Le Sénat américain a adopté, le 27 juillet, à la quasi-unanimité, un projet de loi imposant des sanctions contre l’Iran. Les sanctions portent sur le programme balistique de Téhéran, les droits de l’homme et le soutien de la République islamique à des groupes comme le Hezbollah libanais qualifiés de « terroristes » par les Etats-Unis. Dans un contexte de fortes tensions américano-iraniennes depuis l’arrivée au pouvoir de M. Trump, le Trésor américain a également imposé de nouvelles sanctions contre le programme de missiles balistiques iranien qui, pour Washington, reste incompatible avec la résolution 2 231 du Conseil de sécurité de l’Onu (votée en 2015 après l’accord nucléaire) et a un impact déstabilisateur dans la région.
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier dernier, le président Donald Trump adopte une politique plus ferme à l’égard de l’Iran que celle de son prédécesseur Barack Obama, même si, dans le fond, l’attitude de Washington vis-à-vis de la République islamique n’a pas vraiment changé. Le chef de l’exécutif américain a à maintes reprises menacé Téhéran, estimant que ce pays « soutient le terrorisme et alimente l’instabilité dans la région ». Cette attitude américaine s’explique par la grande proximité de la nouvelle Administration en place à Washington, avec deux des plus grands ennemis de l’Iran dans la région, à savoir Israël, allié stratégique des Américains, et l’Arabie saoudite, avec qui Trump vient de conclure un contrat d’armement faramineux d’un montant de 339 milliards de dollars. En multipliant les menaces contre l’Iran, Trump veut donc rassurer ses deux alliés régionaux. Mais ce n’est pas tout. La politique d’endiguement des Etats-Unis à l’égard de Téhéran s’explique aussi par des considérations stratégiques. L’Iran est le grand allié de la Russie dans la région, mais aussi de la Chine, et forme avec ces deux pays un front opposé à l’expansion de l’Otan vers l’Est. Téhéran, impliqué dans le conflit syrien, constitue aussi une menace directe pour Israël, à travers son soutien au Hezbollah libanais.
Mais parallèlement à cette politique d’endiguement à l’égard de l’Iran, Washington s’est bien gardé jusqu’à présent de sortir de l’accord sur le nucléaire. Depuis que cet accord a été en vigueur, l’Administration américaine doit attester tous les trois mois devant le Congrès que ses termes sont respectés. L’Administration Trump en avait attesté une première fois en avril dernier et l’a refait le 17 juillet, en dépit du lancement au printemps d’un réexamen de la position américaine vis-à-vis de l’accord nucléaire.
L’Administration américaine sait qu’elle ne peut pas le remettre en cause sans se mettre à dos les autres grandes puissances qui l’ont conclu. En mai dernier, en pleines élections iraniennes, l’Administration américaine était allée jusqu’à accepter de poursuivre la levée des sanctions liées au nucléaire. Sans doute une bouée de sauvetage lancée au président iranien, Hassan Rohani, et les réformateurs iraniens.
Lien court: