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Tidiane Dioh : L’avenir de l’audiovisuel francophone doit être une priorité absolue

Lundi, 27 juillet 2015

En marge du Forum mondial de la langue française, les représentants de l’audiovisuel francophone se sont réunis pour la première fois et décidé de coopérer afin de renforcer leur présence sur la scène mondiale. Entretien avec Tidiane Dioh, responsable des programmes médias à l’OIF.

Tidiane Dioh
(Photo : Hicham Mourad)

De notre envoyé spécial à Liège,

Hicham Mourad

Al-Ahram Hebdo : Quel est l’apport de cette première réunion des représentants de l’au­diovisuel francophone ?


Tidiane Dioh : On est parti d’un constat : il y a un nombre de fran­cophones réduit dans le monde. Le deuxième constat est que les médias francophones ne sont pas toujours dotés de moyens suffi­sants et qu’il n’existe pas suffisam­ment de solidarité entre eux, notamment entre ceux du Sud et ceux du Nord. Notre idée était de réunir, pour la première fois, tous les acteurs de l’audiovisuel public francophone. Alors, nous avons réuni le président des instances de régulation audiovisuelle franco­phones, le président de l’Union européenne de régulation, qui réu­nit presque 80 organismes, le secrétaire général du Conseil inter­national de la radio et de la télévi­sion françaises, les directeurs généraux des télévisions française, suisse, belge, TV5 et de l’Afrique subsaharienne francophone et même de l’océan Indien. Notre objectif était d’examiner les moyens pour que l’audiovisuel francophone résiste, non pas d’une position défensive, mais pour qu’il puisse proposer une excellence et un message intéressant au monde. Et pour ce faire, il fallait se réunir, dresser un bilan et jeter des ponts.

— Quelles sont les principales recommandations qui ont été adoptées ?
— La première et principale recommandation qui a été faite à l’OIF par les directeurs de télévi­sions présents était qu’il faut en toute urgence inscrire l’avenir de l’audiovisuel francophone comme priorité absolue. Je porterai ce message aux niveaux les plus éle­vés de l’OIF, notamment à la secré­taire générale, Michaëlle Jean. La deuxième grande recommandation est la volonté des participants de mettre en place un certain nombre de projets concrets, en partenariat, surtout la formation d’un comité dirigé par l’ancien ministre de la Communication de la Côte-d’Ivoire, président de l’instance de régulation audiovisuelle ivoi­rienne, Ibrahim Sy Savané, pour faire des propositions à l’OIF et à tous les acteurs sur la réforme de l’audiovisuel francophone sur les plans institutionnel, des idées et des programmes.

— Qui garantit que ces recom­mandations seront respectées par tous les participants ?
— C’est une feuille de route qui a été décidée en toute liberté par tous les participants, y compris les parti­cipants institutionnels. Elle n’est pas une contrainte pour eux, mais une manière de dire que la situation actuelle rend indispensable de prendre des mesures concrètes, car le destin de l’audiovisuel franco­phone est en quelque sorte lié à celui de la francophonie en général.

— Cette feuille de route vise à garantir un meilleur niveau de professionnalisme et d’excellence de l’audiovisuel public franco­phone. Cet objectif ne risque-t-il pas de se heurter aux pressions politiques des gouvernements, notamment au Sud ?
— Nous n’avons pas parlé de questions politiques en tant que telles, car l’OIF ne se mêle pas de la gestion interne de l’audiovisuel dans les pays francophones. Mais lorsqu’on parle de réforme de l’au­diovisuel, il est évident que cette question paraît en filigrane. Par exemple, la feuille de route recom­mande que les organismes de l’au­diovisuel francophone évoluent dans un environnement juridique stable et prévisible, ce qui veut dire qu’il faut éviter des changements constants dans ces organismes.

— Quelle est la prochaine étape ?
— Nous attendons les proposi­tions du comité de réflexion aux­quelles les acteurs réagiront en fonction de leur programmation, leurs objectifs, leurs moyens et les réalités du moment. Il est probable aussi que ces propositions fassent l’objet d’une réponse appropriée de la part de l’OIF.

— D’où viendra le financement nécessaire à la mise en place de ces propositions ?
— Cette question sera étudiée à la lumière des moyens disponibles. Mais sur ce sujet, il ne faut jamais oublier que l’OIF n’est pas seule, car il y a d’autres bailleurs de fonds publics et privés ainsi que des parte­nariats innovants. Le financement ne se mesure pas aussi en termes uniquement financiers, car il y a l’échange d’expérience et d’exper­tise ainsi que la formation l

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