deux Etats. Mais, jusqu’à présent, il semble que l’effi­cacité de ces cartes sera incapable de le sortir du cercle vicieux où il se trouve. Enfin, ce sont les urnes qui diront le dernier mot.

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