La Chine a fait un bond en avant au cours des 30 dernières années, s’élevant du rang de pays en développement à celui de la deuxième économie au monde, derrière les Etats-Unis. La Chine, communément appelée « l’usine du monde », devance aujourd’hui plusieurs pays développés en Occident et elle mérite notre attention en Egypte si nous voulons comprendre le miracle économique qu’elle a fait en une seule génération.
Dirigée par le Parti communiste depuis 1949, l’économie chinoise a été marquée, jusqu’aux années 1970, par un fort interventionnisme étatique. Depuis 1976, année de l’accession au pouvoir de Deng Xiaoping, la Chine a mis au point un modèle appelé « économie de marché socialiste », associant un secteur public toujours omniprésent à un certain libéralisme économique et une ouverture progressive du marché intérieur. Cette ouverture économique repose sur les zones économiques spéciales, qui couvrent aujourd’hui presque tout le littoral de l’est du pays. Offrant des conditions de travail peu coûteuses et des avantages fiscaux aux entreprises multinationales, le gouvernement chinois oblige ces entreprises à rendre leurs technologies publiques en cas de délocalisation de leurs usines.
Grâce à cette économie de marché, la Chine a connu depuis les années 1980 une forte croissance économique, dépassant parfois les 10 %. De 2000 à 2010, la Chine a fourni 33 % de la croissance mondiale. De 1979 à 2011, le revenu par habitant a quadruplé, passant de 5 % à plus de 20 % de celui des pays développés. L’industrialisation massive de la Chine depuis les années 1980 en a fait un acteur majeur dans les industries à forte intensité de main-d’oeuvre comme les industries textiles et les produits manufacturés de moindre qualité. Mais depuis les années 2000, la Chine a progressé vers des exportations plus avancées sur le plan technologique. Par exemple, en 2008, elle a réalisé plus du quart des exportations mondiales d’équipements de télécommunication.
En moyenne, les exportations de la Chine ont augmenté de 14 % entre 1990 et 1999 et de 20,5 % entre 2000 et 2008. La Chine a compté pour 9 % des exportations dans le monde en 2008, contre 1,2 % seulement en 1983. Sa place dans le commerce mondial varie selon les secteurs. Ce pays occupe une place plus importante pour les produits manufacturés, où il génère 13 % des exportations mondiales. Dans l’industrie, ce pays existe également de grandes inégalités selon les produits. Ainsi, le pays représente 33 % des exportations mondiales de vêtements, mais seulement 3 % de celles de produits alimentaires et 2 % de celles de l’industrie automobile.
Le miracle chinois tient à plusieurs raisons, dont un niveau exceptionnellement élevé d’investissement qui a atteint près de 50 % du PIB en 2010. Les investissements sont principalement destinés à l’industrie et aux infrastructures telles que les routes et l’immobilier. La croissance économique de la Chine est également liée à sa force démographique. Elle occupe la première place dans le monde avec 1,4 milliard d’habitants en mai 2018. La population chinoise équivaut ainsi à 18,54 % de la population mondiale. La population en âge de travailler (15-59 ans) a augmenté de 360 millions, pour atteindre plus de 914 millions de personnes, de 1980 à 2010. La modification de la répartition de l’emploi entre l’industrie et les services a également été une source importante de gains de productivité, celle-ci ayant été beaucoup plus importante en industrie et services qu’en agriculture. L’industrie, qui emploie 30,3 % de la population active, est le secteur le plus productif avec 47 % du PIB. La productivité du travail s’est également améliorée grâce à l’augmentation du capital disponible par travailleur, au niveau croissant d’éducation et de qualification et aux réformes entreprises dans l’industrie.
Toute une série de réformes a accompagné le double mouvement de libéralisation interne et d’ouverture au marché mondial, à commencer par une loi autorisant les particuliers à créer des sociétés à responsabilité limitée. En 2004, la Constitution chinoise a été modifiée pour renforcer le rôle du secteur privé. L’interdiction faite aux entreprises privées d’investir dans certains secteurs, tels que les infrastructures, les services publics et les services financiers, a été abolie en 2005. Les investissements directs étrangers ont été autorisés et encouragés par la création de zones franches côtières et la réduction des droits de douane. Le monopole de l’Etat sur le commerce extérieur a été démantelé, de même que le système de taux de change multiple. En conséquence, le secteur privé s’est développé pour produire près de la moitié du PIB et les trois quarts des exportations. Il crée aujourd’hui l’essentiel des nouveaux emplois et génère la meilleure rentabilité (15 %, contre 5 % à 10 % dans le secteur public). Dans le secteur privé, les entreprises étrangères, souvent des joint-ventures avec des entreprises chinoises, représentent 75 % des exportations.
Dans le même temps, le secteur public est en cours de restructuration, entraînant la suppression de 45 millions d’emplois au cours de la première moitié de la décennie. Mais 35 % des entreprises publiques sont encore non rentables et, dans le nouveau contexte économique teinté de libéralisme, les entreprises publiques peinent à trouver leur place et à faire face à des difficultés de plus en plus croissantes. La hausse des coûts de production, un système de tarification inefficace, la surcapacité et des retards technologiques importants sont les principales causes de cette situation. Plusieurs décennies de réformes ont été nécessaires pour mettre fin progressivement aux énormes pertes des entreprises publiques et accroître leur productivité. La croissance rapide du secteur privé a ramené l’importance des actifs des entreprises publiques de 99 % à la fin des années 1970 à 25,2 % en 2013. L’endettement des entreprises publiques a atteint 55 % de l’ensemble de la dette des entreprises chinoises, alors que leur part dans la production totale ne représente que 22 %.
La croissance effrénée des 30 dernières années a également eu son revers que Pékin ne peut plus négliger : l’accélération des inégalités de revenus, la dégradation de l’environnement et le surendettement public et privé. Pour cette raison, le premier ministre chinois, Li Keqiang, a annoncé en mars que ces trois secteurs seraient le champ de « trois combats décisifs » contre la pauvreté, la pollution et les risques financiers liés à une dette publique et privée colossale supérieure à 250 % du PIB.
Forte de l’excédent commercial du pays, la Chine a lancé une politique d’expansion économique, encourageant les entreprises chinoises à investir dans les secteurs stratégiques des économies étrangères. Le fort excédent commercial généré par les exportations industrielles a permis à la Chine de constituer d’importantes réserves de devises étrangères, qui se sont élevées à 3 125 milliards de dollars en avril 2018. Ces réserves confèrent à la Chine une puissance financière considérable sur la scène internationale. En raison de cette puissance économique, l’influence politique et militaire internationale de la Chine devrait se confirmer à long terme. La Chine accéderait au rang de première économie mondiale en 2030, avec un PIB de 38 000 milliards de dollars, contre 23,4 00 milliards de dollars pour les Etats-Unis. La richesse de la Chine lui permet ainsi d’accroître constamment ses dépenses militaires. En mars dernier, la Chine a annoncé que son budget militaire, le deuxième en importance au monde après celui des Etats-Unis, augmenterait de 8,1 % en 2018, un taux de croissance supérieur à celui de l’année dernière. Depuis plus de 30 ans, Pékin augmente ses dépenses militaires pour rattraper son retard sur l’Occident l
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