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La révolution administrative

Lundi, 18 mai 2015

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a décrit l’appareil administratif égyptien comme « branlant ». Une description parfaitement adéquate à un appareil souffrant d’inefficacité, dont le volume de travail n’est pas proportionnel à celui du personnel. Et malgré cet état lamentable, l’appareil administratif pratique une oppression dangereuse sur les citoyens. Le président actuel n’est pas le premier à critiquer l’incompétence de cet appareil ; tous les ex-présidents ont fait de même, bien que l’appareil ait subi de fortes détériorations à des époques diverses.

En effet, l’appareil administratif a toujours été un obstacle à l’application du socialisme de Nasser, l’ouverture de Sadate et la réforme économique de Moubarak. Et il n’a subi aucun changement palpable après la révolution de janvier 2011. Cet appareil devient un handicap qui empêche tout essor dans le domaine du développement.

Les efforts de réforme de l’appareil administratif ne sont pas nouveaux, et ont même parfois acquis une appellation « radicalistes », pour être parfois nommés « révolution administrative ». Cependant, ces efforts ont prouvé leur inefficacité. Au contraire, l’appareil administratif s’est forgé un système propre à lui-même, se basant sur un réseau d’intérêts pour devenir un intermédiaire entre le citoyen et le pouvoir avec tous les vices de cette relation : la centralisation, le despotisme, la corruption, la routine ...

Les plans et les programmes de réforme sont comptés par centaines, rangés dans les tiroirs sous forme de thèses universitaires, rapports, livres. Et les efforts réalisés sont minimes, restant incapables de changer l’environnement administratif et se contentant d’aborder quelques concepts comme diminuer le volume de l’appareil, la privatisation, la formation, l’informatisation, diminuer les étapes administratives, la décentralisation, la lutte contre la bureaucratie ... etc. Personne ne peut nier l’importance de ces tendances. Or, le plus important est qu’il y ait des directeurs jeunes et compétents capables d’élaborer des plans et budgets, de motiver le personnel administratif, d’être créatifs au niveau de l’exécution, d’assimiler les problèmes et de leur trouver des solutions rapides afin de réaliser des acquis palpables.

Tout ceci l’Inde l’a fait après avoir obtenu son indépendance en 1947, grâce à la fondation de l’institut d’études administratives afin de former des directeurs pour les administrations à l’époque du premier ministre, Nehru. Puis l’institut a eu plusieurs branches partout dans le pays. Et à la tête de tous les instituts, il existe un haut comité chargé d’élaborer les programmes, d’en suivre l’exécution, et surtout d’en assurer régulièrement la modernisation. Ce comité profite d’une auto-administration et l’institut d’études administratives en Inde est devenu l’un des plus importants au niveau mondial, formant des cadres administratifs compétents destinés aux domaines public et privé.

Il existe également un exemple d’expertise moderne en Espagne à travers l’institut de gestion des affaires à Madrid, fondé en 2009. En quelques années l’institut est devenu le plus important d’Europe et reçoit des élèves en provenance de plus de 90 pays pour des études spécialisées dans différents domaines comme l’administration exécutive.

Pour revenir à l’Egypte, il faut avouer que le système éducatif donne naissance à des esprits tous identiques qui conviennent au travail administratif, mais qui ne sont pas assez compétents et ne peuvent entrer en concurrence avec des fonctionnaires de n’importe quel autre pays. Il faut à l’Egypte des instituts spécialisés d’études administratives pour former des « directeurs », compétents et cultivés. C’est-à-dire des cadres administratifs capables de prendre des décisions tout en exécutant une réforme législative et organisationnelle au sein des institutions administratives. L’objectif est clair : répandre une nouvelle culture de travail qui réanimera l’appareil administratif .

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