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Déclencher l’engagement moral

Rasha Hanafy, Mardi, 18 février 2014

Réaliser le développement industriel durable ? C'est une nécessité. Les entreprises et usines sont donc appelées à assumer leur responsabilité. Mais les obstacles sont nombreux.

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Est-ce un message indirect adressé aux entreprises qui négligent l’environnement et les populations en faveur de leurs intérêts financiers ? Possible. Mais la Fédération égyptienne des industries, représentée par le Bureau du respect de l’environnement et du développement durable (BRE), insiste sur l’importance de la responsabilité des entreprises envers l’environnement et la communauté.

C’est en coopération avec des initiatives internationales comme le Pacte mondial des Nations-Unies pour les entreprises et le centre égyptien pour la responsabilité des entreprises, relevant du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), que le BRE a intensifié les efforts ces dernières semaines pour diffuser le concept de la responsabilité des entreprises. « Notre bureau représente le département du développement durable et de l’environnement à la Fédération des industries. Nous travaillons dans différents domaines industriels pour la conformité aux normes de l’environnement, le développement durable, la rationalisation de l’énergie et la promotion de l’industrie nationale tout en renforçant les compétences et les capacités », explique Ahmad Kamal, directeur exécutif du BRE. Et d’ajouter : « Il s’agit pour nous d’encourager l’application durable de la technologie afin de limiter le taux de pollution et diminuer les risques contre l’homme et l’environnement. Le BRE assure une assistance technique aux entreprises en effectuant toutes les évaluations environnementales, ainsi qu’un crédit pour financer les nouveaux équipements, afin de résoudre les problèmes industriels et environnementaux de toutes les entreprises ». Les droits de l’environnement et de la communauté consistent également à s’engager à respecter les droits des ouvriers dans toute entreprise. Travailler dans un lieu où les risques d’être atteint de maladies, d’un handicap, de blessures ou même de perdre la vie sont limités ou n’existent pas. Tel est le slogan du BRE et de la Fédération des industries pour réaliser un développement industriel durable. Plus de cinquante petites et moyennes entreprises coopèrent avec ce bureau. De grandes entreprises aussi, notamment dans le domaine du textile, des produits alimentaires et de la métallurgie. « Nous avions des problèmes avec le taux de pollution des eaux industrielles ainsi que des matières chimiques utilisées dans la production de l’aluminium. Après la coopération avec le BRE, nous avons économisé une importante somme d’argent, la qualité des produits est meilleure et l’environnement de travail est beaucoup plus sûr », assure Mohamad Ghanem, directeur de la société Al-Ahram pour la production d’aluminium, basée à Alexandrie.

La langue des chiffres

Toutefois, la mission n’est pas facile. Pour convaincre les détenteurs de capitaux qu’il existe des droits pour les parties prenantes (ouvriers, environnement et société) à respecter, cela exige de communiquer dans la langue qu’ils comprennent. Celle des chiffres. « Depuis le début de notre travail pour protéger l’environnement et plaider pour le recyclage, la rationalisation de l’eau, de l’énergie et la limitation de la pollution il y a quelques années, je peux assurer que parler des problèmes environnementaux avec les hommes d’affaires n’aboutit pas à grand-chose. Notre dernière expérience avec Carrefour à Alexandrie en est la preuve. Nous venons de signer un accord avec les propriétaires émiratis qui possèdent les branches de cette entreprise. Il s’agit de recycler les eaux de l’utilisation humaine pour être exploitées dans l’irrigation des espaces verts qui entourent l’entreprise. Quand on a traduit les bénéfices en chiffres en montrant que l’entreprise allait économiser 900 000 L.E. par mois juste en recyclant l’eau, l’accord a été signé. Et on a commencé la formation du personnel la semaine dernière », indique Ahmad Moawad, président de l’organisation coopérative Aïn Al-Biea (oeil de l’environnement). Selon lui, le renouvellement du discours de la part des spécialistes de l’environnement est indispensable pour aboutir à la limitation ou l’éradication de la pollution.

Question pas nouvelle

La question de la responsabilité des entreprises n’est pas nouvelle sur le plan international. C’est en 2000 que l’ancien secrétaire général des Nations-Unies, Kofi Anan, a lancé cette initiative. « C’est une initiative volontaire qui englobe des entreprises commerciales et des organisations de la société civile visant à s’engager à respecter dix principes portant sur les droits de l’homme, l’environnement, la société, le travail et la lutte contre la corruption. On peut dire qu’il s’agit d’un engagement moral de la part des entreprises envers la société et l’environnement dans lesquels elles se trouvent. Elles s’y attachent parce que cela améliore la gouvernance de l’entreprise et sa réputation. Et c’est ce qui par la suite mène à la durabilité de ses activités », assure Mohamad Al-Fouli, directeur du Réseau égyptien pour le Pacte mondial des Nations-Unies.

Bien qu’il s’agisse de la Fédération égyptienne des industries et de son BRE, les responsables de ces instances n’ont pas commenté la question des multinationales et des entreprises étrangères qui cherchent à bafouer les droits de la société à un développement durable et sain. Comme si ces entreprises ne connaissaient rien ni de ce pacte, ni d’autres initiatives lancées dans la même optique.

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