Avec un budget de 70 millions de dollars répartis sur trois ans, l’Egypte a lancé au début du mois de novembre une nouvelle campagne internationale pour la promotion du tourisme égyptien auprès de 27 pays. La France étant l’un des marchés les plus importants de ce secteur, le ministre du Tourisme, Yéhia Rached, s’est rendu à Paris fin septembre avec une délégation de responsables du tourisme, afin de rencontrer leurs partenaires français, qu’ils soient correspondants officiels, tour-opérateurs ou compagnies aériennes.
Avant 2010, l’Egypte accueillait plus de 600 000 Français par an. Selon le ministère du Tourisme, le nombre actuel de touristes français ayant visité l’Egypte entre janvier et août 2016 ne dépasse pas les 68 000. La France, qui était dans le top 5 des pays à visiter l’Egypte, est aujourd’hui reléguée à la 11e place. « En dépit de l’égyptomanie bien connue des Français, le nombre de visiteurs en provenance de l’Hexagone a chuté de plus de 77 % depuis 2010. 136 000 touristes français seulement ont visité l’Egypte en 2015 », explique Mohamad Abdel-Gabbar, vice-président de l’Organisme de promotion touristique (ETA). Il souligne : « Cette baisse n’est pas seulement due aux événements sociaux qui ont touché l’Egypte ces dernières années. Mais elle est aussi le résultat de l’islamophobie qui a envahi la société française depuis les premières attaques terroristes de Paris ». Et d’ajouter : « Il ne faut pas aussi oublier que la crise économique qui frappe la France depuis 2008 a eu un impact sur le tourisme français en général ».

Les touristes français sont bien connus pour leur égyptomanie. (Photo : AP)
D’après lui, la visite du ministre égyptien du Tourisme en France a permis de préparer une campagne de communication ciblée, personnalisée, puisque lors de la visite, le ministre et sa délégation ont pris note des demandes formulées par les professionnels du tourisme français. En plus d’assurer la mise en place des réclamations des partenaires français, cette campagne met en avant les atouts culturels et balnéaires du pays. A noter que lors de la visite du président français, François Hollande, au mois d’avril dernier, les deux pays ont signé une déclaration d’intention, favorisant le flux touristique et l’échange de savoir-faire dans ce domaine.
La sécurité avant tout
Lors de sa visite en France, le ministre égyptien du Tourisme a insisté auprès de ses partenaires français sur les normes de sécurité mises en place dans les différents sites touristiques égyptiens. Ce point semble être la préoccupation première des Français. Le ministre a assuré que le terrorisme était un phénomène mondial qui pouvait frapper partout, et que l’Egypte n’est pas spécialement visée. « L’Egypte est une destination sûre. On peut y voyager. Les mesures de sécurité ont été renforcées. Et aujourd’hui, Charm Al-Cheikh est plus sûre que Cannes ou Nice », a-t-il déclaré aux médias français, rappelant que 32 millions de dollars ont été investis pour renforcer les mesures de sécurité dans les aéroports et les sites touristiques.

Pour sa part, Hicham Al-Demeiry, président de l’Organisme de la promotion touristique, assure que la campagne de communication lancée en France va mettre l’accent sur l’héritage historique de la civilisation pharaonique, les sites classés par l’Unesco, ainsi que l’inauguration du Grand Musée du Caire prévue pour 2018, à proximité des pyramides de Guiza. « Le touriste français est friand de culture égyptienne. Dans le temps, les Français remplissaient plus de 40 % des croisières organisées sur le Nil. Mais depuis 2010, ils séjournent dans d’autres pays », souligne Al-Demeiry. Il ajoute que le tourisme culturel est très important pour l’Egypte à l’heure actuelle, car la Haute-Egypte, région du tourisme culturel par excellence, a beaucoup souffert de la baisse touristique ces dernières années. « La reprise du tourisme dans cette région fera revivre à la fois le patrimoine culturel égyptien, mais aussi toute la population du sud de l’Egypte, pour qui le tourisme est le secteur d’activité principal », assure Al-Demeiry.
Une collaboration à tous les niveaux

(Photo : Reuters)
Riham Wahid, directrice du Bureau de promotion du tourisme égyptien à Paris, assure qu’ils ont lancé une campagne de publicité conjointe avec les tour-opérateurs français intéressés dans le marché égyptien. Cette campagne se compose de grandes affiches publicitaires, d’émissions radio et de publicités sur les sites Internet de voyage, présentant les différentes offres de voyage à destination de l’Egypte. « Tout prochainement, nous allons diffuser un spot télévisuel sur les grandes chaînes françaises », a ajouté Riham Wahid. Il s’agit d’un film publicitaire de 20 minutes, intitulé C’est l’Egypte. « Nous essayons également de collaborer avec les chaînes télévisées de voyage françaises. Ainsi, nous avons obtenu un partenariat avec le célèbre programme culturel français Secrets d’histoire. Une équipe de tournage est venue travailler en Egypte et leur travail a été diffusé sur la chaîne France 2, deux émissions dédiées aux joyaux du patrimoine égyptien », explique la directrice du Bureau de la promotion du tourisme à Paris. Elle ajoute que le bureau organise des soirées égyptiennes dans les villes de province et autour de Paris, et fait des partenariats avec les institutions culturelles intéressées par la culture égyptienne, comme l’Institut du Monde Arabe (IMA). « Nous travaillons notamment en collaboration avec le Musée du Louvre, qui a récemment fait un don pour que le mastaba de Thoutmosis III, exposé dans le musée, soit restauré ».

Louqsor est une destination de prédilection pour les touristes français. (Photo : AFP)
Toujours dans l’objectif de relancer le tourisme égyptien, le ministère du Tourisme accorde beaucoup d’importance au développement des lignes aériennes, aussi bien les vols charters que les vols réguliers, afin de renforcer l’accès des destinations touristiques égyptiennes. Selon le président de l’ETA, des compagnies aériennes comme Transavia veulent reprogrammer des vols directs vers l’Egypte. « De nouvelles liaisons vont bientôt être rouvertes, comme par exemple la ligne Paris-Louqsor », se félicite Adla Ragab, conseillère économique du ministre du Tourisme. Elle rappelle également qu’un système de prime a été mis en place pour encourager les compagnies aériennes à programmer des vols vers l’Egypte. Ainsi, les charters atterrissant dans les aéroports de la mer Rouge reçoivent une prime de 2 000 dollars dès que leur taux de remplissage atteint les 80 %. En Haute-Egypte, la prime qui s’élève à 3 000 dollars est accordée à partir de 55 % de taux de remplissage.
Ces nouvelles stratégies pourraient donc aider l’Egypte à relancer le tourisme sur ses territoires et à attirer de nouveau les touristes français.
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