« Je vais bientôt avoir passé plus de temps en Egypte que dans mon propre pays »

Christian Leblanc, directeur de recherche émérite au CNRS, directeur de la mission archéologique française de Thèbes Ouest et conseiller scientifique permanent auprès du Centre d’Etudes et de Documentation sur l’Ancienne Egypte (CEDAE).
En Egypte, j’ai toujours travaillé avec mes collègues égyptiens dans un climat de grande confiance et d’amitié partagées, ce qui explique la belle coopération scientifique que nous avons pu mettre en place depuis tant d’années et qui continue de fructifier dans une parfaite harmonie avec le ministère des Antiquités. La richesse archéologique de l’Egypte est inépuisable, et bien des générations seront encore nécessaires pour étudier cette prestigieuse civilisation qui a tant apporté à l’histoire de l’humanité. Pour ma part, après autant d’années passées dans ce beau et riche pays, dans cette contrée chaleureuse, généreuse et si accueillante, j’avoue ne plus avoir envie de la quitter. A bien y réfléchir, je vais bientôt avoir passé plus de temps en Egypte que dans mon propre pays ...
« J'aime la simplicité de la vie en Egypte »

Alban de Ménonville, 31 ans, entrepreneur social (dans le domaine du développement).
Je suis entrepreneur, j’habite depuis 8 ans en Egypte et je ne compte pas repartir de sitôt. J’ai créé une start-up dans le numérique il y a trois ans. Mais si j’ai choisi de faire ça ici, ce n’est pas seulement pour des raisons professionnelles ou économiques, c’est parce que ce pays me fascine. J’aime l’ambiance, les gens, la simplicité de la vie. J’aime la rue. Le chaos est fatigant, mais il est aussi humain.
L’une des choses les plus choquantes pour moi ici est l’absence totale de conscience écologique. L’Egypte a de nombreuses richesses naturelles, des sites exceptionnels souvent gâchés par la pollution et par un urbanisme sauvage (comme sur la Côte-Nord). Je pense rester en Egypte si les circonstances le permettent et si le gouvernement se montre plus ouvert face à l’innovation et à la création. L’Egypte change en mieux, mais il faut laisser la place aux jeunes. La génération des 25-35 ans sera celle du renouveau.
« Le Caire n'en finit pas de me surprendre »

Sixtine Deroure, 26 ans, monteuse de projets de recherche scientifique (sciences sociales).
Je suis arrivée au Caire il y a 9 mois, pour apprendre l’arabe au Département d’Enseignement de l’Arabe Contemporain (DEAC) à l’Institut français. J’ai choisi de venir ici pour apprendre l’arabe, après avoir passé 8 mois à Beyrouth l’année dernière, mais aussi car je voulais connaître l’une des villes les plus vibrantes et mythiques du monde arabe. Au début, je devais rester entre 4 et 9 mois, mais j’ai finalement décidé de prolonger mon expérience cairote. Bien que Le Caire soit une ville éprouvante à plusieurs niveaux, c’est une ville fascinante, qui n’en finit pas de me surprendre et de m’apprendre. Pour l’instant, mon expérience ici est très intéressante, même si elle comporte des difficultés : pollution, bruit, « harcèlement ». Sans parler des problèmes économiques et politiques que subissent les Egyptiens au quotidien. Je sais que je ne resterai pas éternellement ici, qu’un jour je serai fatiguée de toute cette agitation, mais pour l’instant, je suis fascinée et je sens qu’une partie de moi a encore beaucoup de choses à découvrir et à vivre dans ce pays ! Concernant l’avenir de la recherche en Egypte, je dois vous avouer que je ne suis pas certaine qu’il soit très prometteur, en vue de ce qui s’est passé l’année dernière. Je pense que malheureusement, beaucoup de chercheurs ne veulent plus venir travailler ici.
« La magie du Caire a fait son effet ».
Clément, 27 ans, menuisier.
Je vis au Caire depuis presque deux ans. Ce qui m’a amené en Egypte, c’est la volonté d’apprendre la langue arabe et de connaître la culture des pays du Moyen-Orient. J’ai étudié pendant une année au DEAC, et acquis une base suffisante pour pouvoir commencer à faire des workshops en rapport avec mon métier, la menuiserie. Grâce à ces différents projets, j’ai pu aller à la rencontre des classes sociales les plus diverses, ainsi que parcourir les innombrables souks du Caire. Au début, je trouvais cette ville écrasante, épuisante, sale, polluée. Avec le temps, je me suis habitué et j’ai pris mes repères, mais Le Caire est une ville qui me paraît peu agréable pour les nouveaux arrivants. Puis, la magie du Caire a fait son effet et j’ai fini par apprécier tout ce tumulte. Il y a une facilité dans les rapports humains, qui donne parfois l’impression de vivre dans un village. Le climat est merveilleux. Malgré mes différentes activités, j’ai l’impression souvent d’être en vacances.
Cependant, l’Egypte se trouve face à des problèmes qui semblent difficiles à résoudre, et je pense en premier à la surpopulation. Je me demande comment l’Egypte relèvera les défis auxquels elle est confrontée, notamment nourrir une population sans cesse grandissante.
« L’Egypte est le plus important pays du monde arabe »

Hamid Khouri, 60 ans, conseiller du consortium français pour le métro du Caire.
Cela fait 36 ans que je vis au Caire. L’Egypte, le plus important pays du monde arabe et le pays du croisement des civilisations, attire toujours les groupes financiers, les industriels, mais aussi leurs employés, fascinés par ce grand pays. L’Egypte est le premier pays arabe possédant trois lignes de métro, et je suis fier de faire partie de ce projet et de participer au développement du pays.
Au quotidien, il est vrai que l’expatrié est confronté à quelques difficultés : le non-respect du code de la route, l’absence de trottoirs rectilignes, un désordre total. Le feu rouge semble parfois servir de décoration. D’ailleurs, pour que les gens s’arrêtent vraiment, il faut que ce soit un policier en uniforme qui fasse la circulation.
Mais l’Egypte reste l’un des plus beaux pays du monde, une civilisation extraordinaire, un climat sans pareil et un peuple accueillant et sympathique
« Quelque chose ici fait écho avec ma propre façon d’être »

Diane Augier, 27 ans, artiste plasticienne indépendante.
Je suis arrivée au Caire en octobre 2015 pour étudier l’arabe à l’Institut français. Ça fait deux ans que j’étudie cette langue. L’année prochaine, je vais commencer à travailler dans une institution française et je combinerai donc travail, étude de la langue et projets artistiques.
Durant ma première année et surtout lors des premiers mois, j’avais du mal à être productive ou efficace dans mes journées. Ce sont de nouveaux codes, une nouvelle langue et surtout un autre rapport au temps. J’ai appris que, comme j’aime le dire, « au Caire, rien n’est moins sûr que ce qui est prévu ». Ce qui a vraiment lieu est ce qui est improvisé, et cette spontanéité me plaît énormément. Quelque chose ici fait écho avec ma propre façon d’être. Avec le temps, et surtout grâce aux conseils et à la bienveillance de tous mes ami(e)s égyptiens, j’ai appris à décrypter les codes de cette société qui tantôt vous surprend par son ignorance, tantôt vous séduit par son humanité et son savoir-vivre ensemble.
L’Egypte est pour moi est un joyeux ensemble de paradoxes. Tout semble désordonné, anarchique, mais au milieu de ce chaos, si on regarde bien, on distingue une certaine organisation, un ordre dans le désordre. Je conduis un scooter ici et, après quelques mois, j’ai compris comment fonctionne le code de la route égyptien.
Le Caire n’est pas une ville facile à y vivre ; pourtant, tous les points négatifs comme la pollution, le bruit, le harcèlement dans la rue, les problèmes politiques, etc. sont contrebalancés par l’aspect humain, et par la bienveillance simple et sincère des Egyptiens.
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