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La Russie et le conflit syrien

Lundi, 28 septembre 2015

Avec son déploiement dans l’est de la Méditerranée et son aide militaire à Damas, la Russie reprend l’initiative dans le conflit syrien. Moscou a annoncé que ses forces navales procéderaient à des manoeuvres militaires dans les eaux internationales dans l’est de la Méditerranée. Par ailleurs, des avions-cargos russes transportant des équipements et du personnel ont atterri au cours des deux dernières semaines sur la base militaire de Hmeimim dans la province de Lattaquié, fief du régime syrien. Les Russes ont déployé en Syrie des avions de combat, des systèmes de défense aérien et des équipements modernes, dont une partie a été cédée à l’armée syrienne en guerre contre les terroristes de Daech notamment. Ainsi et pour la première fois cette semaine, l’armée syrienne a utilisé des drones fournis par la Russie. Et les Russes ont mené des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie.
Pourquoi cette « intervention » russe ? Et surtout comment va-t-elle se répercuter sur un conflit vieux de quatre ans et demi et qui a déjà fait 240 000 morts ? Moscou a annoncé qu’il voulait « combattre les djihadistes de l’EI, en guerre contre le régime de Bachar Al-Assad ».
Mais les raisons de cette intervention russe sont plus profondes et plus complexes. Moscou veut en premier lieu garder l’une de ces dernières zones d’influence au Proche-Orient. La Syrie entretient des liens stratégiques avec Moscou depuis la période de la Guerre froide. Et depuis le début de la guerre civile, le régime syrien a toujours compté sur l’appui politique de Moscou contre les Occidentaux mais aussi sur son aide logistique. Mais Damas s’est surtout appuyé ces dernières années sur son autre grand allié régional, à savoir l’Iran, qui lui fournit une aide militaire directe : des armes et surtout des combattants à travers le Hezbollah libanais. Au cours des dernières années, le régime syrien est devenu plus tributaire de l’Iran que de la Russie.
Ceci au moment où Téhéran vient de signer un accord nucléaire avec les Occidentaux, qui laisse à penser que la République islamique sera au cours des prochaines années beaucoup moins dépendante de la Russie. Poussé vers la porte de sortie, Moscou a décidé d’agir pour conserver son influence dans la région. Le maintien de liens rapprochés avec Damas garantit à la Russie un accès aux mers chaudes à travers la base navale de Tartous, sur la côte syrienne. Celle-ci est essentielle pour la présence russe en Méditerranée orientale. Depuis l’accord de 1971, cette base sert de point de ravitaillement et de base logistique.
Mais d’autres considérations pourraient entrer en ligne de compte. L’appui militaire russe à Damas inquiète les Occidentaux. Or, l’implication russe dans le conflit syrien pourrait servir de carte de pression pour amener ces derniers à faire des concessions sur d’autres questions, notamment l’Ukraine, ou les sanctions occidentales imposées à la Russie.
Bien qu’il soit peu probable qu’une opération militaire russe directe et d’envergure puisse avoir lieu en Syrie, en raison notamment des difficultés logistiques, mais aussi financières auxquelles est confrontée la Russie, Moscou apparaît pour la première fois comme un acteur direct dans le conflit syrien et une force capable d’influencer le cours du conflit .
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