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Les droits de l’homme et le professionnalisme des médias

Dimanche, 03 février 2019

La conférence de presse commune tenue par les présidents Abdel-Fattah Al-Sissi et Emmanuel Macron, à la fin de la visite de ce dernier en Egypte, a fourni une preuve des plus probantes de la partialité des médias occidentaux. Les questions des journalistes ont porté sur un seul sujet, à savoir les droits de l’homme. Bien entendu, s’interroger sur la situation des droits de l’homme en Egypte, en France, aux Etats-Unis, en Angleterre ou dans n’importe quel autre pays est une pratique légitime qui exige des réponses. Mais que les journalistes négligent tous les dossiers sensibles débattus lors de cette visite et les accords importants que les deux pays ont signés, ceci soulève beaucoup d’interrogations sur l’objectivité et le professionnalisme du journalisme en France.

Certains sujets discutés entre les deux chefs d’Etat sont susceptibles d’intéresser les citoyens des deux pays, et les journalistes étaient supposés en éclaircir les détails dont certains restent méconnus. Est-il vrai, par exemple, qu’un nouvel accord pour la vente de 12 Rafale supplémentaires a été négocié au cours de cette visite? Est-il vrai que certains composants de ces avions sont fabriqués aux Etats-Unis et que Washington a refusé leur exportation et freiné ainsi la vente? Je m’attendais à ce que beaucoup de ces questions soient élucidées lors de la conférence de presse, mais personne ne s’y est intéressé.

Au cours de cette visite, 40 accords et contrats, dans divers domaines, ont été signés pour un montant de plus de 1,5 milliard d'euros. Plusieurs grandes entreprises françaises ont exprimé leur intention d’augmenter leurs investissements en Egypte. Citée par la presse égyptienne, Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’Etat auprès du ministre français de l’Economie et des Finances, a affirmé que l’Egypte avait réussi à créer l’environnement propice pour attirer les investisseurs étrangers, ajoutant que l’Egypte accueillait 160 entreprises françaises investissant près de 5 milliards d’euros. Le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie, Amr Nassar, a à son tour déclaré que les échanges commerciaux entre l’Egypte et la France avaient dépassé les 2 milliards d’euros entre janvier et novembre 2018, dont 560 millions d’exportations égyptiennes, et plus de 1,5 milliard d’importations. Une telle activité commerciale mériterait-elle d’être négligée par les journalistes présents à la conférence de presse ?

Manifestement, la question des droits de l’homme n’a pas reçu le même intérêt lors des pourparlers entre les deux présidents. Dans une tribune au journal L’Opinion, Sébastien Laye, économiste français et chercheur à l’institut Thomas More, a salué la prudence d’Emmanuel Macron qui a refusé de s’ingérer dans la politique intérieure d’un pays du poids de l’Egypte, et qui a évité certains sujets soulevés par ceux qui cherchent à embarrasser l’Egypte. « D’ailleurs, qui sommes-nous, nous Occidentaux, pour juger et donner encore une fois des leçons de morale? Surtout nous Français, puisqu’il nous aura fallu trois révolutions et cinq républiques afin de parvenir à une démocratie encore bien imparfaite », renchérit Roland Lombardi, un autre spécialiste du monde arabe. De son côté, Jean Luc Mélenchon, homme politique connu et ancien candidat à la présidentielle, a critiqué l’utilisation de la force publique contre les « gilets jaunes » et la mauvaise gestion de cette crise par le gouvernement. Il a également déploré les 11 manifestants morts, ainsi que les 1800 blessés chez les « gilets jaunes » et le millier de policiers blessés, « le bilan le plus terrible observé au cours des 60 dernières années ».

Les droits de l’homme et le professionnalisme des médias

Lors de la conférence de presse, Emmanuel Macron a calmement et correctement répondu aux questions des journalistes. Il en a été de même pour le président Sissi qui a expliqué que les droits de l’homme ne se limitaient pas à la liberté d’expression, et que la Déclaration universelle des droits de l’homme ne saurait être réduite à un seul droit en fonction duquel se décide si les Etats sont respectueux ou non des droits de l’homme.

Le président égyptien a ensuite étalé ce que l’Etat a réalisé en termes de droits de l’homme, précisant que les soins de santé faisaient partie des droits de l’homme et que, dans ce domaine, le nombre des citoyens admis dans les hôpitaux publics est passé de 10000 patients par an à 10000 par mois, alors que la campagne pionnière de lutte contre l’hépatite C a brillamment réussi.

Le président a également évoqué le droit au logement, expliquant que l’Etat avait récemment réussi à assurer de nouveaux logements meublés et équipés à 250000 familles qui vivaient dans des zones informelles. J’ai épluché la presse française à la recherche de ces informations, sans succès .

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