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Le dégagement de la barque solaire est lancé

Nasma Réda, Mardi, 27 novembre 2012

Les travaux de déblaiement de la deuxième barque solaire de Chéops viennent de commencer. Ils s’avèrent délicats vu l’état des planches de bois, parfois intégralement réduites en poussière et empilées sur 13 couches successives.

ARCHEOLOGIE

« C’était l’un de mes rêves de pouvoir découvrir et de recomposer la deuxième barque solaire et mon rêve est à demi réalisé », se réjouit Sakuji Yoshimura, président de l’Institut japonais des barques solaires (ONG). La dernière phase d’analyses et de comptage des pièces a été finalisée, et il ne reste plus à mettre en oeuvre que le dégagement et la reconstruction finale de la deuxième barque solaire, dite aussi barque funéraire.
Il aura fallu des décennies avant de commencer les travaux de déblaiement de cette barque datant de plus de 4 500 ans. En 1987, une équipe japonaise de l’Université de Waseda utilise un scanner électromagnétique sophistiqué pour confirmer la présence de pièces d’un autre navire en bois dans une deuxième fosse. « Mais on connaissait son existence depuis la découverte de la première barque mise au jour par hasard en 1954 par l’archéologue Kamal Al-Mallakh. Cette première barque trône aujourd’hui dans un musée spécialement construit au pied de la Grande Pyramide », rectifient les experts égyptiens qui travaillent sur le site.
Le pharaon avait en effet besoin de 2 barques pour accomplir son voyage vers l’éternité. Il lui fallait une barque pour le jour et une autre pour la nuit. « Le fait de trouver 2 barques reflète le charme de la mythologie pharaonique. Chez les pharaons tout était en double : le jour et la nuit, l’est et l’ouest, le ciel et la terre. Ce que confirme ce deuxième bateau de Chéops », explique Yoshimura, travaillant en Egypte depuis 1971.
Pratique courante
Selon les experts, chacune des pyramides est entourée de barques enterrées. La découverte, à l’est de la pyramide de Chéops, de 3 fossés sous forme de barque gravés dans les roches confirme cette hypothèse. Ces mêmes fossés ont aussi été trouvés autour de la pyramide de Khéphren.
Pourtant, les barques solaires de la pyramide de Mykérinos n’ont pas encore été découvertes. « D’après les recherches scientifiques effectuées, il sera difficile de trouver d’autres barques », regrette le directeur de la mission. Selon lui, Chéops a bâti ses 2 barques non seulement pour son usage personnel, mais aussi pour que son fils Khéphren et son petit-fils Mykérinos les utilisent dans l’au-delà.
La mission de l’Université de Waseda n’a commencé à concrétiser ses travaux qu’en 2008, après avoir obtenu un permis de déblayage. « On opère sur ce site depuis 1987, mais on était autorisé à faire des recherches et non des fouilles », souligne Yoshimura. Selon l’expert japonais, bien que ces longues années aient été fructueuses, elles sont aussi la cause principale de la détérioration de l’état de plusieurs planches de bois.
Certaines planches ne sont plus que poussière : « On peut cependant les remplacer par d’autres similaires comme ce fut le cas pour la première barque », précise Yoshimura.
1 224 pièces en bois
Les travaux sont particulièrement délicats : près de 1 224 pièces en bois sont entassées dans le fossé formant 13 couches successives de planches. La mission n’a travaillé jusqu’à présent que sur la première couche. « Les analyses de la premières couche de bois dans les laboratoires japonais et égyptiens sont presque les mêmes », se réjouit Mohsen Sayed Ali, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités.
Suite aux recherches entreprises, il s’est avéré que plusieurs types de bois ont été utilisés dans la construction de cette barque, contrairement à la première, construite uniquement en bois de cèdre. « Toutes les 4 couches on refera des analyses », ajoute Yoshimura.
« Afin de protéger la fosse, on a bâti des hangars par-dessus. Mais les récentes analyses au rayon X d’un morceau de bois extrait de la fosse ont montré que la barque continuait à se dégrader », poursuit l’expert. Il est prévu que les travaux sur les 13 couches prennent fin en avril 2013.
Mais les travaux de la mission ne s’arrêteront pas là : le directeur de la mission a pour objectif de transporter les parties de la barque au Grand Musée, dont l’inauguration est prévue en 2015. La reconstruction finale devrait avoir lieu au sein du musée .
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