15 coptes se sont imposés lors de la première étape des élections parlementaires, dont 3 candidats indépendants et 12 de listes. Et les coptes prévoient une victoire certaine de 12 autres candidats de listes lors de la seconde étape, en plus de quelques-uns qui pourraient remporter d’autres sièges dans d’autres circonscriptions. Il est donc prévu que le nombre de députés coptes dans le nouveau parlement dépasse le nombre de 30, si l’on prend aussi en considération que le président de la République peut nommer 28 députés, dont quelques coptes.
C’est la première fois depuis la moitié du XXe siècle qu’autant de coptes sont élus sous la coupole. Auparavant, la représentation copte était limitée et les sièges étaient dans la plupart des cas obtenus par nomination. Cette évolution de 2015 doit ainsi être interprétée.
D’abord, la Constitution a adopté un système de quotas parlementaires pour un nombre de catégories sociales, dont les coptes. Ceci signifie que 24 députés de listes obtiendront des sièges en plus de quelques autres candidats qui peuvent disputer des sièges individuels. Ensuite, l’absence du courant islamique, c’est-à-dire des Frères musulmans et de leurs alliés, a diminué la polarisation religieuse dont les coptes payaient généralement le prix, puisque les islamistes avaient recours aux mécanismes de mobilisation religieuse pour faire face à tous ceux qui sont différents au niveau religieux (les coptes) ou politique (les courants gauchistes et libéraux). Puis, la révolution de janvier 2011 et les transformations politiques qui l’ont suivie ont donné naissance à une catégorie de coptes devenus membres de partis politiques, ou activistes dans le domaine syndical par exemple. Ceux-ci sont impatients de s’engager dans la vie politique, dépassant la polarisation religieuse.
La participation politique des coptes à la vie politique est un pas important. En effet, la faiblesse de la représentation parlementaire des coptes était un problème réel, noté par plusieurs études ces deux dernières décennies. Le régime de Juillet 2013, depuis ses débuts, a considéré que les coptes faisaient partie du régime, et ils ont été nommés au parlement, poursuivant une tradition installée sous Moubarak. De manière générale, les coptes nommés au parlement avaient des similitudes comme celles d’être proches du régime, d’éviter d’intervenir dans les problèmes coptes, de ne pas s’engager dans la vie politique et de se contenter de la vie professionnelle. Cette situation a poussé tous les coptes d’Egypte, à part quelques exceptions, à ressentir que les députés coptes sous la coupole ne les représentaient pas. Il est donc évident que la hausse de la représentation des coptes au parlement constitue une évolution importante, mais implique en même temps de nombreux risques. Le plus important de ces risques réside dans l’avenir même de cette représentation puisque la hausse actuelle est principalement due à l’application du système des quotas, même pour une seule fois. L’avenir dépend donc du système de vote qui sera adopté ultérieurement. Le système de vote individuel diminuera inéluctablement les chances des coptes, tandis que le vote par liste est plus favorable. Par ailleurs, les députés coptes dans le parlement qui se forme doivent assumer la responsabilité de dépasser la représentation confessionnelle, c’est-à-dire être en contact avec la base des électeurs de façon à garantir d’être élus à l’avenir pour leurs compétences et non pour des considérations religieuses.
Il existe une autre problématique qu’affrontent les députés coptes et qui réside dans leurs relations avec l’Eglise orthodoxe. Une problématique très compliquée en particulier quand on entend dire qu’il existe une coordination et un soutien de la part de l’Eglise pour certains candidats, et qu’elle intervient dans le choix de certains candidats sur les listes électorales. Ce qui fait que l’Eglise reste une composante active dans le processus politique. Quelle que soit la réalité de ces informations, la relation entre les députés coptes et l’Eglise restera un sujet de polémique, en particulier dans les milieux coptes qui ont d’autres choix à part ceux soutenus par l’institution religieuse copte .
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