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Où va la Syrie ?

Sunday 11 déc. 2016

L’entrée de l’armée syrienne dans le secteur rebelle d’Alep, où elle contrôle désormais 85 % de ce secteur, augure une imminente vic­toire du régime syrien et de son allié russe. Réunis cette semaine à Paris, les chefs de la diplomatie de dix pays occidentaux et arabes opposés au pouvoir syrien (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats et Jordanie) se sont penchés sur l’après-Alep. Il s’agissait en réalité de limiter l’effet de la victoire mili­taire et politique de la Russie dans le contexte d’une chute imminente de la ville aux mains du régime de Damas. Il a été notamment ques­tion de définir les conditions d’une « vraie transition politique » apte à garantir l’avenir d’une Syrie paci­fiée. « Il faut que des négociations reprennent sur des bases claires dans le cadre de la résolution 2254 de l’Onu », a déclaré le ministre fran­çais des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Et d’annoncer que l’opposition syrienne est « prête à reprendre les négociations sans condi­tions préalables ».

Mais quelle opposition et quelles négociations ? Avec la chute immi­nente d’Alep, le régime syrien est plus que jamais en position de force. Il est inconcevable dans de telles conditions qu’il négocie avec l’opposition. Faut-il rappeler que toutes les négociations indirectes qui ont eu lieu entre le régime et l’opposition sous l’égide de l’Onu à Genève ont échoué, le régime n’ayant jamais accepté de rentrer dans les détails d’une transition politique.

A présent qu’il a pris l’ascen­dant sur les rebelles, il est hors de question pour Damas et Moscou de négocier une éventuelle transi­tion. De plus, la seule opposition qui pourrait jouer un rôle dans le cadre d’une éventuelle transition est celle dirigée par l’ancien pre­mier ministre ayant fait défection, Riad Hijab. Or, ni Damas ni Moscou n’ont jamais voulu recon­naître sa légitimité. Les Occidentaux ne disposent pas de cartes réelles pour amener le régime syrien à négocier. Alors que la chute d’Alep est immi­nente, la Russie parle déjà d’un plan Marshall pour reconstruire la Syrie, laissant ainsi entendre que le gagnant de la bataille d’Alep a déjà remporté la guerre.

La chute d’Alep, si elle se confirme, est un coup dur pour les rebelles mais elle ne mettra pas fin à la guerre pour autant. Et il est probable que le duel sun­nite-chiite se poursuive en Syrie, avec d’un côté le régime syrien, Moscou et Téhéran, de l’autre la Turquie et les pays du Golfe. Après Alep, le régime syrien se focalisera sans doute sur la pro­vince d’Idleb encore aux mains des djihadistes. Il doit aussi faire face à la menace de l’Etat isla­mique. Le groupe extrémiste est entré cette semaine à nouveau dans Palmyre, où des combats ont eu lieu contre l’armée syrienne régulière. La guerre qui a fait depuis mars 2011 plus de 300 000 morts et jeté sur les routes plus de la moitié de la population n’est pas encore terminée .

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