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La fusion des partis égyptiens

Lundi, 28 mai 2018

Bien qu’il existe en Egypte plus de 100 partis répandus dans tous les gouvernorats, la société égyptienne souffre d’un grand vide politique et partisan. La majorité de ces partis n’est pas effec­tive, au point que personne ne ressent leur pré­sence. Même les nouveaux partis, qui ont enregis­tré un certain succès aux élections législatives, n’ont aucune popularité dans la rue égyptienne. La victoire de leurs candidats n’est nullement la preuve de leur popularité. Elle exprime plutôt la popularité des candidats dans leurs circonscrip­tions.

Les anciens partis, nés dans les années 1970, comme le parti du Rassemblement de gauche ou le Parti nassérien, ou encore le parti du Wafd, qui fêtera son centenaire en novembre prochain, souf­frent encore de l’atmosphère politique contrai­gnante dans laquelle ils ont travaillé pendant longtemps jusqu’en 2011. Les conséquences les plus évidentes en étaient l’absence d’action parti­sane parmi les citoyens, l’incapacité d’attirer de nouveaux membres convaincus des idées du parti et de ses ambitions politiques et économiques, ainsi que l’incapacité de convaincre les citoyens de soutenir ses candidats dans les élections légis­latives et municipales. Par conséquent, ces partis sont restés cloîtrés entre les murs de leurs sièges avec leurs vieux membres qui s’attachent encore aux souvenirs des jours meilleurs.

Après la révolution de 2011, on espérait que la nouvelle donne de la vie politique permettrait aux partis de renforcer leur présence dans la société et parmi les citoyens, afin qu’ils puissent se construire une présence politique effective. Suite à l’amendement de la loi sur les partis en 2011 sont nés un grand nombre de partis, toutes ten­dances confondues. Cependant, ils n’ont pas contribué à l’évolution de la vie politique de la manière que l’on espérait. Avec ce grand nombre de partis, l’idée de la fusion de partis semblables s’est imposée plus d’une fois, idée qui aurait pour conséquence la formation de partis puissants de gauche, de droite ou du centre, avec un ou deux partis qui exprimeraient des intérêts écologiques ou scientifiques. De cette manière, nous aurions quatre ou six partis au plus, capables de susciter la concurrence démocratique lors des élections parlementaires, présidentielle ou municipales.

Cependant, cette idée a été catégoriquement refusée par les présidents et les dirigeants des partis, de crainte que la fusion ne modifie la struc­ture du parti et ne leur fasse perdre les postes desquels ils se vantent. Ces raisons personnelles se sont dressées en obstacle face à l’évolution de la vie partisane. De plus, l’absence, dans la loi sur les élections parlementaires, de la condition selon laquelle le parti doit obtenir un taux de 5 à 10 % lors des élections pour que ses membres vain­queurs dans leurs circonscriptions deviennent députés du parlement a rendu possible qu’un parti soit représenté par un seul membre au parlement. Par conséquent, il n’existe pas d’incitations juri­diques qui encouragent les dirigeants des partis à oeuvrer en vue de la fusion dans le but d’atteindre le quota qui permettrait au parti de participer au parlement et à la vie politique.

L’idée de la transformation en un parti politique avait été soumise à « La Coalition du soutien de l’Egypte », qui regroupe 400 membres du parle­ment, soit plus des deux tiers de ses sièges, dont des députés indépendants et des députés apparte­nant à différents partis. Cependant, la structure de cette coalition entrave sa transformation en un grand parti qui dirigerait la vie politique et les travaux du parlement.

Bref, l’idée de la fusion des partis n’est pas nouvelle, mais elle n’a pas trouvé d’écho. De plus, la recherche d’un parti puissant qui dirige­rait la vie politique face à deux ou trois partis qui formeraient une opposition efficace n’avance pas non plus. C’est ainsi que le président de la République a appelé les présidents des partis, après sa réélection, à opérer une fusion des par­tis, afin de créer des partis qui aient une forte présence lors des prochaines élections munici­pales et qui forment des directions capables de participer à la présidentielle dans quatre ans. Cette invitation a quelque peu fait bouger les choses.

C’est ainsi que le parti L’avenir de la nation, qui possède 50 députés au parlement, a annoncé sa fusion avec le mouvement Nous sommes tous avec vous pour l’intérêt de l’Egypte, qui n’est pas vraiment un parti au sens juridique. Quant au Wafd, il a invité plusieurs partis à une consultation, afin de réanimer la vie partisane. Les interprétations de cette invitation étaient diverses. Le Wafd cherche-t-il à établir une fusion avec d’autres partis ou bien à former un comité de coordination entre les partis afin d’engager un dialogue avec le gouvernement à travers le parlement? Plusieurs figures de proue du parti ont alors confirmé qu’il n’était pas ques­tion que le parti accepte une fusion avec d’autres partis et qu’elles préféreraient une coopération avec les partis qui le désirent, sans pourtant déterminer les principes ou les objectifs de cette coopération.

Nombreux sont les partis qui ont rejeté dès le départ l’idée de la fusion, à l’instar du Parti du mouvement national égyptien, du Parti des pro­tecteurs de la nation (18 membres au parlement) ou encore du Parti égyptien démocratique social.

Ils ont tous officiellement confirmé qu’il n’était pas question d’opérer une fusion. Quant aux par­tis qu’on peut appeler de gauche, comme le Rassemblement, le Parti arabe nassérien, le Parti socialiste égyptien ou le Parti communiste égyp­tien, leurs dirigeants ont approuvé l’idée de la fusion, mais après une étude minutieuse. En contrepartie, il semble que l’idée de la formation d’alliances électorales temporaires entre deux ou plusieurs partis est davantage acceptable de sorte que chaque parti demeure indépendant et conserve sa présence .

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