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Moscou, Téhéran et la crise syrienne

Lundi, 18 avril 2016

La crise syrienne se poursuit. Tandis que la Russie semble prête à lâcher son allié de toujours Bachar Al-Assad, l’Iran est plus que jamais déterminé à le soutenir. Des médias occidentaux ont fait état cette semaine de l’envoi, par Téhéran, de troupes régulières en Syrie pour aider le régime de Damas. Si l’information venait à se confirmer, ce serait la première fois depuis la Révolution islamique de 1979 que Téhéran envoie des troupes régulières en dehors de son territoire. Depuis le déclenchement de la révolution syrienne en mars 2011, l’Iran avait maintenu une présence discrète sur la scène syrienne à travers le déploiement des troupes d’élites des Gardiens de la révolution. L’Iran possède aussi des conseillers militaires sur le sol syrien pour aider Damas dans sa lutte contre les mouvements extrémistes comme Daech et Al-Nosra.

La décision de l’Iran d’envoyer des troupes en Syrie reflète les craintes du régime islamiste face à ce qui pourrait être considéré comme un « désengagement russe vis-à-vis de Bachar Al-Assad ». Des diplomates russes avaient laissé entendre la semaine dernière que Moscou et Washington étaient « plus proches que jamais au sujet de la crise syrienne ». Début mars, le directeur de la CIA, John Brennan, effectuait une visite à Moscou pour discuter de la transition politique en Syrie et du départ de Bachar Al-Assad. Brennan a réitéré à Moscou la position américaine en faveur d’une véritable transition politique en Syrie et du départ d’Assad.

La Russie, alliée de longue date de la Syrie, avait mené en septembre dernier une vaste campagne aérienne contre les groupes extrémistes qui combattent le régime d’Assad. Cette campagne a permis la libération de plusieurs territoires contrôlés par ces groupes.

Mais Moscou semble aujourd’hui disposé à accepter un départ de Bachar Al-Assad. La Russie a annoncé mi-mars qu’elle retirait ses forces présentes en Syrie. Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a fait savoir que Moscou ne considère plus comme « impératif » le maintien d’Assad au pouvoir. Si sur le court terme, Assad est pour les Russes une figure symbolique qui incarne l’ordre en Syrie, sur le plus long terme, Moscou semble ouvert aux suggestions occidentales sur l’après-Assad. Selon certains observateurs, le désengagement russe est dû à un rapprochement entre Moscou et les pays du Golfe opposés au régime de Damas. Les Russes cherchent en effet à remédier aux conséquences des sanctions économiques imposées à leur encontre par les Occidentaux dans la crise ukrainienne. Ce qui compte le plus pour Moscou c’est de garder sa présence en Syrie et d’empêcher les extrémistes de prendre le pouvoir. Mais au-delà, peu lui importe. La Russie craint qu’avec le maintien d’Assad, la Syrie ne se transforme en un nouvel Iraq ou une nouvelle Libye.

Quant à l’Iran, ses intérêts stratégiques en Syrie sont clairs : ce pays situé face à Israël constitue un trait d’union avec le Hezbollah libanais. De plus, la chute de Bachar signifierait aux yeux de Téhéran la persécution de la minorité chiite alaouite au pouvoir à Damas. L’intervention iranienne augmente la tension d’un cran en Syrie et constitue un message clair destiné aux pays du Golfe, selon lequel Téhéran n’est pas disposé à abandonner facilement ses intérêts stratégiques en Syrie.

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