Certains se posent toujours des questions sur l’intérêt que représente Gaza pour l’Egypte et les raisons pour lesquelles l’Egypte observe de près la situation dans ce territoire et intervient quand il le faut pour y redresser la situation. Dans cet article, j’essaierai de répondre brièvement aux questions relatives aux raisons de l’intérêt de l’Egypte pour Gaza, à son champ d’action relativement à ce territoire et aux exigences de l’avenir.
D’abord, en ce qui concerne les motifs de l’intérêt égyptien, rappelons que l’Egypte partage des frontières communes de 14 km avec la bande de Gaza, ce qui fait rentrer celle-ci dans la sphère de la sécurité nationale, tout comme la frontière avec Israël à l’est, la Libye à l’ouest et le Soudan au sud. D’un point de vue stratégique, l’Egypte prend très au sérieux la question des frontières. Pour l’Egypte, Gaza s’inscrit dans le cadre plus large de la question palestinienne. L’Egypte ne traitera jamais Gaza comme une entité séparée. Gaza et la Cisjordanie représentent, ensemble, le futur Etat palestinien indépendant. Il convient aussi de noter que la politique de l’Egypte envers ce territoire est totalement désintéressée. L’Egypte travaille sérieusement et en toute transparence, d’autant plus que son rôle est sollicité par toutes les parties palestiniennes. Notons enfin que la bande de Gaza forme une continuité territoriale avec le Sinaï, ce qui lui confère un intérêt sécuritaire spécial. La stabilité du Sinaï est intimement liée à celle de Gaza et vice-versa. Les tunnels et l’infiltration des terroristes suffisent pour prouver ce point.
Quant au champ d’action de l’Egypte, il s’agit premièrement du domaine humanitaire. L’Egypte décide l’ouverture du terminal de Rafah pour faciliter le passage des habitants de Gaza qui veulent quitter et, de temps en temps, elle décide sa fermeture pour des considérations logistiques et sécuritaires. A l’échelle économique, l’Egypte tient à alléger les conditions des habitants de Gaza qui vivent sous embargo israélien. Elle fait acheminer vers Gaza des marchandises ou des aides humanitaires de première nécessité, ou intervient auprès d’Israël pour alléger l’embargo strict qu’il impose aux Gazaouis. Par ailleurs, l’Egypte s’empresse d’intervenir — comme ce fut le cas il y a quelques jours — pour endiguer toute escalade militaire entre Israël et la bande de Gaza, soit à cause des raids israéliens sur Gaza, ou des missiles lancés vers Israël depuis ce territoire. Personne ne peut nier le rôle égyptien dans l’apaisement de la situation suite aux trois guerres israéliennes contre Gaza en 2009, 2012 et 2014. Sur le plan interpalestinien, l’Egypte a créé des ponts de communication avec toutes les factions et organisations palestiniennes à Gaza, sans exception. L’objectif étant la mise en oeuvre de l’accord de réconciliation conclu le 4 mai 2011. Parallèlement, l’Egypte est en contact permanent avec l’Autorité palestinienne et le président Abou-Mazen pour se concerter sur toute démarche entreprise.
Parlons enfin des exigences de l’avenir, notamment l’importance de maintenir dans la durée le rôle égyptien à Gaza et d’étendre ce rôle à un maximum de domaines. Les objectifs étant de maintenir l’ordre à Gaza, de contrôler sa frontière avec l’Egypte, de réaliser la réconciliation palestinienne et d’empêcher la détérioration de la situation économique dans ce territoire.
Il est tout aussi important de maintenir la concertation entre l’Egypte et l’Autorité palestinienne, afin que toute démarche soit approuvée, au moins dans ses grandes lignes, par les deux parties. L’objectif ultime étant de mettre fin à la séparation de Gaza du reste de la Palestine.
De leur côté, les mouvements du Fatah et du Hamas devront faire preuve de flexibilité dans la mise en oeuvre de l’accord de réconciliation. Parce qu’aucun effort ne saurait porter ses fruits tant que la division palestinienne perdure. En outre, le Hamas et le Djihad islamique devront faire en sorte d’éviter toute escalade militaire avec Israël, pour éviter une plus grande détérioration des conditions de vie à Gaza. Les factions palestiniennes auront intérêt à écouter les appels au calme lancés par l’Egypte, surtout en l’absence de provocations israéliennes.
Finalement, l’Egypte restera, grâce à son poids régional et international, bien placée pour dégeler le processus politique afin de parvenir à une solution à la question palestinienne dans le cadre du principe des deux Etats. Faute de quoi on risque de se contenter de quelques arrangements provisoires ou de subir des solutions imposées par d’autres parties au détriment des droits palestiniens. Il va sans dire que l’Egypte du président Abdel-Fattah Al-Sissi ne risque pas d’accepter des solutions insatisfaisantes pour les Palestiniens. C’est sa position définitive et indiscutable
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