Organisée à l’appel des Américains avec l’objectif de créer un cadre visant à « assurer une vie prospère aux Palestiniens », la conférence économique de Bahreïn se tient les 25 et 26 juin à Manama. Il s’agit pour Washington de réunir gouvernements, bailleurs de fonds et investisseurs de la région pour « partager des idées, évoquer des stratégies et encourager les investissements et les initiatives économiques potentielles qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens », selon un communiqué de la présidence américaine. En clair, les Etats-Unis préparent le terrain à leur fameux « deal du siècle » en gestation depuis quelque temps déjà.
Le président américain, Donald Trump, et son gendre, Jarred Kushner, tentent depuis des mois de convaincre les pays de la région de la viabilité de ce plan, qui privilégie les questions économiques aux dépens des dossiers politiques. Ainsi, au lieu de s’attaquer directement aux questions de fond comme le statut de Jérusalem, le démantèlement des colonies et le retour des réfugiés palestiniens, l’Administration américaine a adopté une approche basée sur « l’économie d’abord », avec une injection massive d’investissements (6 milliards de dollars par an) assurée principalement par les pays du Golfe. L’Administration américaine propose donc aux Palestiniens une nouvelle formule, à savoir « l’argent contre la paix » plutôt que « la terre contre la paix ».
Mais en se focalisant presque exclusivement sur le volet économique, l’Administration Trump met la charrue devant les boeufs, et se donne ainsi toutes les chances d’échouer. L’expérience est là pour le prouver. Dans les années 1990 après la conférence de Madrid et les accords d’Oslo, les Américains avaient parrainé une série de conférences économiques dans la région MENA et en Afrique du Nord, avec l’objectif de favoriser un rapprochement entre Israël et les pays arabes et d'encourager les efforts de paix. Mais ces conférences organisées, successivement à Casablanca (1994), au Caire (1996) et à Doha (1997) n’ont donné que de piètres résultats, en raison du piétinement des négociations de paix entre l’Autorité palestinienne et Israël. D’ailleurs, pour la première fois, une conférence se tient sur l’économie palestinienne sans la présence des intéressés eux-mêmes. En effet, les Palestiniens ont fait savoir qu’ils ne participeraient pas à la conférence de Manama. Aujourd’hui, Palestiniens et Israéliens sont plus que jamais loin les uns des autres. Ce qu’il faut avant de s’attaquer au dossier économique ce sont des mesures de confiance pour rapprocher les deux parties et cela ne peut être fait qui si Israël fait un geste clair en direction des Palestiniens.
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