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Penser l’école post-Covid

Marianne William, Mardi, 21 septembre 2021

Organisé chaque année par l’Institut Français d’Egypte (IFE), le séminaire des écoles bilingues francophones 2021 s’est intéressé à l’impact du Covid-19 sur l’éducation. Focus.

Penser l’école post-Covid
Les écoles bilingues francophones ont toutes répondu présent à cet événement spécial.

Visages masqués mais yeux souriants et brillants d’espoir. Ainsi on voit le public du séminaire des écoles bilingues qui ont toutes répondu présent, malgré la pandémie, à cet événement spécial organisé chaque année par l’Institut Français d’Egypte (IFE) qui réunit professeurs et chefs d’établissement des écoles bilingues francophones en Egypte. Le séminaire a eu lieu au Collège du Sacré-Coeur Ghamra, les 12 et 13 septembre, et a été accueilli par soeur Geneviève DeThelin. « Covid-19 : Quels impacts sur l’éducation ? », tel est le titre du séminaire, qui a permis « d’approfondir la réflexion autour de cette crise qui est la plus importante depuis un siècle », assure Christine Gourjux, attachée de coopération pour le français à l’IFE, ajoutant que les conférences et ateliers ont été animés par 6 experts-chercheurs égyptiens et français « hautement qualifiés ». « C’est une année scolaire très spéciale, avec le Covid-19. Elèves, parents, enseignants, mais aussi direction des écoles ont tous fait face à une situation inédite », estime Dr Mariam Bedwani, psychiatre, expliquant que l’enseignant va se retrouver cette année devant un élève qui a vécu un temps difficile. Loin des amis et des activités, sans routine, il a passé presque tout son temps devant les écrans. Aussi pourrait-il avoir des problèmes comportementaux, comme l’agression et l’hyperactivité. De même, l’enseignant pourrait remarquer un manque de concentration chez les élèves et un retard de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, surtout avec « les lacunes des programmes scolaires qui n’ont pas été bien acquis à cause de la fermeture des écoles les deux années précédentes ». Dr Mariam Bedwani met l’accent sur le stress qu’ont subi les enseignants, qui ont été obligés de faire évoluer leurs pratiques et d’introduire l’enseignement à distance.

« Ici et maintenant »

Dans sa conférence, Dr Mariam Bedwani a invité les enseignants et les personnels de direction à être positifs et à considérer « aujourd’hui » comme un cadeau. « Regardons, pensons et parlons positivement au lieu de se plaindre tout le temps, sourions et créons une atmosphère gaie au travail et dans nos maisons ; essayons de diviser la grande tâche en petites réalisables ; et surtout regardons à long terme, après la pluie le beau temps ! », telle est la recette du Dr Bedwani pour réussir une nouvelle année scolaire.

Penser l’école post-Covid
Les conférences et ateliers du séminaire ont été animés par 6 experts-chercheurs égyptiens et français.

En fait, bien que les deux années passées aient eu des impacts négatifs, la situation n’est pas irrémédiable. « La fermeture des établissements scolaires a entraîné un décalage dans l’acquisition de certaines compétences scolaires mais aussi socio-émotionnelles. Ces décalages ne sont pas homogènes dans la population. Ils touchent plus fortement les enfants issus de familles défavorisées et les enfants d’élémentaire. Néanmoins, il n’y a pas de fatalisme ! Les données suggèrent également que les élèves peuvent rattraper leur retard », explique Dr Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation (Université de Paris). Selon lui, l’enjeu pour les enseignants et les parents est de motiver les enfants à apprendre suite à cette longue période d’école à la maison, voire sans école pour certains d’entre eux. « La littérature scientifique démontre par exemple que donner du sens aux apprentissages, encourager l’enfant et fixer des objectifs en termes de maîtrise et d’acquisition des compétences sont des leviers puissants pour développer la motivation des élèves et leur plaisir d’apprendre. Un autre élément-clé dans cette ère post-Covid est de mieux former les parents à accompagner les apprentissages scolaires fondamentaux de leurs enfants, en particulier pour les parents de milieux défavorisés. C’est tout l’enjeu du projet que nous menons dans 120 classes de milieux défavorisés des académies de Paris et Versailles en partenariat avec Sciences Po », explique Dr Grégoire Borst, ajoutant que les premiers résultats de cette intervention devraient être connus d’ici un an et si les résultats sont concluants, elle a vocation à être diffusée à plus large échelle.

Plusieurs ateliers

Afin de sensibiliser et former les enseignants aux mécanismes de la mémoire et d’en savoir plus sur les modalités pédagogiques, adaptées au fonctionnement cognitif, qui permettent de rendre plus efficace l’acquisition des savoirs, Jean-Luc Berthier, proviseur honoraire, ancien responsable de la formation des personnels de direction à l’Ecole supérieure de l’éducation nationale (ENA, France) et spécialiste en sciences cognitives de l’apprentissage, a donné une conférence sous le titre de « Les processus cognitifs de la mémorisation au service d’une pédagogie efficace ». De plus, il a animé un atelier pour les personnels des directions des établissements scolaires dans le but de monter et d’accompagner un projet pédagogique éclairé par les sciences cognitives.

D’autres ateliers ont également été animés par des spécialistes, tel celui sur « Les troubles de l’apprentissage », animé par Eglal Chenouda, orthophoniste et directrice du SETICenter-Caritas Egypte, et Nadia Abdallah, pédiatre et conseillère au SETICenter-Caritas Egypte. « Les ateliers ont permis d’aborder l’école inclusive et les retours d’expériences des établissements suite à la pandémie. Ce fut un temps riche en échanges qui a contribué à préparer la rentrée scolaire et à réfléchir à l’école de demain », conclut Christine Gourjux.

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