L’esprit de responsabilité est une qualité, surtout quand il constitue la base de tout comportement. Or, il semble que cette conception a disparu avec la polarisation politique et le conflit élitiste actuels en Egypte. La scène politique peut supporter les différends, mais pas la polarisation, alors que la situation du pays nécessite des débats et non des disputes. Cela s’applique autant à ceux qui sont au pouvoir qu’à ceux dans l’opposition.
Les responsables au pouvoir ont l’autorité de prendre des décisions et de les appliquer, conformément à la fonction qu’ils occupent. Cela signifie que ces responsables doivent considérer le peuple dans sa globalité, y compris l’opposition qui possède le droit de critiquer. De plus, l’opposition a également le pouvoir de motiver les foules. Et si elle appelle les gouvernants à adopter l’objectivité et l’ouverture d’esprit, elle doit de même s’éloigner de toute vision individuelle puisque la responsabilité retombe autant sur le pouvoir que sur l’opposition.
Il faut préciser que nous passons par une phase transitoire critique et perturbée qui nécessite de la part de tous, le pouvoir, l’opposition et le peuple, beaucoup de compréhension. Malgré le différend autour de la Constitution, celle-ci est devenue une réalité. Cependant, ce texte ne suffit pas pour asseoir le pouvoir. L’appui réel réside dans la confrontation des problèmes du pays. Et si les foules remplissent les rues et les places des villes, ce n’est pas un appui suffisant pour l’opposition. Sa force réelle est de se comporter avec responsabilité vis-à-vis des problèmes du pays.
Il est actuellement question à l’intérieur de l’Egypte d’une situation économique critique alors que la production est en berne. Il existe également des problèmes au niveau de l’enseignement, de la santé, du logement et des routes. Quelle est alors l’utilité du différend entre le pouvoir et l’opposition autour de certains textes constitutionnels ou des législatives, si aucun n’aboutit à la résolution de nos difficultés chroniques ? Si l’opposition était responsable, elle aurait accepté, du moins partiellement, de participer au dialogue national et aurait fait de son mieux dans la résolution de ces problèmes.
Au niveau intérieur, nous sommes sur le point d’organiser des législatives qui seront peut-être les plus importantes de l’histoire moderne de l’Egypte, puisqu’elles auront lieu conformément à la nouvelle Constitution. Il est même probable que l’Assemblée du peuple assumera la responsabilité de choisir le premier ministre. De plus, ces élections s’inscrivent après un référendum dont les résultats ont prouvé que l’opposition jouissait d’une bonne présence dans le pays. L’esprit de responsabilité implique donc que l’opposition participe à l’élaboration de la loi électorale pour éviter plus tard de regretter de s’être éloignée de sa réalisation.
Il y a un autre point digne d’intérêt qui doit être souligné. Il s’agit du Conseil consultatif actuel, a qui est confié le pouvoir législatif. Partant de la responsabilité nationale, il faut se mettre d’accord sur les lois dites importantes et reporter les autres jusqu’à la formation de la nouvelle Assemblée du peuple. Dans ces deux entités, le rôle de l’opposition est important.
De telles questions nécessitent une forte responsabilité pour trouver la bonne voie permettant de servir le pays, au lieu de tomber dans un cercle vicieux effrayant quand on se penche sur la situation des relations extérieures. En effet, les problèmes extérieurs menacent le pays. Nous avons hérité un accord de paix avec l’ennemi sioniste conformément auquel la souveraineté égyptienne sur le Sinaï est limitée. Cette région a été divisée en 3 alors que l’autorité sécuritaire des forces armées diffère clairement d’une région à une autre. Comment l’esprit collectif des citoyens a-t-il oublié cette cause importante ?
Les évolutions au Soudan, les mutations en Libye, les changements entre le gouvernement du Hamas à Gaza et l’ennemi sioniste, tout cela fait que l’Egypte est entourée de situations instables qui influencent sa sécurité nationale. Et voilà que les citoyens sont toujours préoccupés par les combats intérieurs alors que les trafics d’armes, de drogues et d’autres sont énormes sur nos frontières. Il est de la responsabilité autant du pouvoir que de l’opposition de mettre le peuple en garde contre ces menaces.
L’Egypte est la façade du continent africain et l’un des points de liaison entre l’Afrique et l’Europe. Le marché africain au niveau de l’import-export peut apporter à l’Egypte une bonne occasion de croissance économique, grâce au lien historique avec ces pays africains, que ce soient les anglophones à l’est ou les francophones à l’ouest. Et dans le cas du développement de la région du Canal de Suez, le commerce venant de l’Europe vers l’Afrique peut être exploité dans des industries de transformation sur les rives du Canal.
Quelqu’un s’intéresse-t-il à ces questions ou est-ce que tout le monde est occupé par les problèmes intérieurs, dont on ne nie pas l’importance, mais qui peuvent être étroitement liés à ce qui se passe à l’étranger ou sur nos frontières ?
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