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5 grands défis à relever

Névine Kamel et Marwa Hussein, Mardi, 29 décembre 2015

Dans un contexte de régression des investissements étrangers directs et du tourisme, sources essentielles de devises étrangères, les perspectives officielles de croissance économique égyptienne, semblent optimistes. La dette et le déficit sont aussi deux aspects à contrôler.

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L'Egypte parie sur les projets nationaux pour relancer l'économie.

Croissance économique : Un équilibre fragile

Le gouvernement égyptien a révisé à la hausse son objectif de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) pour l’exercice 2015/16, à 5,5 % au lieu de 5 %. Le Fonds Monétaire International (FMI) est moins optimiste que le gouvernement, prévoyant un taux de croissance de 4,3 %. De même, la Banque Mondiale (BM) a prévu en octobre un taux de croissance de 4 % en 2016, alors que le Fonds Monétaire Arabe (FMA) prévoit une croissance de 4,5 %. « Les prévisions de croissance pourront être réalistes, si le gouvernement prend avantage du prêt prévu de la Banque mondiale et les promesses de l’Arabie saoudite d’acheter la dette de l’Egypte », estime Sherif Al-Diwani, ancien directeur exécutif du Centre égyptien pour les études économiques. Cependant, il reconnaît que l’économie égyptienne affronte des défis croissant surtout après le crash de l’avion russe dans le Sinaï fin octobre dernier, et le manque de dollar. « Malheureusement, nous n’avons pas bien saisi l’occasion l’année passée après l’afflux des aides des pays du Golfe. Le gouvernement doit implémenter plus de réforme dont à titre d’exemple la promulgation de la nouvelle loi d’investissement », poursuit Al-Diwani. Le Comité de politique monétaire, de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), a souligné dans un communiqué la semaine dernière que si les investissements dans les grands projets pouvaient soutenir la croissance, les risques de ralentissement et les incertitudes qui entourent l’économie mondiale — en plus de la croissance plus faible des marchés émergents et ses défis face à la zone euro — pourraient affecter à la baisse la croissance locale. Jusqu’à présent, le gouvernement est parvenu à maintenir les principaux indicateurs macroéconomique comme le taux d’inflation et le déficit budgétaire. « Les autorités ont réussi à réduire, de manière significative, le déficit budgétaire sous-jacent malgré une baisse des dons étrangers, grâce à un vaste ensemble de réformes, y compris la baisse des subventions à l’énergie, la maîtrise des salaires dans le budget et l’augmentation des recettes fiscales », a déclaré le FMI en septembre. L’institution internationale garde, quand même, des réserves sur la performance économique du pays. Maseoud Ahmad, directeur du département du Moyen-Orient et de l’Asie centrale au FMI, a souligné lors des rencontres du FMI au Pérou, en octobre dernier, que l’Egypte devait quand même renforcer ses fondamentaux macroéconomiques. « Le déficit budgétaire a baissé un peu, mais est encore assez élevé, par rapport à de nombreux autres pays. La position extérieure est renforcée, mais elle pourrait encore être renforcée pour que l’économie soit plus résiliente. Le niveau de la dette de l’Egypte est élevé par rapport à d’autres pays », a-t-il dit

Marwa Hussein

Investissement : En attendant la loi

L’investissement sera la clé de l’économie égyptienne au cours de la prochaine période. En effet, la relance de la croissance et des exportations, la fourniture de devises étrangères, et le lancement de grands projets dépendent de l’investissement. Le ministre de l’Investissement, Achraf Salman, vise 10 milliards de dollars d’investissements étrangers directs en 2016. Le volume de l’investissement a tourné autour de 4,1 milliards de dollars, au cours des trois dernières années, selon les chiffres du ministère de l’Investissement. « La tâche n’est pas compliquée et le terrain est propice à la réalisation d’un tel objectif », estime le ministre de l’Investissement. Or, il semble que les hommes d’affaires et les investisseurs ne partagent pas cette opinion. « La loi sur l’investissement sera déterminante pour les perspectives de l’Investissement Direct Etranger (IDE). Il faut donc attendre et voir comment sera cette loi. Les autorités égyptiennes ont clairement exprimé, lors de la conférence de Charm Al-Cheikh, en mars dernier, leur volonté de développer le secteur privé qui doit jouer son rôle de pourvoyeur d’emploi », confie à l’Hebdo Moataz Al-Alfi, homme d’affaires et PDG de l’entreprise Americana Egypt. En tant que membre du conseil d’affaires égypto-koweïtien, il ajoute : « les investisseurs étrangers attendent la loi sur l’investissement et le cadre législatif de la zone économique du Canal de Suez. Aucun investisseur n’injectera de l’argent sans un cadre législatif qui protège ses investissements ». Les investisseurs koweitiens attendent cette loi pour pomper quelques 10 milliards de dollars d’investissements sur le marché égyptien. Mais outre la loi, la fourniture de l’énergie et les taux de change du dollar se posent comme deux grands défis à l’investissement en Egypte. Or, comme le note Kurt Furgueson, PDG de Coca-Cola Egypt, le gouvernement a pris de sérieuses mesures à cet égard. L’énergie est fournie aux usines depuis novembre dernier et la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a mis en oeuvre une série de mesures stabilisant le marché au cours du mois dernier. L’Etat doit, à présent, promulguer la loi sur l’investissement, s’il veut relancer ce secteur (voir page 14)

Névine Kamel

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