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Le bourbier syrien

Samedi, 30 avril 2016

Tandis que les pourparlers de Genève sur la crise syrienne ont été suspendus, la trêve conclue entre le régime syrien et les rebelles, parrainée par les Etats-Unis et la Russie, s’est totalement effondrée. Le régime a, en effet, repris de plus belle ses bombardements sur la ville d’Alep. La destruction par ses forces d’un hôpital pédiatrique où ont été tués une trentaine de civils a soulevé cette semaine une forte émotion. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a qualifié cet acte « d’inexcusable ». Et pour le Comité international de la Croix-Rouge, Alep est désormais aux portes d’un désastre humanitaire. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a appelé les parties en conflit à s’engager de nouveau dans une trêve qu’elle a qualifiée d’« indispensable ». Un accord russo-américain a été annoncé sur l’entrée en vigueur d’un arrêt des hostilités, samedi, sur deux fronts, mais pas à Alep. L’accord porte sur le nord de la région de Lattaquié, un fief du régime dans l’ouest du pays, et la Ghouta orientale, une région rebelle à l’est de Damas.

Les échecs successifs des pourparlers de paix sur la Syrie et l’implication de puissances régionales et internationales n’ont fait qu’exacerber le conflit syrien. En effet, la Syrie est devenue un terrain de guerre par procuration entre les sunnites et les chiites d’une part, et la Russie et les Occidentaux de l’autre. L’offensive sur Alep ne fait pas exception à cette règle. Depuis le retrait partiel des troupes russes engagées en Syrie au côté de Bachar Al-Assad, le régime syrien privilégie, avec l’appui de Moscou et de Téhéran, la lutte contre les groupes rebelles soutenus par l’Arabie saoudite et la Turquie, et ceux soutenus par l’Occident comme l’Armée Syrienne Libre (ASL), laissant en retrait la lutte contre Daech dans l’est du pays. L’offensive du régime sur Alep bénéficie de l’appui de la Russie et de l’Iran, qui a fourni des dizaines de milliers de combattants chiites venus d’Iraq avec un financement iranien. Le siège autour d’Alep vise principalement à couper les lignes de ravitaillement des groupes rebelles avec la Turquie et à les séparer des populations civiles. Tandis que les Occidentaux privilégient la lutte contre l’Etat islamique, le régime syrien et ses alliés russe et iranien sont engagés dans un bras de fer avec l’Arabie saoudite et la Turquie.

Cinq ans après le déclenchement de la révolution en Syrie, rien ne permet d’augurer de la fin du conflit dans ce pays. Et il semblerait que les Syriens soient condamnés à subir longtemps encore les affres de la guerre civile.

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