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Trump attaque

Lundi, 10 avril 2017

Personne n’attendait cette attaque américaine sur un aéroport militaire syrien, tant les déclarations de Donald Trump ne laissaient pas prévoir un tel scénario. Tout le long de sa campagne électorale, le président américain avait tenu un discours isolationniste prônant notamment un désengagement américain des zones de conflit dans le monde. En 2013, en pleine crise des armes chimiques sous l’Administration Obama, Trump avait rejeté toute idée d’une intervention américaine en Syrie. Le chef de la Maison Blanche a répété à maintes reprises que sa priorité était la lutte contre le terrorisme et les groupes armés en Syrie.

Mais le plus prévisible avec le président Trump est justement son imprévisibilité. Il vient de démontrer qu’il peut frapper à tout moment. Les frappes contre l’aéroport d’Al-Choayrat viennent en réaction à l’attaque chimique présumée contre le village de Cheikh Cheikhoun, deux jours auparavant. En frappant en Syrie, le président américain réalise toutefois plusieurs objectifs. Il marque d’abord une rupture avec l’Administration Obama au sujet de la Syrie. L’ancienne administration s’était montrée réticente à intervenir sur le territoire syrien. Il prend ensuite ses distances avec la Russie, surtout après les rumeurs qui ont couru au sujet d’une intervention russe dans les élections présidentielles américaines en faveur de Trump. Moscou est engagé militairement dans le conflit syrien depuis 2015 aux côtés du régime syrien.

C’est aussi un signal fort adressé à l’Iran, grand allié du régime syrien. Depuis le début de la crise en Syrie, Téhéran est engagé avec force aux côtés du régime du président Bachar Al-Assad et dispose de troupes sur le terrain.

La question à présent est de savoir si ces frappes constituent un tournant dans le conflit syrien. Les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils étaient prêts à lancer de nouvelles frappes contre le régime syrien. « Nous sommes prêts à en faire plus, mais nous espérons que cela ne sera pas nécessaire », a prévenu l’ambassadrice américaine aux Nations-Unies, Nikki Haley, devant le Conseil de sécurité. La diplomate américaine s’exprimait lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, consacrée à la première action militaire de Washington contre le régime de Bachar Al-Assad. Mais en dépit de ces déclarations, il peut être probable que l’on soit face à un changement de la politique américaine en Syrie. La frappe américaine sur Al-Choayrat a une portée purement symbolique. Car il faudrait des semaines de bombardement intensif pour affaiblir les capacités militaires du régime syrien .

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