La cause palestinienne est passée par des choix difficiles et s’est trouvée une fois de plus dans l’impasse. Pourtant, l’optimisme était de mise et l’on espérait un changement de situation pouvant mener à la libération et à la mise en place d’un Etat palestinien viable en Cisjordanie occupée et dans le secteur de Gaza. Or, ces jours-ci, il semble que la cause se trouve confrontée à un choix encore plus dur. Le rêve de l’Etat palestinien s’évapore à cause de « l’Affaire américaine du siècle ». Outre cela, les options de la résistance, civile ou politique, se trouvent face à des contraintes sans précédent. Les unes émanant de l’intérieur, les autres du contexte régional et international.
En même temps, au long des deux dernières décennies, à l’intérieur d’Israël, le rigorisme, voire le fascisme et le racisme ont pris de l’ampleur, de telle sorte à mettre à mal toutes les options consensuelles pouvant conduire à un règlement historique de la cause palestinienne. Et l’objectif israélien focalisait sur un seul point, celui d’avoir la prédominance sur les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie, et ce, en augmentant la construction de colonies et en interdisant celle de logements palestiniens. Ce n’est pas tout. Le Likoud et ses alliés extrémistes entendent faire passer une loi qui annule le droit de citoyenneté des non juifs. Si c’est le cas, Israël sera un Etat exclusivement pour les juifs. Et une telle loi deviendrait l’assise nécessaire pour expulser les Palestiniens.
En réalité, le projet de loi, qui relève du nationalisme juif, n’est pas dissocié du fascisme et du racisme de la société israélienne. En novembre dernier, les résultats d’un sondage d’opinion élaboré par l’Institut israélien de la démocratie a révélé que 40% des Israéliens estiment qu’il est normal de leur octroyer des droits au détriment des Arabes israéliens, et 60% pensent que ces derniers ne doivent pas avoir le droit de vote. Ces taux montrent à quel point le racisme contre les Arabes israéliens et les Palestiniens est ancré dans la société israélienne. Ces taux sont aussi utilisés pour légitimer toutes les actions anti-arabes.
L’image devient plus sombre en scrutant la situation des Palestiniens, en proie à l’occupation et à la division. Surtout avec les informations qui sont transmises de temps à autre sur une possibilité que le président Mahmoud Abbas (Abou-Mazen) soit obligé de quitter son poste à cause de problèmes de santé, à un moment où les mécanismes de transfert de pouvoir font défaut. Ce qui mettrait l’Autorité palestinienne en danger au niveau de la représentation devant Israël.
En même temps, la situation est d’autant plus complexe à cause des trébuchements de la réconciliation palestinienne malgré les efforts égyptiens qui avaient abouti à un accord entre le Fatah et le Hamas en octobre 2017. Un nombre d’obstacles continuent à bloquer la réconciliation, entre autres la difficulté de parvenir à un consensus sur la stratégie à mener afin de créer un Etat face aux pressions oeuvrant à imposer une solution régionale ne reconnaissant pas les droits palestiniens.
Dans ce contexte, il est digne de mentionner que la politique du président Abou-Mazen n’est pas appréciée par les Palestiniens. Cette politique se compose de deux volets. Le premier concerne l’action étrangère contre l’alignement américain sur Israël, une action reposant sur les trois célèbres « non ». Le premier s’oppose au rôle américain exclusif dans le parrainage du processus de paix. Par conséquent, Abbas refuse de rencontrer les responsables américains jusqu’à ce que Trump renonce à sa décision de considérer Jérusalem comme la capitale éternelle d’Israël. Le deuxième « non » est adressé au « marché du siècle », c’est-à-dire le nouveau plan de paix américain qui n’a pas encore été officiellement proclamé. Alors que le troisième « non » est contre les pressions qui sont exercées à l’encontre de l’Autorité palestinienne afin de stopper ses actions diplomatiques pour devenir membre à part entière dans les instances internationales.
Ces trois « non », qui représentent l’essence de l’action diplomatique palestinienne, ne représentent cependant pas une alternative pratique dans le cas d’éventuelles négociations avec Israël. En même temps, alors que les puissances internationales hésitent à parrainer de telles négociations, il faudra beaucoup de temps avant que la Palestine ne devienne membre à part entière en tant qu’Etat aux instances internationales. Ce qui donnera à Israël amplement le temps de manoeuvrer et de judaïser davantage les territoires occupés en Cisjordanie.
Sur le plan interne, le président Abou-Mazen tient à tenir une réunion avec le Conseil national palestinien sous l’ombrelle de l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP). Et puisque les deux mouvements du Hamas et du Djihad islamiste ne sont pas des membres de l’OLP, les prochaines décisions du Conseil national ne seront pas représentatives d’une quelconque entente palestinienne. Ce qui complique la situation est la décision du Front populaire de la libération de la Palestine à renoncer à la participation à cette conférence prévue à Ramallah en avril prochain .
Lien court: