La tension persiste dans la région du Golfe. Après le drone américain abattu la semaine dernière au-dessus de la province côtière d’Hormozgan au sud de l’Iran, Téhéran a annoncé cette semaine avoir franchi la limite imposée par l’accord nucléaire de sa production d’uranium enrichi. Information confirmée par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) qui a assuré que l’Iran a « dépassé le seuil des 300 kg d’uranium enrichi, fixé par l’accord nucléaire ». Le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, avait déclaré que son pays augmentera ses réserves en uranium enrichi « si les pays européens ne se prononcent pas clairement sur le sort de l’accord nucléaire ». Confronté à une situation économique qui ne cesse de se détériorer en raison des sanctions américaines, l’Iran continue donc dans sa logique d’escalade. En affirmant ne plus respecter l’accord nucléaire, Téhéran cherche à augmenter la pression sur l’administration américaine, et à soulever l’inquiétude des Européens. L’objectif est de montrer que la stratégie américaine de pression maximum et la passivité européenne auront des conséquences fâcheuses. Le régime iranien joue la carte d’un potentiel conflit régional dans l’espoir de faire réagir l’Europe.
Les Européens s’étaient opposés à la décision unilatérale des Etats-Unis de sortir de l’accord et de rétablir les sanctions contre Téhéran. La semaine dernière, ils avaient annoncé que le mécanisme de troc « Instex », censé favoriser les transactions commerciales dans les domaines pharmaceutiques, médicaux et agroalimentaires, était enfin « opérationnel ». Mais ce mécanisme qui ne permet pas à l’Iran de vendre son pétrole sur les marchés européens a très peu d’impact. Un objectif difficile à réaliser dans l’état actuel des choses.
Depuis le début de la crise les Européens ont été assez « mous » dans leur réaction à l’égard des Etats-Unis. Il est clair que l’Europe ne dispose pas suffisamment de moyens pour s’opposer à leur allié américain sur la question de l’Iran. D’abord parce que les Européens sont engagés aux côtés des Etats-unis sur plusieurs fronts notamment au Proche-Orient comme en Syrie pour combattre Daech. Ensuite parce que l’Europe n’est pas unie. Certains pays européens ont négocié directement avec le Trésor américain pour ne pas tomber sous le coup des sanctions. Enfin, les Européens ne sont pas les initiateurs de l’accord nucléaire et savent parfaitement qu’une solution sans les Etats-Unis n’est pas possible.
Face au statu quo politique, il est probable que l’Iran continue son jeu du chat et de la souris avec les Etats-Unis, en attendant un éventuel changement d’Administration à l’issue de l’élection présidentielle l’année prochaine. Un jeu hautement dangereux, car il suffit d’une erreur d’un côté ou de l’autre pour qu’un conflit éclate.
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