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Mois de la Francophonie : Un rêve de partage

Mireille Bridi, Mardi, 26 février 2013

A Beyrouth et dans toutes les régions du Liban, du nord au sud, des manifestations hautement culturelles et artistiques célébreront la langue française durant un mois à partir du 1er mars.

MOIS DE LA FRANCOPHONIE
Zad Moultaka

Lecture musicale, expositions, installation, théâtre, Festival international du conte et du monodrame, concert, tels sont grosso modo les grands traits de la troisième édition du mois de la francophonie à Beyrouth.

« Le mois de la francophonie a toujours lieu au mois de mars puisque le 20 mars, c’est la Journée internationale de la francophonie dans le monde entier », affirme Aurélien Lechevallier, directeur de l’Institut Français du Liban (IFL) qui organise ce mois depuis trois ans déjà. « Dans certains pays, on organise seulement des événements autour de cette journée. Parfois, c’est une semaine de la francophonie. Au Liban comme il y a beaucoup d’initiatives culturelles, beaucoup de projets artistiques, nous avons décidé de faire un mois entier de la francophonie pendant le mois de mars », explique-t-il.

Sous le thème « Rêvons la francophonie », l’IFL organise à travers ses 9 implantations à Beyrouth et en province une programmation riche et diversifiée.

« La francophonie est une réalité. Mais elle doit être également un rêve. C’est un rêve de partage pour tous les pays francophones à travers le monde, sur les cinq continents, pour tous les francophones du monde entier, de garder cet espace commun, cet espace linguistique et culturel collectif. C’est aussi un espace de valeurs partagées autour de la liberté, de la démocratie, de la dignité des femmes et des hommes », souligne Lechevallier.

La soirée d’ouverture, le 1er mars à l’espace des lettres de l’IFL à Beyrouth, sera marquée par l’inauguration à la médiathèque de l’IFL de l’exposition de l’artiste Tancrède Perrot, dit Tanc, qui s’est découvert à travers la pratique chronique du graffiti. Son oeuvre est construite sur un travail autour du trait. Tanc compose ses tableaux en superposant des couches qui ne s’obturent pas les unes les autres. Ses peintures sont le résultat d’une longue réflexion sur la couleur et l’illusion optique. Un autre vernissage, à l’ouverture : l’exposition autour des oeuvres de l’artiste Willy Aractingi, né à New York en 1930. Il a vécu en Egypte et à Beyrouth avant de s’installer en France. La peinture est « le plus grand des plaisirs de mon existence », dit-il. Il y consacre tout son temps et tout son talent. Seul peintre à avoir illustré les 244 fables de La Fontaine au terme de sept ans de travail, il exposera dans le hall d’entrée du théâtre Montaigne à l’IFL, « Les Quatorze Fables de La Fontaine ». S’ajoute à cela une installation dans l’espace, le « Manège des Fables ». Elle est l’oeuvre de l’artiste Nicole Bouldoukian. Vingtcinq fables sont sculptées avec des fils de fer autour des fables de La Fontaine.

L’invitée d’honneur, l’actrice française Carole Bouquet, va donner un spectacle de lecture musicale des « Lettres à Génica » à partir d’extraits d’oeuvres d’Antonin Artaud.

Le théâtre sera à l’honneur avec, entre autres, la pièce Les Pâtissières, une comédie noire représentée au théâtre Tournesol, spectacle organisé en partenariat avec l’ambassade de Belgique au Liban. Alors que pour la quatorzième année consécutive, le théâtre Monnot organise, en partenariat avec l’IFL, le Festival international du conte et du monodrame avec une édition spéciale Afrique regroupant cinq conteurs africains. Un conte musical de Zad Moultaka, Tous les hommes dansent, et un concert de Karim Gharbi, lauréat de la Biennale de la chanson française en 2010-2011, seront également au menu.

La clôture du mois sera marquée par une célébration du libre-échange, un hymne à la rencontre, lancé tel un geste vital contre le clivage des genres et des identités humaines. Elle réunira des créateurs, des poètes et des scientifiques dans un théâtre prestigieux honorant la liberté d’expression au sens le plus intransigeant, dans le cadre du Festival « La Voix est libre », une manifestation nouvelle et intéressante.

MOIS DE LA FRANCOPHONIE
Karim Gharbi

Menu aussi riche et varié dans les régions

Loin de la capitale, les activités continuent. A Jounieh, la place sera largement accordée aux rencontres entre un artiste, un livre et un spectateur, aux spectacles pédagogiques et scientifiques sur l’environnement, aux contes, et aux ateliers d’arts plastiques pour les enfants et les adolescents, et ateliers de peinture et de dessin pour les adultes.

Du côté sud, à Saïda, le mois de la francophonie est placé sous le thème de l’écologie. L’exposition « Bienvenue en Libania » est une invitation au voyage en terre connue, avec un regard nouveau, une émotion nouvelle. Un concours de graffiti aura lieu ainsi que des animations organisées par la médiathèque.

Plus au sud, à Nabatiyeh, une grande place est accordée au ciné jeunesse. Une pause cinéma offre Néblina, une expédition vers un monde « hors de notre monde ». Des contes, une exposition « La Forêt, une communauté vivante », un concours de graffiti et des leçons de sagesse africaine accompagneront l’édition dans cette région.

Pour le mois de la francophonie, Tyr se met à l’heure du conte, des ateliers de graffiti, du cinéclub avec « Des Hommes et des dieux » réalisé par Xavier Beauvois, et du ciné Mômes avec « Les Enfants de la pluie », de Philippe Leclerc.

Au Chouf, à Deir Al-Qamar, le mois réserve beaucoup d’activités : une performance à la médiathèque, un atelier théâtre avec Omar Abi Azar, un spectacle détonant plein de rigolades, « Les Amis de la débrouille chez Cousin Crad’Eau » et une programmation « spéciale francophonie » de cinéma itinérant. Au programme, Les Géants de Bouli Lanners, Belgique ; Le Ballon d’or de Cheik Doukouré, Guinée ; et Zaïna, cavalière de l’Atlas, de Bourlem Guerdjou, Algérie. Il y aura aussi la semaine du conte à Deir Al-Qamar, avec le festival du « Petit Hakawati du Chouf ». Une exposition « L’Art de faire des histoires » se tient tout le mois ainsi qu’un spectacle de Rachid Akbal « L’Epopée des trois fils de l’Amelohal Mustapha ».

A Zahlé, c’est le théâtre scolaire qui est à l’honneur. A Tripoli, il y aura l’exposition « Francofaunie », des conférences sur le rôle de la femme en littérature, et les arts de la scène.

Cette troisième édition avec ses activités pluridisciplinaires s’adresse à toute la famille. Un choix délibéré ? « Nous voulons parler à toute la famille parce que le mois de la francophonie est un mois destiné à tous les publics et à toutes les générations. L’objectif est d’organiser une grande fête autour de la langue française, en insistant sur la créativité de l’expression francophone et des moyens artistiques francophones », estime Aurélien Lechevallier.

Sur le plan linguistique, plusieurs activités visent à promouvoir la langue française et mieux la pratiquer dans le quotidien. « De nombreux programmes de formation sont prévus pour modifier la représentation de la langue française qui est souvent perçue comme une langue de culture prestigieuse, une langue de l’élite, et non comme une langue de communication. La langue française est une langue ouverte, qui évolue. Elle n’est pas une langue du passé mais une langue de l’avenir », conclut-il.

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